Le P-dg du Maillot Français interpelle le Comité d’organisation des JO 2024 sur l’insuffisance du "made in France"

S’il se défend de vouloir tirer à boulet rouge sur le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, l’entrepreneur perpignanais Nicolas Gomarir, P-dg de la PME Le Maillot Français, s’insurge contre une situation qui voit confier une grande partie de la production de maillots à des industriels étrangers. Il affirme qu’on aurait pu faire autrement et souligne qu’il n’est peut-être pas trop tard pour infléchir le volume de "made in France" dans la production textile dédiée aux JO.
Cécile Chaigneau
Nicolas Gomarir est le fondateur de la PME LCS Groupe-Le Maillot Français qui a fait le pari de l'industrie textile à la française à Perpignan (38 salariés).
Nicolas Gomarir est le fondateur de la PME LCS Groupe-Le Maillot Français qui a fait le pari de l'industrie textile à la française à Perpignan (38 salariés). (Crédits : Le Maillot Français)

A un an et demi du début des Jeux Olympiques Paris 2024, et alors que le Comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 a lancé la commercialisation de ses premiers produits dérivés, un entrepreneur français met les pieds dans le plat et pose la question : pourquoi confier une grande partie de la production de maillots à des industriels étrangers ?

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Nicolas Gomarir est le fondateur et P-dg de la PME catalane LCS Groupe-Le Maillot Français qui, depuis 2019, a fait le pari de l'industrie textile à la française à Perpignan (Pyrénées-Orientales). L'entreprise emploie 38 salariés, produit entre 2.000 et 2.500 maillots par mois, pour un chiffre d'affaires 2022 de 2,5 millions d'euros. L'entrepreneur aurait bien aimé candidater à l'appel d'offres lancé par le Comité d'organisation des JO pour se voir confier de la production de t‐shirts et/ou de maillots mais dit en avoir été dissuadé.

« L'appel d'offre a été fait sous format de licence, ce qui impose d'avoir un gros réseau de distribution en France et dans le monde, explique-t-il à La Tribune ce 4 janvier. Il n'était donc ouvert qu'aux grands groupes qui ont cette capacité de distribution. Le Maillot Français n'en a pas les moyens ni la capacité... Ce ne sont pas de bons signaux qu'on envoie. Le comité d'organisation des JO aurait pu garder ce format de licence mais imposer de produire un pourcentage de maillots en France. Ce qui aurait permis d'avoir des produits plus vertueux et d'être en cohérence avec les ambitions de réindustrialisation. »

« Plus de place aux marges qu'à la déontologie »

« Sur le site de la boutique en ligne des JO, il n'y a aucun produit français, à part pour la peluche dont une petite partie est produite en France, mais des produits fabriqués au Maroc, en Turquie, et d'autres dont la provenance n'est même pas indiquée », s'agace-t-il.

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Et le dirigeant, dont l'entreprise bénéficie du plan France Relance pour financer une future usine (2 millions d'euros d'investissement, avec une livraison prévue pour le 1e trimestre 2023 décalée au 1e trimestre 2024),  s'interroge : « Pourquoi octroyer des aides financières à des entreprises françaises sans les soutenir lorsqu'un marché aussi énorme que celui des Jeux Olympiques s'ouvre à elles ? ».

Alors que l'évènement a promis « l'excellence environnementale », le dirigeant ne mâche pas ses mots : « Je pense que le montage de l'appel d'offre et le cahier des charges laissent plus de place aux marges qu'à la déontologie ». Il se défend pourtant de vouloir « tirer à boulet rouge » sur qui que ce soit, et parle plutôt d'un discours de sensibilisation : « Oui, il existe des règles dans les appels d'offres qui interdisent de demander du fabriqué en France, mais on peut pondérer les critères pour qu'ils soient plus RSE... Les chefs d'entreprises français doivent être force de proposition et montrer qu'on est capable de produire en France dans un autre modèle. Le comité d'organisation des JO 2024 fait travailler des entreprises étrangères qui vont inonder les revendeurs de produits qui ne seront, pour la plupart, pas tous vendus et dont les invendus finiront à la poubelle. C'est une aberration, alors que nous pouvons fabriquer en France en flux tendu avec une maîtrise des stocks qui permettrait de ne pas avoir de rupture sur les tailles et très peu d'invendus à la fin. Ceci permettant d'éviter le gaspillage et de rééquilibrer la marge... C'est une proposition qu'on peut faire demain pour d'autres événements sportifs par exemple ».

Sensibiliser

En attendant, l'entrepreneur imagine qu'il n'est peut-être pas trop tard : « Tout est bouclé mais il est encore temps de sensibiliser les licenciés ayant remporté les marchés des JO 2024 pour qu'ils confient une partie de leur production à une entreprise française, ne serait-ce qu'un petit pourcentage. Je pense qu'il est possible d'agir rapidement en faisant appel à un consortium d'entreprises françaises à même de produire en quantité suffisante des produits de qualité et 100% made in France ».

Autant d'arguments qu'il pourra développer devant le Comité d'organisation des JO : « Je devrais avoir un rendez-vous à la fin du mois », indique-t-il.

Sollicité par la rédaction, le Comité d'organisation des JO n'avait pas répondu au moment où nous publions cet article.

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Cécile Chaigneau

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