C'est la filiale « reconditionnement de matériel IT » du Crédit Agricole. Ou plus exactement une filiale de Crédit Agricole Leasing & Factoring. L'entreprise Olinn IT, basée à Lunel (Hérault) est passée sous pavillon du groupe bancaire fin 2021. Il y a vingt ans, en 2003, la première entité juridique vendait déjà des PC d'occasion (sous l'enseigne Destock PC), ce qui fait dire aujourd'hui à Jérôme Camilléri, arrivé en 2013 et devenu directeur des centres de reconditionnement d'Olinn, que l'entreprise est une des pionnières du reconditionnement en France, revendiquant « plus de 3 millions de matériels informatiques traités et réemployés depuis sa création ».
« En 2023, Olinn a traité un volume de 300.000 matériels - ordinateurs, smartphones, tablettes, écrans, imprimantes - pour un chiffre d'affaires de 12,5 millions d'euros sur le site de Lunel (Olinn compte également un site à Villeneuve-la Guyard dans l'Yonne, qui propose le reconditionnement de matériels d'infrastructures et réseaux, NDLR), soit une légère régression par rapport à la période post-Covid où nous avons connu une forte croissance car il y avait une demande importante pour équiper les salariés en télétravail, indique Jérôme Camilléri. Notre objectif est de passer à 1 million de matériels reconditionnés par an d'ici trois ans, et de passer de 12% de parts de marché en France à 25% de parts de marché d'ici 2030. »
Le boost de la loi AGEC
32% des entreprises privées et 12% des organismes publics consacrent au moins 20% de leur budget d'achats IT à du matériel reconditionné, selon une étude parue en avril 2023 (*). Une proportion qui devrait augmenter dans les années à venir pour les organismes publics, en raison de la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) qui fixe à 20% de leurs dépenses la part des achats numériques issus de l'économie circulaire pour l'Etat et les collectivités territoriales. Globalement, l'étude estime qu'en France, le reconditionné en entreprises sera un marché de 600 millions d'euros d'ici 2025.
Olinn rachète les matériels à reconditionner « auprès de grandes entreprises partenaires, un quart des 120 plus grandes entreprises françaises qui sont propriétaires de leur parc informatique, mais aussi aux différentes entités du groupe Crédit Agricole », précise Jérôme Camilliéri. 85% de ces matériels sont issus de l'environnement informatique, le reste de la téléphonie.
Sur ce segment de marché, la concurrence s'appelle ATF Gaïa, en Ile-de-France, ou Recyclea à Montluçon, filiale du groupe informatique SCC France. Dans l'Hérault, le groupe Econocom a racheté, en 2022, l'entreprise SOFI Group (Saint-Mathieu-de-Tréviers). Spécialisée dans le reconditionnement de smartphones et tablettes, SOFI Group est devenu Econocom Factory et a élargi son activité de reconditionnement aux ordinateurs, annonçant en 2022 le reconditionnement de 110.000 produits, dont 95% étaient des smartphones.
« SMAAART est un pure-player de la téléphonie mobile, qu'on ne considère pas comme concurrent », souligne Jérôme Camilliéri qui œuvre quasi uniquement sur le marché des entreprises.
« Encore une énorme marge de manœuvre »
L'entreprise revendique « plusieurs milliers de clients professionnels de l'informatique, entreprises privées, établissements publics en France, 85% d'entre eux, et en Belgique, Luxembourg et Suisse ». Il s'agit principalement d'administrations, de collectivités - « par exemple la Métropole de Lyon », cite Jérôme Camilliéri - ou d'ETI françaises, « et 10% de particuliers via des marketplaces ».
« Le marché de l'IT reconditionné est de 0,5% en France, il y a encore une énorme marge de manœuvre, souligne le dirigeant. Aujourd'hui, nous faisons très peu de leasing, mais cela va augmenter car le groupe Crédit Agricole a la volonté d'inclure dans ses offres du financement d'actifs reconditionnés, autant sur les véhicules que sur l'IT. Des offres commerciales vont être lancées en juin... Par ailleurs, le marché va naturellement croître grâce à la loi AGEC, aux entreprises qui augmentent leur part de IT reconditionné et au groupe Crédit Agricole, soit 110.000 salariés, qui veut aussi augmenter cette part. »
Intégration d'Olinn Mobile
Une croissance qui oblige le groupe à travailler sur l'extension de ses locaux : « En vingt ans, nous sommes passés d'un espace de production et de stockage de 150 m2 à 4.000 m2 et aujourd'hui, nos capacités sont saturées, ajoute le dirigeant. Nous sommes sur deux pistes de foncier pour construire un nouveau site de conditionnement, avec l'objectif de le mettre en fonctionnement d'ici quatre ans ».
D'autant qu'Olinn IT vient d'intégrer les activités de la filiale Olinn Mobile, basée jusqu'alors à Montrouge (Ile-de-France) et spécialisée dans le leasing de téléphones et tablettes neufs et reconditionnés pour les entreprises et les administrations (16 millions d'euros de chiffre d'affaires).
« La promesse, c'est qu'à chaque fois qu'on propose du neuf, il y ait une proposition de reconditionné dans l'offre, explique Jérôme Camilliéri. Et si l'entreprise ne prend que du neuf en leasing, on récupère le matériel à l'issue pour le reconditionner. »
La poignée de techniciens de cette filiale n'ont pas suivi, et l'activité se poursuit avec les équipe d'Olinn IT, auxquelles devraient s'ajouter quelques recrutements. Il y a dix ans, le site de Lunel obtenait l'agrément « entreprise adaptée » et il emploie aujourd'hui 90 collaborateurs, dont 65% en situation de handicap.
(*) Enquête sur l'utilisation des produits numériques reconditionnés en entreprise et dans les collectivités, réalisée par le Syndicat interprofessionnel du reconditionnement et de la régénération des matériels informatiques, électroniques et télécoms (en partenariat avec l'Institut du Numérique Responsable, l'association Halte à l'Obsolescence Programmée HOP et la startup Keep).
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