Comment avez-vous organisé la période post-confinement et la reprise progressive de l'activité ?

« Nous nous sommes continuellement adaptés et mobilisés, que ce soit pour la réouverture des plages, des ports, la relance des marchés de plein air... Il fallait absolument retrouver la confiance de l'ensemble de la population. Nous avons enchaîné les réunions pour trouver des solutions, redonner envie d'aller de l'avant, tout en mettant en place les process de protocoles sanitaires. »

Avez-vous chiffré les pertes de recettes liées au Covid-19 ? Quelles mesures avez-vous pris pour accompagner les acteurs économiques ?

« Sur un budget de 20 M€, nous estimons les pertes entre 2 et 2,5 M€. Pour accompagner les commerçants, nous avons proposé une baisse de la tarification de prestation pour les taxes de redevance mais aussi pour les autorisations d'occupations temporaires. Nous avons travaillé avec la trentaine de professionnels de la zone technique portuaire (Didier Codorniou est également premier vice-président de la Région Occitanie et président du Parlement de la mer, NDLR) afin de trouver des solutions pour compenser leurs pertes sèches du printemps. Un plan pêche a également été mis en place afin d'accompagner les pécheurs professionnels - mer ou étang - qui ont ainsi pu percevoir 1 500 € pendant trois mois. Cela concerne une trentaine de familles. »

La saison estivale est lancée. Avez-vous des retours quant aux taux de réservations chez les professionnels du tourisme ?

« Les indicateurs de l'office de tourisme communautaire sont très intéressants car ils ont permis de constater que la consommation est repartie ces dernières semaines, avec des augmentations de l'ordre de 30 % chez certains commerçants, et des week-ends de juin aussi bons qu'au mois d'août. Bien sûr, cela ne rattrapera jamais les semaines de confinement. En revanche, sur la partie réservations, c'est plus compliqué. Les locations saisonnières et les campings (une dizaine au total, NDLR) annoncent une baisse des réservations de 35 % sur le mois de juillet. Mais il semblerait qu'il y ait une reprise progressive des contacts. En outre, la clientèle étrangère - Belge, Anglais, Espagnols - qui représente plus de 20 % de l'activité touristique risque de ne pas être au rendez-vous cette année. Mais elle sera peut-être compensée par une fréquentation locale plus importante. »

Vous êtes président de l'Office de Tourisme communautaire du grand Narbonne. Sur quel axe communiquez-vous ?

« Nous venons de lancer une campagne d'affichage d'un budget de 450 000 € ciblant la région Occitanie mais aussi la Région Rhône-Alpes. Nos maîtres-mots sont nature et authenticité. A Gruissan, village en circulade jouxtant le port de plaisance, la nature est intensément généreuse. Il suffit de grimper sur la tour Barberousse (XIIIe siècle, NDLR) pour découvrir le panorama, avec en toile de fond le Massif de la Clape, site classé à la biodiversité exceptionnelle. Quant aux plages, elles sont immenses et chacune a ses atouts : la plage des Chalets immortalisée par le film de Beineix 37°2, la plage de la Vieille Nouvelle idéale pour les activités de glisse comme le paddle, le kite ou le windsurf, la plage de Mateille et son sable fin, la plage Grazel à l'abri du vent, etc. »

Les événements générant des rassemblements trop importants ont été annulés. De 5 000 habitants à l'année, vous frôlez les 90 000 vacanciers l'été. Comment avez-vous travaillé la programmation événementielle ?

« Nous l'avons remaniée de manière à proposer un été en continu, riche en animations conviviales, festives. Une multitude de rendez-vous ont été mis en place dans chaque entité géographique sur un format itinérance, avec des artistes ou musiciens régionaux. On peut, par exemple, écouter de la poésie dans des endroits insolites ou admirer des œuvres monumentales sur le quai des arts, créé spécifiquement pour l'occasion. Nous avons également programmé des activités sportives en partenariat avec des prestataires locaux. A partir de septembre, les évènements tels que le Salon du bien-être, la fête des vendanges, le Festival photo, etc. seront maintenus. »

Comment appréhendez-vous la saison estivale ?

« Au mois de mai, j'étais encore très pessimiste quant à la relance économique touristique mais les indicateurs me donnent confiance en l'avenir. Si la peur de la pandémie reste encore palpable, nous avons tous besoin de retrouver les fondamentaux. L'été 2020 marquera sans doute un tournant pour le tourisme : celui de la résilience, du changement des habitudes. Le mode slow est enclenché. Je pense que les vacanciers ont envie de vacances au calme, au cœur de grands espaces naturels. Gruissan a plus d'une carte à jouer dans ce domaine. »