Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte : "Un été pour se réinventer"

SERIE « Été 2020, trois maires à la plage » (3/3). Dotée d’un patrimoine architectural exceptionnel, La Grande Motte (34) attire jusqu’à 100 000 vacanciers durant l’été, soit dix fois sa population locale. Pour contrer les pertes dues à la crise sanitaire et séduire les estivants, la station balnéaire met en place de nombreuses initiatives. Entretien avec son maire, Stéphan Rossignol.
Stephan Rossignol, maire de La Grande Motte.
Stephan Rossignol, maire de La Grande Motte. (Crédits : DR)

Le 10 juin dernier, vous aviez déclaré à La Tribune que les pertes engendrées par la crise liée au Covid-19 sur les recettes de la ville s'élevaient à 6 M€. En ce début des vacances d'été, le bilan s'est-il alourdi ?

« Non pour l'heure, le bilan financier tourne toujours autour de 6 M€. Ces pertes sont enregistrées au niveau du casino - taxes sur les jeux estimées à 120 000 € par semaine -, de la taxe de séjour pour 1,2 M€ en 2019 et un prévisionnel de 400 000 € en 2020, des droits de stationnement, des droits de mutation, des équipements sportifs... S'y ajoutent les dépenses liées aux mesures sanitaires. Aussi, le 28 juillet prochain, je présenterai au conseil municipal un budget supplémentaire dans lequel sera revu un certain nombre de postes budgétaires. »

Ces pertes financières vous ont-elles contraint à reporter des opérations ?

« Obligatoirement. Nous avions un vaste projet de home-staging visant à accompagner les propriétaires dans la rénovation de leur logement, et qui sera reporté en 2021. Des travaux d'aménagement d'un nouveau parking à l'entrée de la ville sont eux aussi reportés sur le budget 2021 et nous avons également différé des commandes de matériel comme l'achat de véhicules. Le budget communication a été fortement réduit et l'office de tourisme a dû annuler des programmations majeures telles que le festival hebdomadaire de feu d'artifice, l'accueil du Festival Radio France Montpellier, et bien sûr le Carnaval d'été. Il était impensable d'organiser cette manifestation au budget de 280 000 € car elle attire chaque année près de 50 000 personnes. »

Dès lors, avez-vous travaillé sur une nouvelle programmation d'animations ?

« Pour pallier ce manque de manifestations majeures, il a fallu (ré)inventer un certain nombre d'animations. Pour cela nous nous sommes appuyés sur les six associations de commerçants de quartier. Chacune a été dotée d'une subvention de 5 000 € pour organiser des rendez-vous festifs et conviviaux : un marché artisanal et des mini-concerts dans le quartier du Couchant, des déambulations musicales et des défilés de mode sur les quais du port, un concert lyrique et des brocantes au Ponant, des marchés gourmands de producteurs en centre-ville. Nous avons également conventionné avec des coaches sportifs pour proposer un Pass hebdomadaire de 5 activités sportives à pratiquer en mer, sur la plage ou dans les espaces verts de la station. L'office de tourisme multiplie également la découverte de l'architecture grand-mottoise à vélo, avec des visites guidées sur les voies vertes. Toutes ces activités prennent bien sûr en compte les différents protocoles sanitaires. »

En mai dernier, La Grande Motte avait fait le buzz avec sa "plage organisée" permettant d'accueillir jusqu'à 500 personnes par jour dans des conditions de sécurité sanitaire optimales. Les concessions de plages privées sont-elles désormais toutes opérationnelles ? Ont-elles bénéficié de mesures particulières ?

« Sur les 15 concessions privées, 14 sont ouvertes. Tous les professionnels se sont dotés de moyens importants pour que les estivants puissent bronzer en toute sécurité. Alors que les commerçants sont exonérés des droits de terrasse pour l'année 2020 (mis à part ceux ouverts pendant le confinement qui sont exonérés durant 6 mois, NDLR), nous avons réduit le loyer des plages privées. Cette réduction, équivalente à 15 à 20 % de la redevance, représente pour la commune une perte globale de 700 000 €. »

En juillet-août, La Grande-Motte (9 000 habitants à l'année) accueille habituellement près de 100 000 personnes. Dans cette conjoncture particulière, avez-vous des retours sur les taux de réservation ?

« Entre les hôtels, les campings, les résidences secondaires et les résidences de tourisme, La Grande Motte dispose de 92 000 lits. Depuis début juillet, les campings et les résidences de vacances nous font part de bons taux de réservation. L'Hôtel Mercure a rouvert début juillet ses 95 chambres. La situation est plus préoccupante pour les locations saisonnières. Les agences nous font part d'un manque d'appartements car il semblerait que les propriétaires soient réticents à la location dans ce contexte de Covid-19. D'autre part, de nombreuses résidences ayant fermé leurs piscines en raison de protocoles sanitaires trop contraignants, cela nuit à l'attractivité. En revanche, il se pourrait que les propriétaires préfèrent rester en France cet été et profitent de leur appartement à la mer. Est-ce que cela compensera les locations ? Il est trop tôt pour le dire. »

Dans quel état d'esprit êtes-vous à ce jour ?

« A condition que la pandémie ne reparte pas, je suis plutôt optimiste pour cette saison car une vraie reprise de la consommation se dessine. »

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