Immobilier fractionné : la proptech Bricks obtient un agrément européen et relance la machine

L’activité de Bricks était grippée depuis six mois environ. La startup montpelliéraine spécialisée dans l’immobilier fractionné attendait un sésame européen, l’agrément de prestataire de service de financement participatif (PSFP), pour continuer les collectes auprès des particuliers. L’Autorité des marchés financiers vient d’officialiser son attribution. De 60 millions d’euros d’actifs sous gestion, Bricks espère monter à 100 millions d’ici la fin de l’année, et travaille le marché européen, notamment au Portugal où des opportunités nouvelles sont à suivre.
Cécile Chaigneau
Cédric O'Neill, fondateur et CEO de la startup montpelliéraine Bricks, spécialisée dans l'immobilier fractionné.
Cédric O'Neill, fondateur et CEO de la startup montpelliéraine Bricks, spécialisée dans l'immobilier fractionné. (Crédits : DR)

En avril 2021, Cédric O'Neill créait la startup Bricks.co à Montpellier. Sa plateforme d'investissement en immobilier fractionné permet à des investisseurs d'acquérir des parts dans des biens immobiliers gérés par Bricks à partir de 10 euros. Ils ne sont pas copropriétaires mais disposent d'un droit à percevoir des loyers, au prorata du montant investi.

Deux ans après sa création, le dirigeant de Bricks annonce « 300.000 personnes inscrites et 60 millions d'euros d'actifs sous gestion dans 50 immeubles ».

Mais l'activité de collecte de fonds auprès de particuliers de la startup est à l'arrêt depuis six mois, dans l'attente de se voir attribuer un sésame : l'agrément de prestataire de service de financement participatif (PSFP) européen. C'est son changement de modèle qui l'induit : conformément à une directive de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le contrat de royalties devient un contrat obligataire, sous contrôle de l'AMF.

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« C'est Bricks qui porte le risque »

« Dans les faits, les textes européens en matière de financement participatif ne prévoit pas l'utilisation de royalties, et c'est donc une demande de l'AMF que Bricks ait un statut de plateforme régulée et un statut PSFP, ce qui nous oblige à passer sous un modèle obligataire, par ailleurs déjà connu de certains investisseurs, explique Cédric O'Neill. Le modèle de royalties induisait une rémunération variable et une rentabilité directement liée aux loyers collectés, avec un risque d'impayé ou de vacance locative, alors que le modèle obligataire repose sur des rémunérations fixes et c'est Bricks qui porte le risque. Nous sommes aujourd'hui les premiers sous ce modèle immobilier fractionné à l'échelle européenne... L'AMF nous a accordé cet agrément le 2 mai dernier mais sous conditions : nous devions restructurer juridiquement le groupe en nommer un directeur général pour qu'il y ait deux mandataires dans l'entreprise : il s'agit de Carole Durif, jusqu'alors DRH. »

Si la plateforme n'avait pas fermé mais avait été mise en sommeil, le dirigeant annonce que de nouvelles opportunités sur lesquelles investir vont maintenant être relancées. Et il compte bien désormais élargir son aire de jeu à l'Europe, notamment en ciblant des investissements au Portugal : « Sur les 50 immeubles que nous gérons, aujourd'hui, cinq sont situés au Portugal où nous accélérons car des capitaux extérieurs se sont retirés, ce qui a fait baisser les prix, et il y a donc de belles opportunités sur des immeubles à réhabiliter ».

Son ambition : « 100 millions d'euros d'actifs sous gestion d'ici la fin de l'année 2023 et 200 millions d'euros fin 2024 ».

« Nous achetons moins cher qu'il y a douze mois »

Ce modèle de l'immobilier fractionné peut-il séduire, dans le contexte immobilier actuel où, dans l'immobilier classique, les prêts sont difficiles à obtenir et les prix encore élevés ?

« On voit qu'au-delà de la crise du logement, il y a une crise du financement de l'immobilier, avec une remontée des taux rapide et des banques qui sont attentistes dans l'octroi des crédits, avec un effet ciseaux en raison d'un taux d'usure qui ne remonte pas assez vite, et des vendeurs qui ne sont pas prêts à baisser les prix, confirme Cédric O'Neill. Nous pensons que tout ça va entraîner pas mal de personnes à se diriger vers des plateformes comme la nôtre pour placer leur épargne, d'autant qu'elles peuvent le faire à partir de 10 euros. Par ailleurs, comme il y a une raréfaction des acquéreurs, les vendeurs vont être enclins à accepter des prix à la baisse, donc il y a un positionnement intéressant pour ceux qui auront des liquidités à l'achat comme nous. Nous voyons déjà, lors des négociations, que nous achetons moins cher qu'il y a douze mois. »

Aujourd'hui, le dirigeant indique que « 80% des investisseurs particuliers ont moins de 30 ans et sont de jeunes travailleurs en vue notamment de préparer déjà leur retraite », avec un investissement moyen de 1.500 euros par personne.

Des immeubles commerciaux

Bricks revendique un chiffre d'affaires 2022 de 5 millions d'euros. Elle emploie une quarantaine de salariés. Cédric O'Neill indique que pour le moment, les effectifs sont suffisants, notamment en raison d'une autre évolution dans son modèle.

« Initialement, nous avons commencé avec des biens résidentiels qui demandent beaucoup de gestion mais nous proposons aussi des immeubles commerciaux, voire des bureaux, qui sont des acquisitions plus importantes mais requérant moins de gestion, précise-t-il. Par exemple, nous rachetons les murs d'un Carrefour Market ou d'un Norauto dont les baux commerciaux offrent aux investisseurs une meilleure rentabilité que des résidences logements. Même si le résidentiel est plus intéressant en termes de prise de valeur dans le temps. »

En 2022, la startup avait réalisé une levée de fonds de 20 millions d'euros, finalement limitée à 13 millions d'euros sur demande de l'AMF : « Pour le moment, nous restons en autofinancement, et la question se posera en 2024 pour accélérer, mais aujourd'hui, nous voulons valider la logique internationale afin de justifier l'intérêt d'une autre levée de fonds ».

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Cécile Chaigneau

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