En février 2017, la start-up montpelliéraine IoTerop, spécialisée dans la standardisation et la sécurisation des communications entre objets connectés interopérables et gérables à distance, avait été retenue par EDF lors du concours Pulse Occitanie (appel à projet innovation) pour le prix « Territoire durable ».
Son projet innovant consiste à installer des caméras devant les écrans des automates industriels de la centrale nucléaire de Golfech (82) afin de relever à distance et transmettre en temps réel des données de mesure vers une centrale de gestion afin de faciliter la maintenance et la remontée des anomalies de la centrale.
« La centrale nucléaire de Golfech compte deux unités de 1 300 MW, construites en 1982 et 1984, avec chacune une tour de refroidissement de 178 m. de haut, précise en préambule Hatem Oueslati, le fondateur de IoTerop. Elle fournit le bassin toulousain en électricité, soit 19,2 TW par an. L'objectif du projet est de fournir une plate-forme IoT industrielle pour l'ensemble du site, permettant de récupérer des informations pour aider à l'automatisation des process, à l'optimisation de l'outil et à la maintenance. »
Un POC non intrusif
IoTerop a ainsi développé spécifiquement une caméra intelligente et connectée intégrant sa brique d'interopérabilité IOWA Lightweight M2M pour remonter les données. La start-up s'est associée à Synox, expert montpelliérain dans la captation et le traitement des données, pour concevoir le prototype.
Le principe : « La centrale compte 35 gros automates industriels, construits à l'origine de la centrale, qu'on ne peut pas toucher car cela déqualifierait la sûreté nucléaire, explique Hatem Oueslati. Ce sont de grandes armoires gérant des cartes électroniques et affichant des alertes, de maintenance par exemple, en tout petit sur des écrans cathodiques. Ces informations sont lues, plusieurs fois par jour, par des agents qui notent sur un papier ce qui se passe et rassemblent tout dans un document à destination des automatistes qui analysent ces informations et décident des opérations de maintenance potentielles. Notre projet est donc de déployer un POC (preuve de concept, NDLR) non intrusif : IoTerop fournit la partie embarquée, c'est à dire une caméra intelligente, connectée et sécurisée, qui récupère l'information. Celle-ci est alors cryptée et véhiculée jusqu'à la plate-forme développée par Synox ».
« Notre plate-forme collecte les données, les visualise et lève les alertes pour être réactif en temps réel, ajoute Jérôme Fenwick, CTO de Synox. Ces alertes sont également relayées par sms et email. Les agents pourront même voir l'écran à distance pour éventuellement lever un doute. »
Des caméras de moins de 100 g
Après un an de travail, un prototype était en préparation depuis février 2018. Le POC étant désormais au point, les premières caméras vont maintenant être installées au cœur de la centrale nucléaire.
Les caméras à la fois légères (moins de 100 g) et robustes, seront fixées face à aux écrans cathodiques et enverront des images en temps réel. Synox amène, quant à elle, sa plate-forme de data management SoDATAViz, une interface intelligente de visualisation des données permettant de superviser l'activité des équipements connectés.
« Nous venons de tester le POC sur la "baie école" du site de Golfech et ça marche, déclare Hatem Oueslati. À partir du mois de juillet, nous le mettons en place sur une des deux tranches, sur un ou deux automates. »
À terme, ce sont 35 caméras connectées qui seront déployées sur le site de Golfech, avec l'ambition d'étendre le dispositif à la dizaine de centrales nucléaires équivalentes du groupe EDF. Selon Hatem Oueslati, le projet intéresse d'ores et déjà aussi d'autres métiers de l'énergéticien français.
Le dispositif pourrait également intéresser d'autres cas d'usage, notamment le monde de l'industrie.
« Beaucoup de machines sont anciennes et n'ont pas le potentiel d'être connectées, souligne Jérôme Fenwick. Les industriels pourraient être intéressés par des caméras intelligentes qui collectent des informations. »
Standard de l'IoT
IoTerop, créée en 2016 par trois anciens salariés d'Intel, est incubée au BIC à Montpellier et compte dix salariés. La start-up, qui travaille essentiellement à l'international, notamment avec Acces (Japon), Ericsson (Suède), mais aussi Kerlink en France, participe activement à la définition des standards de l'IoT et siège déjà dans les organismes de standardisation internationaux auprès des grands acteurs industriels.
« Nous préparons une levée de fonds de 1,5 M€ d'ici fin 2018, début 2019, pour accélérer notre croissance, annonce Hatem Oueslati. Nous étofferons alors les équipes commerciales. »
Chez Synox, créée il y a treize ans par Emmanuel Mouton et Jérôme Fenwick, les effectifs passeront de 18 salariés à 20 cet été, pour un chiffre d'affaires d'un peu moins de 2 M€. L'entreprise a pris le virage de l'internet des objets en 2009 et annonce aujourd'hui quelque 60 000 objets connectés, surtout dans la smart industrie, la smart city et smart building, mais aussi les smart transports, via notamment un contrat avec PSA signé en 2017 pour fournir la brique technologique d'analyse comportementale de conduite.
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