Ce qu’il faut retenir de l’Observatoire de la maturité data des entreprises en Occitanie

DOSSIER E-COMMERCE - La data fait encore peur, et figure souvent au rang des sujets qui ne sont pas traités dans une entreprise, malgré tout le potentiel qu’elle recèle. L’acculturation à ces questions est encore faible, notamment dans les TPE et les PME. C’est ce que révèle l’Observatoire de la maturité data des entreprises, piloté par le cabinet montpelliérain Datasulting. Décryptage.
Cécile Chaigneau
Afin de cerner le niveau d'acculturation des entreprises d'Occitanie aux datas et de mieux sensibiliser les dirigeants aux enjeux liés à leur exploitation, Datasulting pilote, depuis 2020, l'Observatoire de la maturité data des entreprises.
Afin de cerner le niveau d'acculturation des entreprises d'Occitanie aux datas et de mieux sensibiliser les dirigeants aux enjeux liés à leur exploitation, Datasulting pilote, depuis 2020, l'Observatoire de la maturité data des entreprises. (Crédits : DR)

La data, cet or noir du XXIe siècle dont tout le monde parle, n'a pas encore été apprivoisée par l'ensemble des entreprises. Dans les TPE et PME notamment, le sujet souffre souvent encore d'une image de complexité qui le tient à distance des priorités des dirigeants. Le nez dans le guidon et bien qu'informés de leur potentiel, ils se demandent souvent comment y accéder et que faire avec ces datas.

C'est pour accompagner ce qu'ils appellent « la maturité data » que Gaël Philippe, Jérôme Hugueny et Yann Finck, les trois associés de Datasulting (basé à Castelnau-le-Lez, aux portes de Montpellier, 20 salariés, 1 million d'euros de chiffre d'affaires 2021, ouverture d'une agence à Paris en 2022), ont développé une offre de services allant du conseil stratégique de valorisation des datas jusqu'à la mise en place de solutions sur mesure et au suivi de performance (business intelligence, data science, scraping, etc.). Leurs cibles : « Essentiellement des PME et des ETI déjà digitalisées et qui veulent tirer profit de leurs données ou lancer de nouveaux services sur la base de leurs datas », indique Gaël Philippe, président de Datasulting.

« Notre positionnement différentiant sur ce marché très concurrentiel, c'est qu'on ne se présente pas sous l'angle "tech", souligne-t-il. On veut aider les entreprises à tirer le meilleur profit des datas, et donc les acculturer. »

Afin de cerner ce niveau d'acculturation aux datas et de mieux sensibiliser les dirigeants d'entreprises aux enjeux liés à leur exploitation, Datasulting pilote, depuis 2020, l'Observatoire de la maturité data des entreprises (avec les sociétés ADELIAA et Flutilliant). Lancée sur le périmètre de l'Occitanie en 2020, le cabinet a étendu cette étude à la région Auvergne-Rhône-Alpes et à l'Ile-de-France en 2021 (soutenu par plusieurs partenaires publics et privés*), avec un panel de plus de 500 TPE, PME et ETI ayant répondu. Avec un premier constat édifiant qui résume bien l'état de l'art : seulement 14% des entreprises ont mis en place des actions de sensibilisation valorisant l'usage des données pour leurs métiers.

Démystifier l'usage des données

L'étude Observatoire de la maturité data des entreprises a travaillé sur cinq axes : potentiel data, stratégie data, gouvernance, compétence et culture data. Comment acculturer les équipes à la data ? Pourquoi créer la fonction de chief data officer et comment peut-il embarquer ses équipes ? Quels enjeux pour les métiers de demain ? Avec son observatoire, Datasulting ouvre le débat.

« Notre objectif, à travers cette étude, est de démystifier l'usage des données en entreprise, d'identifier les freins et le niveau de culture data, indique Gaël Philippe, qui se défend de toute arrière-pensée commerciale, revendiquant une enquête anonyme. L'enquête 2021 s'est déroulée sur une période de quatre mois, du 1er mars au 30 juin 2021, par le biais d'un questionnaire en ligne. Il a permis d'obtenir les réponses de 143 entreprises en Occitanie, environ 500 en comptant l'Ile-de-France et la région Auvergne-Rhône-Alpes. »

En Occitanie, 48% des entreprises ayant répondu sont basées dans l'Hérault, 26% dans la Haute-Garonne, et les trois secteurs d'activité les plus représentés sont les services aux entreprises (34%), les commerces et services aux particuliers (19%) et le numérique (16%). Les TPE-PME sont dominantes, puisque 59% des répondants ont moins de 10 salariés, 22% de 10 à 50, et 54% ont un chiffre d'affaires inférieur à 1 million d'euros.

52% ont un très faible niveau de connaissances

Sur l'échelle de la maturité data, il n'existe pas d'entreprise qui ne soit pas digitalisée, mais il n'en existe non plus aucune qui soit "full data driven". Seules 1% d'entre elles sont "management orienté data », et 7% en "pilotage prédictif", contre 37% en "pilotage classique" et 26% en "pilotage évolué".

L'étude révèle plusieurs grandes tendances en Occitanie : 59% des entreprises ont un historique de données de plus de trois ans, 84% estiment que l'exploitation de la donnée peut améliorer leur performance. Mais seulement 7% des répondants affirment avoir intégré la data dans toutes leurs réflexions et structuré la culture data en interne.

Moins d'un décideur sur deux (43%) affirme connaître le sujet de la data (big data, intelligence artificielle, business intelligence/décisionnel, etc.) et savoir en parler, et 52% estiment avoir un très faible le niveau de connaissance des possibilités offertes par l'exploitation de leurs données (et 55% jugent que leurs employés ont ce même faible niveau de connaissance). Mais seulement 14% ont mis en place des actions de sensibilisation valorisant l'usage des données pour leurs métiers, et 14% ont formé leurs collaborateurs autour des usages et/ou des outils en lien avec les données. 31% des entreprises répondantes n'ont pas clairement affecté la responsabilité des projets data à une personne.

Parmi les freins évoqués : 47% le manque de temps, 41% le manque de connaissances et compétences, 32% le manque de budget, 24% l'absence d'outils adaptés et la difficulté d'accès aux données, 18% le problème de qualité des données ou 16% le faible volume de données à exploiter.

« En Occitanie, il y a des secteurs plutôt sensibilisés, comme le numérique évidemment, et d'autres laissés de côté comme le BTP, mais il y a peu d'écart d'une région à l'autre, la seule différence étant liée à la taille de l'entreprise : plus elle est grande, plus elle est capable de s'équiper et de travailler ses datas », souligne Gaël Philippe.

Une personne dédiée, garante des datas

« Il existe donc une marge de manœuvre importante, analyse-t-il. Les entreprises croient souvent que c'est un sujet technique et on entend encore beaucoup "la data, ce n'est pas pour nous" ou que le dirigeant n'a pas de temps à y consacrer car il est dans l'opérationnel, celui qui va générer du chiffre d'affaires. Les dirigeants comprennent l'intérêt de la data mais c'est l'effort à faire qui pose problème... Le premier sujet, c'est d'embarquer les équipes, de se poser les bonnes questions. L'un des gros écueils est la qualité des données. Il faut dédier quelqu'un dans l'entreprise qui soit garant des datas. Quant à l'argument "pas de compétences, pas de temps, pas d'outil", nous répondons souvent qu'il n'y a pas besoin de mettre des millions sur la table pour commencer à exploiter efficacement ses datas, c'est souvent une question de méthode. »

Parce qu'un déficit de culture data peut avoir un impact sur les décisions et la mise en œuvre de certains projets, voire ralentir la performance de l'entreprise, Datasulting invoque l'effort d'acculturation à la data, tant pour les décideurs qui définissent la stratégie de l'entreprise que pour les collaborateurs, afin d'éradiquer les résistances, les mauvais usages des outils, ou les problèmes de qualité des données.

« L'enquête permet aussi à ceux qui répondent de s'autoévaluer et d'avoir des recommandations, et nous avons laissé le questionnaire en ligne sur la plateforme pour quiconque voudrait s'évaluer, précise Gaël Philippe, qui veut agiter le chiffon rouge sur ce sujet. Chez Datasulting, nous cherchons à rendre les entreprises autonomes, donc la formation est essentielle... En juin, nous allons publier un Livre blanc des métiers de la data avec Digital 113 car il y a aussi la question de comment on forme les jeunes en amont dans les écoles, et comment on se forme en interne. »

* Les soutiens : la Cité de l'économie et des métiers de demain, Digital 113, Occitanie Data, l'Idate, la Mêlée numérique, Leader Occitanie, TBS Alumni, le Medef Hérault Montpellier, Montpellier Business School, et la Région Occitanie.

Cécile Chaigneau

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