En 2018, la chaîne de supermarchés discounts Lidl renonçait à son projet SAP censé remplacer son ERP AS/400 vieux de trente ans. L'initiative aura coûté au groupe 500 millions d'euros et impliqué, en vain, quelque 1.000 personnes ! Un échec retentissant qui n'est pas un cas isolé.
Appelé désormais IBM i, le serveur AS/400, lancé en 1988 est loin d'avoir dit son dernier mot : il continue d'être utilisé par des milliers d'entreprises, notamment des banques, des hôpitaux, des fabricants ou même des agences gouvernementales. D'après Dominique Gayte, fondateur de la startup Gayte.it en Lozère, ce serait l'un des serveurs les plus puissants et les plus modernes du marché : « C'est aussi l'un des plus fiables mais il est encore souvent utilisé comme un système du siècle dernier, ce qui fait dire à ses détracteurs que c'est un minitel ! ».
Haro sur les hackers
Le nombre de serveurs IBM i est estimé à 8.000 en France et 50.000 dans le monde mais la vraie problématique réside dans les applications métiers, hébergées sur ces serveurs, qui datent, ne correspondent plus aux demandes actuelles des utilisateurs, et sont la plupart du temps mal protégées.
« C'est comme si vous aviez une banque suisse avec les portes ouvertes », compare Dominique Gayte.
Face à ce constat, l'expert en AS/400 - il a animé les premières formations IBM en 1990 et vient de se voir distinguer IBM Champion 2023 - a créé en 2022 sa startup (six salariés), hébergée à la pépinière PoLen à Mende. Après l'édition d'un premier logiciel permettant de configurer plusieurs partitions en Single Sign-on (SSO, afin que l'utilisateur n'ait plus qu'une seule authentification à faire au lieu d'utiliser de multiples identifiants et mots de passe pour accéder à plusieurs applications), Gayte.it a édité STR-ICT, logiciel évaluant et détectant tous les risques de sécurité.
« Dès sa première installation, le logiciel, placé en POC chez un client coté en bourse, a montré son intérêt et sa pertinence en détectant non seulement une attaque sur l'IBM i mais sur la totalité du réseau », raconte Dominique Gayte.
Lauréat d'une bourse French Tech de Bpifrance (20.000 euros), le projet s'est également vu octroyer une aide à l'innovation du programme France 2030 régionalisé (90.000 euros).
1 million d'euros d'ici 2025
Deux semaines avant la sortie du logiciel, la startup a déjà commercialisé une dizaine de licences (prix indexé sur le nombre de partitions). Selon l'entreprise et son environnement, le tarif moyen avoisine 15.000 euros pour une TPE et 50.000 euros pour une PME.
Avec son logiciel conçu pour supporter toutes les langues et qui devrait intégrer de l'IA dès la fin de l'année, Dominique Gayte veut, dans un premier temps s'attaquer au marché Europe du Sud, via un réseau de distributeurs. Avec l'ambition sous-jacente de capter par la suite 1% du marché global des IBM i.
Poursuivant en parallèle ses activités d'audit, de formations et d'accompagnement sur ses domaines de compétences, la startup lozérienne table sur un million d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2025.
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