Les Fêtes de l’ours toquent à la porte de l’Unesco

Les Fêtes de l’ours du Haut-Vallespir (66) viennent de franchir une étape décisive dans leur démarche d’inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, comme l'ont annoncé, vendredi 19 janvier devant la presse, les trois maires des municipalités de Prats de Mollo-la-Preste, Saint-Laurent-de-Cerdans et Arles-sur-Tech.

Il n'en subsiste plus que trois sur le territoire restreint du Haut-Vallespir, alors que le XIXe siècle en comptait dans tous les villages formant la ceinture du Canigou. Trois Fêtes de l'ours, célébrées à des dates différentes et selon des rituels spécifiques à Prats de Mollo-la-Preste, Saint-Laurent-de-Cerdans et Arles-sur-Tech, drainant chaque année 10 000 personnes.

« Il faut se féliciter qu'elles se soient maintenues ici, dans ce lieu conservatoire reconnu pour le maintien de ses traditions », insistait vendredi 19 janvier le maire d'Arles-sur-Tech, René Bantoure, lors de la conférence de presse officialisant l'inscription, le 17 décembre 2014 par le comité du patrimoine culturel immatériel, des « fêtes de l'Ours du Haut-Vallespir » à l'inventaire national de la France.

« Le dossier est à présent au ministère, c'est le marche pied final pour candidater à l'Unesco », ont reconnu à cette occasion les trois maires des communes organisatrices Antoine André (Arles-sur-Tech), Claude Ferrer (Prats de Mollo-la-Preste) et Louis Caseilles (Saint-Laurent-de-Cerdans), engagés depuis un an dans cette démarche commune d'inscription à l'Unesco.

« Et maintenant vogue la galère, on s'attaque au national pour parvenir dans quatre ou six ans au terme du parcours », se félicitait René Batoure. Prochaine étape, jugée « plus longue et plus difficile, sachant que le ministère de la Culture ne peut proposer qu'un projet par an », relativisait Antoine André, président du Pays Méditerranée, maître d'œuvre de ce dossier.

Débats d'experts

Car si le « caractère universel et extrêmement vivant » des Fêtes de l'ours du Haut-Vallespir ne fait aucun doute chez les porteurs du projet, « il y aura à trancher quelques débats d'experts, les ethnologues n'étant pas tous d'accord sur les spécificités de chacune des fêtes, dont certaines sont pacifiques et d'autres plus guerrières », a reconnu Antoine André. Seul tronc commun à ces traditions issues d'anciens rituels de retour de chasse, leur caractère cathartique : « l'homme hybride ours descend de la zone sauvage pour venir restructurer le village, explique Robert Bosch, spécialiste de la question et auteur du livre « Fêtes de l'ours en Vallespir » (2013). Pour cela, il poursuit les jeunes femmes pour les féconder, venant régénérer le village qui sans lui aurait périclité dans l'endogamie. Une fois cette fonction accomplie, digne d'une promotion, il est rasé, dépouillé de ses attributs sauvages pour devenir humain. ».

De l'érotique sauvage, en quelque sorte, pour ces fêtes qui entendent aussi éviter l'amalgame avec la réintroduction des ours dans les Pyrénées, les derniers plantigrades ayant été abattus en 1870 sur le Canigou.

Une seule certitude, c'est l'unité du territoire du Haut-Vallespir qui est porté à l'Unesco, sans pour autant basculer dans la confusion : chaque ours (car ils sont tous différents) demeurera la « star » de sa fête.

Cette année les Fêtes de l'ours débutent le 1er février à Arles-sur-Tech, puis le 8 février à Prats-de-Mollo-La-Preste et enfin le 15 février à Saint-Laurent-de-Cerdans.

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