L’Institut Mines-Télécom s’implante à Montpellier : « Relever le défi des transitions plurielles » (Françoise Prêteux)

ENTRETIEN - Le 2 mars dernier, l’Institut Mines-Télécom et la Métropole de Montpellier annonçaient le partenariat noué entre eux pour l’ouverture, en 2023, d’un centre dédié, baptisé "Transition & Executive Education Center" (TExEd) à Montpellier afin d'accélérer la transition des entreprises du territoire. Françoise Prêteux, directrice déléguée à la recherche et au développement économique de l’Institut Mines-Télécom, détaille pour La Tribune les enjeux et les modalités de ce partenariat inédit entre le groupe de grandes écoles d’ingénieurs et de management et une collectivité.
Cécile Chaigneau
Françoise Prêteux, directrice déléguée à la recherche et au développement économique de l’Institut Mines-Télécom.
Françoise Prêteux, directrice déléguée à la recherche et au développement économique de l’Institut Mines-Télécom. (Crédits : Institut Mines-Télécom)

L'Institut Mines-Télécom, premier groupe public de Grandes écoles d'ingénieurs et de management en France (voir encadré), s'implante à Montpellier dans le cadre d'un partenariat avec Montpellier Méditerranée Métropole et sa future agence de développement économique. L'annonce a été faite le 2 mars dernier, le président de la Métropole, Michaël Delafosse, soulignant que « l'arrivée sur notre territoire de l'Institut Mines-Télécom est une véritable opportunité pour développer le rayonnement de la Métropole et accompagner les entreprises dans leur transformation sociétale. Adossée à l'Agence de développement qui verra le jour cet été, l'Institut Mines-Télécom est un nouvel atout fort pour notre attractivité ».

LA TRIBUNE - L'institut Mines-Télécom vient d'annoncer l'ouverture d'une antenne à Montpellier courant 2023. De quoi s'agit-il ?

Françoise PRÊTEUX, directrice déléguée à la recherche et au développement économique de l'Institut Mines-Télécom - Avec l'implantation du TExEd, le Transition & Executive Education Center, il s'agit de relever le défi des transitions plurielles : technologiques, numériques et industrielles, qui sont une priorité stratégique de l'Institut Mines-Télécom. Nous voulons être un acteur des politiques publiques régionales et soutenir le développement économique des territoires. Au travers de ce partenariat, nous voulons développer une offre de formation professionnelle et tout au long de la vie des entreprises et ainsi, accélérer la montée en compétences des dirigeants et de leurs salariés, en complémentarité avec les acteurs du territoire. L'Institut Mines-Télécom veut apporter, dans ce territoire, les compétences plurielles de ses écoles, au-delà de la seule école du groupe implantée à proximité du territoire, l'IMT d'Alès (Gard, NDLR). Ce dernier aura d'ailleurs un rôle très fort au seine du TExEd en raison de ses domaines de compétences correspondant aux besoins du territoire.

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Quand cette structure sera-t-elle opérationnelle ?

L'implantation se fera en deux temps : en 2023, l'Institut Mines-Télécom installera le TEdEx à Montpellier, dans les locaux de l'incubateur Cap Omega (au Millénaire, l'incubateur déménageant à terme dans la Halle de l'Innovation à Cambacérès, NDLR). Nous démarrerons les premières sessions en septembre 2023. Dans un deuxième temps, à partir de 2025, le TExEd développera des activités de formation, et en particulier de mastères spécialisés (Bac+6, NDLR). Il est prématuré de définir les contours exacts des programmes de formation mais on peut dire que ce seront des mastères pour rester au plus près des besoins des entreprises du territoire. Il pourrait y avoir des éléments de formations initiales... Il n'y aura pas de redondance : l'Institut Mines-Télécom a une dimension nationale et régionale grâce à l'ancrage territorial de ses écoles en régions, dont deux en Occitanie, qui sont en complémentarité. Notre volonté est d'apporter à Montpellier l'effet de groupe.

Le TEdEx proposera aux entreprises différents packages d'accompagnement : comment se traduira cette offre précisément, quelle forme prendra-t-elle ?

Il ne faut se priver d'aucun instrument ni d'aucun dispositif qui permette de répondre aux besoins des entreprises. Ce qui va nous gouverner, c'est d'être à leur écoute, en collaboration avec la future agence de développement économique de la Métropole de Montpellier. Nous avons construit une offre capable de couvrir les différentes étapes de maturité et de croissance des entreprises, avec des dispositifs qui seront adaptés à ces différents degrés, et nous voulons aider les entreprises à prendre conscience des différents enjeux des transitions. Cela pourra se traduire par des rencontres thématiques, des webinaires, des sessions sur des thématiques identifiées, ou par des missions spécifiques ponctuelles sur des expertises données. Nous construirons les programmes en fonction des besoins exprimés. L'Institut Mines-Télécom est doublement labellisé Carnot, ce qui signifie qu'il a toujours mis au cœur de sa stratégie des partenariats directs avec les entreprises pour apporter des éléments de réponse concrets. Nous mobiliserons les profils appropriés : des experts, des enseignants-chercheurs, ou pourquoi pas nos élèves, ce qui leur permettra de s'acculturer aux besoins des entreprises. Pourquoi pas également des acteurs du territoire. Car nous allons renforcer nos liens avec les entreprises régionales mais aussi avec la recherche. L'objectif étant de casser le gap qui existe entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise.

L'implantation du TExEd à Montpellier, via un partenariat avec une collectivité, est-elle une première initiative du genre ?

Oui, le bassin de vie de Montpellier sera le premier territoire à déployer ce type de partenariat. C'est la rencontre originale, pertinente et à impact entre l'Institut Mines-Télécom et une métropole qui conjugue une politique de développement au cœur des enjeux des transitons plurielles avec une dynamique d'innovation. Car l'Institut Mines-Télécom a une réelle capacité à traiter ces enjeux de manière interdisciplinaire, en produisant des connaissances opérationnelles utiles aux écosystèmes. L'autre élément qui nourrit ce caractère pionnier, c'est que nous allons concrétiser, avec cette expérience opérationnelle, l'effet levier de l'Institut Mines-Télécom en proposant une offre coordonnées d'expertises, de compétences, de solutions, de plateformes sur les domaines qui sous-tendent les transitions. Nous nous intéressons aux différents aspects de l'industrie responsable - et il faut que l'innovation soit porteuse de ces préoccupations -, aux enjeux d'énergie, d'économie circulaire, de bien-être et de santé des citoyens. Nous sommes capables d'apporter cette hybridation.

D'autres centres identiques pourraient-ils être créés ailleurs ?

Nous avons une démarche pragmatique : nous nous sommes fixés trois ans pour tirer un bilan et s'il est positif, nous pourrons démultiplier ce type de partenariat.

Quel investissement cela représente-t-il pour l'Institut Mines-Télécom ?

Le TEdEx sera implanté au sein de la future agence de développement économique de la Métropole. Il apportera les forces vives des 1.200 enseignants-chercheurs du groupe, que nous mobiliserons en fonction des besoins. Nos écoles sont déjà mobilisées, en premier lieu l'IMT d'Alès et l'IMT-BS, et d'autres entreront dans le périmètre des contributeurs en fonction des besoins. Le pilotage sera assuré par un binôme constitué de la directrice du TEdEx sur place (son nom n'est pas communiqué, NDLR) et la direction de coordination de l'Institut Mines Telecom.

Quels sont les bénéfices attendus de l'ouverture de cette antenne montpelliéraine par l'Institut Mines-Télécom ?

Apporter des solutions à un territoire nous permet de mesurer que nous avons un impact sur l'accompagnement des entreprises. Or notre ministère de tutelle nous demande d'évaluer nos performances... 40 % des ressources de l'Institut Mines-Télécom sont en fonds propres. Les services proposés reposeront sur un modèle économique ajusté aux moyens des entreprises et en fonction de l'ampleur et de la technicité du dispositif mis en place. Toutefois, à mon sens, le bénéfice le plus important pour l'Institut Mines-Télécom est bien l'impact qu'il aura en termes de leardership accru en tant qu'acteur du développement économique. C'est une mission à part entière de l'Institut Mines-Télécom.

10 écoles, 2.850 personnels d'enseignement-recherche

L'Institut Mines-Télécom est le premier groupe public de Grandes écoles d'ingénieurs et de management de France, placé sous la tutelle du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Établissement public d'enseignement supérieur et de recherche, il est constitué de 8 grandes écoles (IMT Atlantique, IMT Mines Albi, IMT Mines Alès, IMT Nord Europe, Institut Mines-Télécom Business School, Mines Saint-Étienne, Télécom Paris et Télécom SudParis) et de deux écoles filiales (EURECOM et InSIC). Il compte plus de 2.850 personnels d'enseignement-recherche et annonce plus de 7.000 partenariats avec des entreprises.
Il accueille plus de 13.000 élèves et 4.500 sortent diplômés chaque année.

Cécile Chaigneau

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