Frédéric Thiriez, candidat à la présidence de la FFF : « Il faut d’urgence 40 M€ pour aider le football amateur »

INTERVIEW. L’ancien président de la Ligue de Football Professionnelle (2002-2016) Frédéric Thiriez est candidat à la présidence de la Fédération française de football* face au sortant Noël Le Graët et le Gardois Michel Moulin. De passage dans l’Hérault (la région Occitanie compte 160.000 licenciés), il explique à La Tribune, son plan de sauvetage pour le football amateur.
Frédéric Thiriez, candidat à la présidence de la Fédération française de football.
Frédéric Thiriez, candidat à la présidence de la Fédération française de football. (Crédits : DR)

La Tribune - Avec la défection du diffuseur Médiapro, le football amateur est également touché par la baisse des droits télé dont il touche un pourcentage. Comment pallier cette crise accentuée par une chute du nombre de licenciés en raison de la pandémie de Covid-19 ?

Frédéric Thiriez - Je dirai tout d'abord qu'il faut arrêter d'opposer le football amateur et le football professionnel. Ils sont interdépendants. Je ne porterai pas de jugement sur la façon dont les choses ont été gérées après mon départ (en 2016, ndlr) mais, dans les semaines à venir, la crise des droits télé risque d'illustrer peut-être cruellement cette interdépendance car on ne sait pas le niveau auquel vont se situer ces droits. Je rappelle qu'ils contribuent pour 2% de leur montant, soit 20 millions d'euros par an, au financement du football amateur, auxquels s'ajoutent 50 millions d'euros de la taxe Buffet (5%, ndlr) pour l'ensemble des sports. Une baisse sensible des droits télé et c'est le foot amateur qui en prend plein la figure !

Que proposez-vous ?

D'abord, je signale que le football amateur était en difficulté avant cette crise et la pandémie de Covid-19 car la FFF ne s'occupe aujourd'hui que de ce qui brille : l'équipe de France et les championnats professionnels. Il est indispensable pour la FFF de demander un Prêt Garanti par l'État de 40 à 60 millions d'euros, qui doit exclusivement être fléché vers les clubs. Je ne comprends pas que la FFF, contrairement à la Fédération de Tennis par exemple, ne l'ait pas déjà fait.

Comment l'argent doit-il être réparti ?

Dans l'urgence, cette somme doit être réparties entre les treize ligues régionales de l'Hexagone et les cinq ligues d'Outre-Mer. Ce sont elles qui devront ensuite distribuer cette aide. Le terrain doit décider. Ça ne doit pas se faire depuis Paris. De ma rencontre avec les clubs au cours de cette campagne, je constate que ce ne sont pas forcément les clubs ayant le plus de licenciés qui en ont besoin mais des clubs de quartier ou situés en milieu rural. C'est ceux-là qu'il faut aider en priorité, comme la D2 Futsal, la D2 féminine et les championnats nationaux.

Et à plus long terme ?

Il faut permettre, notamment aux filles, de créer des équipes de 5 ou 8 avec des terrains adaptés. Cela fera remonter le nombre de licenciés (les licences contribuent en moyenne à 42% des finances des clubs amateurs, selon le Centre de droit et d'économie du Sport, ndlr). Dans les années 1070, le gouvernement avait été créé un programme baptisé "1.000 piscines" pour que les enfants apprennent à nager. C'est ambitieux, mais je pense qu'il faut 1.000 nouveaux terrains de football pour la France. Le coût d'un terrain synthétique est de 750.000 euros. Avec un appel d'offres européen, on pourrait faire tomber ce prix pour injecter 400 millions d'euros dans l'économie avec la construction d'équipements de proximité... Sur un plan de relance gouvernemental de 100 milliards d'euros, ça parait raisonnable.

Dans la région, vous traînez un passif qui peut vous coûter des voix. En 2014, vous présidiez la LFP quand celle-ci a refusé à Luzenac (Ariège) une montée en Ligue 2 acquise sur le terrain. Il vous sera difficile de vous défaire de cette image de défenseur des gros contre les petits...

Je suis parfaitement à l'aise sur ce dossier. Je comprends que cela soit douloureux pour les joueurs et les supporters. Mais le Conseil d'État a récemment donné raison à la Ligue. Les journalistes me disent qu'il n'y a pas que le juridique mais aussi l'esprit sportif. Cependant, un championnat est régi par des règles. L'équité sportive suppose le respect de ces règles. Il aurait fallu qu'on déroge à la règle parce que Fabien Barthez était présent (le champion du Monde 1998 était DG du club ariégeois, ndlr) ? Ce n'est pas le genre de le maison. Je suis le premier à admettre que j'ai pu commettre des erreurs en tant que président de la Ligue mais le dossier Luzenac n'est sûrement pas une erreur.

*216 grands électeurs voteront pour la présidence de la FFF le 13 mars 2021. Les présidents de Ligue, de districts et les représentants des clubs professionnels composent ce collège.

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