Une (ancienne) nouvelle liaison avec le Maroc à Port-Vendres

La crise du transport routier rend le recours à la voie maritime plus intéressant. Port-Vendres en profite et relance une liaison saisonnière avec le Maroc pour faire transiter des fruits et légumes. Le port espère également la construction d’un troisième quai, qui lui permettrait d’augmenter son trafic de 30 à 40%.
Au cours de son dernier exercice, Port-Vendres a vu transiter 252.000 tonnes de marchandises importées et 51.000 tonnes exportées.
Au cours de son dernier exercice, Port-Vendres a vu transiter 252.000 tonnes de marchandises importées et 51.000 tonnes exportées. (Crédits : Yann Kerveno)

Pour un retour, c'est un retour. En accostant lundi après-midi 14 novembre pour décharger 2.000 tonnes de fruits et légumes, le navire de la CMA-CGM a rompu une longue disette.

« C'est une liaison saisonnière avec le Maroc qui permet de faire transiter des fruits et des légumes, principalement des tomates et des mandarines » explique Cyril Hervieu, directeur du port de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales).

Si elle existe depuis longtemps, elle n'est pas pour autant annuelle et n'avait plus été activée depuis une quinzaine d'années.

« Son existence est assez tributaire du marché du transport routier, ajoute Cyril Hervieu. Si celui-ci est bon marché, que les chauffeurs sont présents, le bateau perd de son intérêt pour les importateurs, principalement pour des questions de fiabilité et d'horaires. Un transport par bateau est plus aléatoire que le routier. »

Agrandir le port

Qu'attendre de ce renouveau en termes de trafic ? Selon le dirigeant, « c'est difficile à dire et nous ferons les comptes à la fin. C'est un marché très aléatoire, mais si nous restons sur cette base de 2.000 tonnes, sur 25 semaines de campagne, cela peut représenter entre 10 et 20% de notre trafic annuel ».

Au cours de son dernier exercice, Port-Vendres a vu transiter 252.000 tonnes de marchandises importées et 51.000 tonnes exportées.

« C'est une année qui se classe au troisième rang de notre palmarès, et avec le retour de cette liaison régulière nous pouvons espérer terminer sur un tonnage qui nous rapproche de nos meilleures performances, peut-être même atteindre la deuxième année historique. »

De quoi plaider, comme le fait Laurent Gauze, le président de la CCI des Pyrénées-Orientales, pour l'agrandissement du port.

« Cette année, nous avons dû refuser un opérateur et son trafic, faute de place, indique d'ailleurs Cyril Hervieu.

Le Département des Pyrénées-Orientales, maître d'ouvrage, espère pouvoir commencer les travaux d'un nouveau quai de 170 mètres pour améliorer les installations du port, « mais il faut aussi les 12.000 m2 de l'anse des Tamarins pour que nous puissions travailler dans de bonnes conditions » souligne le directeur du port.

« Le port aujourd'hui, c'est 200 emplois directs, 200 emplois indirects et 200 autres induits, et on peut espérer, avec ce quai et la surface supplémentaire, développer notre trafic de 30 à 40%, ajoute-t-il. Ce sont encore des dizaines d'emplois à créer. Dans le département des Pyrénées-Orientales, ce n'est pas anodin ! »

42,3 millions d'euros

L'affaire n'est pas pour autant du goût d'une partie des habitants qui contestent, point par point, les arguments avancés par la direction du port, de la Chambre de commerce et d'Industrie ou encore du Département.

Ils craignent également pour les vestiges historiques qui peuplent le port alors que le ministère de la Culture estime que les deux fouilles des années 1990 et 2000 ont été suffisantes. Les opposants à l'agrandissement du port ont manifesté début octobre.

L'ensemble du projet porté par le Département a été budgété à hauteur de 42,3 millions d'euros, dont 30 millions d'euros pour le fameux quai, avec des travaux prévus pour débuter l'année prochaine et une entrée en service fin 2024.

« Le port est utile au territoire, il est utile à la plateforme Saint-Charles de Perpignan (centre européen de commercialisation, de transport et de logistique en fruits et légumes frais, NDLR), résume Laurent Gauze. C'est une installation qui n'a pas bénéficié d'investissements lourds depuis 70 ans, c'est maintenant ou jamais. »

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