Comment Durand Récupération innove dans l’art du recyclage

Centenaire, la société nîmoise Durand Récupération, qui valorise les ferrailles issues de l’industrie automobile et du train, marie économie circulaire et mécénat artistique. L’entreprise aux 17 millions d’euros d’un chiffre d’affaires boosté par un contexte qui fait grimper en flèche le cours des matériaux investit, de manière inattendue, le segment du street-art.
Des oeuvres monumentales (ici Kanos), peintes sur des éléments arrières de wagons de marchandises, peuvent être mécénées par des entreprises ou des particuliers.
Des oeuvres monumentales (ici Kanos), peintes sur des éléments arrières de wagons de marchandises, peuvent être mécénées par des entreprises ou des particuliers. (Crédits : Guillaume Mollaret)

Le déchet des uns fait la richesse des autres. Et au cours actuel des matières premières, les affaires des entreprises de valorisation vont bon train. Créée en 1902, la société nîmoise Durand Récupération (20 salariés) devrait connaître cette année une croissance de 40% avec une activité portée à 17 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 12 millions d'euros l'an dernier.

Cette accélération, conjoncturelle, est portée par les cours des matériaux, notamment ferreux, que l'entreprise trie, compacte et valorise auprès des sidérurgistes, tels que Celsa en Espagne.

Recyclable à l'infini, sans altération de ses propriétés ni perte de poids, « l'acier peut être fabriqué presque indifféremment à partir de minerai de fer ou à partir de minerai de fer et de ferrailles récupérées - jusqu'à 30 % - dans des aciéries de conversion, ou à partir de ferrailles récupérées à 100% dans des aciéries électriques », explique la profession. Ainsi, l'acier recyclé est utilisé dans les mêmes conditions que l'acier produit à partir de minerai. Une récupération qui, en France, représente 40% de l'acier produit.

50.000 tonnes de ferrailles par an

Casse familiale, Durand Récupération traite « 50.000 tonnes de ferrailles par an, l'équivalent de près de cinq Tour Eiffel, parmi lesquels de nombreux véhicules automobiles, dont nous arrivons à valoriser, ou faire valoriser auprès de partenaires spécialisés (dans les déchets, les déchets électroniques, les huiles..., NDLR), 95% du poids », explique Béatrice Durand, dirigeante avec son frère Didier, d'une entreprise créée par leur arrière-grand-père.

Afin d'être plus efficiente, l'entreprise a récemment investi 2 millions d'euros (avec 140.000 euros de subvention au titre du Plan de relance) pour faire l'acquisition d'un nouvel outil de cisaillage.
Installée dans la zone industrielle de Saint-Césaire, Durand Récupération est connectée, depuis 2014, au réseau ferré voisin, ce qui lui permet de réceptionner des wagons réformés à démanteler. C'est d'ailleurs dans le droit-fil de cette activité que la société gardoise a décidé d'ouvrir une autre page de son histoire commune avec le milieu... artistique.

Street-art ferroviaire

Dans les années 1980, l'entreprise était voisine de l'entreprise textile Cacharel, dont le patron Jean Bousquet était aussi maire de Nîmes. Elle avait alors notamment accueilli l'artiste-sculpteur César, venu réaliser ici une demi-douzaine de ses célèbres compressions.

Comme un clin d'œil de l'histoire, c'est en démantelant un wagon de marchandises que des ouvriers de Durand Récupération ont découvert une œuvre d'Alber, célèbre street-artiste, que Béatrice Durand a retrouvée en lançant une bouteille à la mer sur le réseau social Instagram. Un pari gagnant qui se matérialise, cet automne, par une exposition de street-art organisée par l'association Amadurave (présidée par Béatrice Durand) et l'agence artistique parisienne Osaro.

Baptisé (Dé)raille, l'événement convie dix artistes, dont certains déjà accueillis en résidence, ayant peint des éléments de récupération de wagons de marchandises. Mécéné par Durand Récupération, par Ermewa (gérant d'une flotte composée de plusieurs dizaines de milliers de wagons et de wagons-citernes industriels), mais aussi par le promoteur Terres du Soleil Aménagement et l'entreprise Caumes Armatures - qui ont notamment acquis une œuvre en contrepartie de leur participation-, l'événement est en quête d'autres partenaires afin que la manifestation puisse, dans un esprit de durabilité, être reconduite l'an prochain. La valorisation des déchets, tout un art...

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