L’Adie constate un regain d’intérêt pour l’entrepreneuriat populaire dans l’Hérault

L'Adie, association pour le droit à l’initiative économique et l’entrepreneuriat populaire, est témoin des dynamiques territoriales en matière de créations d'entreprises par des publics fragilisés. Dans un contexte de conjoncture est incertaine et d’inflation galopante, la structure confirme que le département de l’Hérault est resté, en 2022, le 2e département le plus actif d’Occitanie, derrière la Haute-Garonne. L’Adie y a financé et accompagné 232 nouveaux entrepreneurs (+ 49% vs 2019). Afin de renforcer son maillage territorial, l’Adie vient d’ouvrir une agence à Béziers, qui sera inaugurée ce 30 mars.
Cécile Chaigneau
Christophe Nicaud, directeur de l'Adie Occitanie.
Christophe Nicaud, directeur de l'Adie Occitanie. (Crédits : DR)

« Le département de l'Hérault est le 2e département le plus actif de la région Occitanie après la Haute-Garonne, souligne d'emblée Christophe Nicaud, directeur de l'Adie Occitanie. En 2022, En Occitanie, nous avons financé 1.298 nouveaux entrepreneurs, soit une augmentation de 5% par rapport à 2021 et de 34% par rapport à 2019, année de référence. Dans l'Hérault, nous avons financé 232 nouveaux entrepreneurs, contre 269 en 2021, 194 en 2020 et 156 en 2019 (soit +49%, NDLR). En 2021, les interventions auprès des jeunes de moins de 30 ans avaient été boostées par un dispositif de prime d'Etat de 3.000 euros, octroyée via l'Adie dans le cadre d'un programme d'insertion par le travail indépendant, soit 250 primes accordées en Occitanie. »

L'Adie, association pour le droit à l'initiative économique et l'entrepreneuriat populaire (reconnue d'utilité publique), défend l'idée que chacun, même sans capital ni diplôme, peut devenir entrepreneur s'il a accès à un crédit et à un accompagnement professionnel.

« En Occitanie, on observe que près d'une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté, et une sur trois perçoit les minimas sociaux, précise Christophe Nicaud. Notre mission principale est de financer et d'accompagner des personnes ayant un projet de création d'entreprise mais n'ayant pas accès au prêt bancaire... Dans l'Hérault, où le taux de chômage est de près de 10,2%,  41% des personnes financées en 2022 étaient des demandeurs d'emploi, 22% percevaient des minima sociaux, et 17% résidaient dans les quartiers prioritaires, notamment à Montpellier, Sète ou Lunel. Et une personne accompagnée sur deux est une femme, avec laquelle on travaille à lever des freins spécifiques comme le syndrome de l'imposteur, l'organisation avec les enfants ou les discriminations. »

Ce sont donc 1,3 million d'euros de financements qui ont été distribués en 2022 dans l'Hérault : 1 million d'euros en microcrédits professionnels, primes et avances ou prêts d'honneur, et 301.244 euros de microcrédits mobilité à destination de 87 salariés précaires ou chômeurs (pour financer l'obtention d'un permis de conduire, l'acquisition ou la réparation d'un véhicule ou une formation).

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45% de services, 28% de commerces

Des chiffres qui, selon Christophe Nicaud, viennent confirmer une appétence pour la création d'entreprise, y compris chez les publics les moins favorisés qui y voient l'opportunité d'exercer une activité indépendante, de s'émanciper économiquement, ou de retrouver le chemin de l'emploi.

« En 2022 dans l'Hérault, 45% des projets financés étaient des activités de services aux particuliers ou aux entreprises, et 28% étaient des activités de commerce de proximité ou non sédentaire (sur les marchés, NDLR). Mais nous finançons aussi tout type d'activités : agriculture, culturel, artisanat, restauration, transports, etc. Nous accompagnons notamment des auto-entrepreneurs qui veulent travailler pour Uber, Uber Eat ou Deliveroo : le modèle de ces plateformes est peut-être discutable, mais nous ne faisons pas de politique et certaines personnes s'épanouissent dans ces emplois... Depuis la crise sanitaire du Covid, dans l'Hérault comme partout en France, on observe une forte croissance de la création d'entreprise, notamment parce que les gens sont en quête de sens dans leur vie et se tournent vers un métier en lien avec leur passion. »

Parmi les personnes financées par l'Adie en 2022 dans le département, 32% avaient moins de 30 ans et 18% plus de 50 ans, et 10% n'avaient aucun diplôme. Si l'Adie intervient sur tous les territoires, 45% des financements ont été réalisés sur la Métropole de Montpellier.

Alors que les chiffres de l'Adie indiquent qu'un entrepreneur sur cinq crée un emploi salarié, quelle est la pérennité des projets financés ? Christophe Nicaud dégaine les études réalisées tous les trois ans : « Selon la dernière, en 2021, la pérennité des entreprises accompagnées était de 87% à deux ans, et de plus de 80% à trois ans, et neuf personnes sur dix se sont réinsérées à deux ans. Créer leur propre activité les remet en selle, leur permet de se constituer un réseau, de valider leurs compétences, et d'être plus employable sur le marché de l'emploi ».

Béziers : une culture du petit entrepreneur

L'Adie est présente partout en Occitanie depuis sa première implantation à Toulouse en 1996, et compte aujourd'hui quinze agences dans la région, auxquelles s'ajoutent des permanences chez des structures partenaires. La dernière agence ouverte, en septembre 2022, est celle de Béziers, qui sera officiellement inaugurée ce 30 mars 2023.

« Nous avons beaucoup investi en ressources humaines en 2021 et 2022 grâce à un soutien fort de nos financeurs, et on est par exemple passé de deux à cinq conseillers dans l'Hérault, indique le dirigeant. Pourquoi Béziers ? Parce que c'est la deuxième ville de l'Hérault, avec un taux de chômage de 11% et un taux de pauvreté de 34%. Et il y existe une vraie culture du petit entrepreneur. C'est donc un territoire où se trouve un public qui a besoin de nos services. »

Cette nouvelle implantation permet ainsi à l'association de couvrir une zone incluant le Bitterois, Adge et Pézenas. L'agence compte une conseillère et une équipe de bénévoles, que Christophe Nicaud souhaite renforcer : « Nous recherchons des personnes bénévoles issues du secteur bancaire, industriel, du monde social, de la santé, ou autre, le point crucial étant l'appétence à notre public et à ces petits projets ».

Cécile Chaigneau

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