Aqualis Seafood oriente son sourcing sur la Méditerranée

Importateur sétois spécialisé dans les produits surgelés de la mer, Aqualis Seafood vient de signer un partenariat avec la criée d’Agde. Dans le même temps, l’entreprise s’engage en faveur du repeuplement des poissons en Méditerranée.
Un relâcher de poissons par Ecocéan.
Un relâcher de poissons par Ecocéan. (Crédits : Remy Dubas)

La société Aqualis Seafood, basée à Sète (34) et spécialisée dans l'importation directe de produits surgelés de la mer, s'est recentrée sur des gammes de produit de haute qualité gustative issus d'une pêche durable.

Les deux nouveaux partenariats signés avec la criée d'Agde (34) et la société Ecocéan (34) s'inscrivent dans la lignée des précédentes initiatives durables de l'importateur qui commercialise ses produits sous deux marques, Golfo Nuevo et Golfo Gourmet.

Si un peu plus de 50 % de la gamme (40 produits) de poissons surgelés Golfo Nuevo sont encore issus de pêches provenant du monde entier, Aqualis Seafood se positionne sur le « moins manger mais manger mieux ».

« Notre but est de rassurer le consommateur : nous ne faisons que du sauvage entier ou en filet, travaillés à bord des bateaux pour éviter la double congélation », précise son dirigeant Stéphane Seguin, qui plaide pour un repositionnement en Europe plutôt qu'en Chine, avec une sélection draconienne des produits.

Atteindre les 10 M€ de chiffre d'affaires

En croissance exponentielle - son chiffre d'affaires a été multiplié par trois en cinq ans, pour atteindre 6 M€ en 2019 - la société a récemment fusionné avec l'entreprise bordelaise Savigny Surgelés frais (4 salariés, 3 M€ de chiffre d'affaires).

Alors qu'Aqualis Seafood réalise 95 % de son chiffre d'affaires en grande distribution avec un maillage très dense dans le Sud de la France, ce rachat devrait favoriser un développement national et permettre de viser rapidement les10 M€.

D'autant que la société va étendre les provenances de ses produits français. Si jusqu'à présent elle se fournissait essentiellement auprès de mareyeurs bretons, le rapprochement avec la criée d'Agde va lui permettre de se positionner sur des produits méditerranéens.

« J'apprécie particulièrement l'initiative de la criée agathoise qui s'est associée avec la Croix Rouge pour créer une entreprise privée d'insertion à vocation sociale et économique, détaille Stéphane Seguin. Ensemble, nous sommes en train de déterminer une gamme de produits. Les filets seront découpés dans l'atelier pour être surgelés ou conditionnés en barquettes. »

Pour être complètement autonome dans son stockage, Aqualis Seafood investit 2 M€ dans un nouveau bâtiment construit dans la ZAE des Zones blanches à Sète. Ce bâtiment de 1 000 m2 sera dédié au stockage en froid négatif et accueillera également le siège social.

« Auparavant, nous faisions appel à des prestataires à Marseille et Béziers, mais avec ce nouvel entrepôt, nous allons va pouvoir stocker jusqu'à 1 000 palettes et préparer les commandes », se réjouit le dirigeant qui envisage un déménagement probable avant les fêtes de fin d'année.

« Une question de bon sens »

Après la commercialisation d'une gamme de produits certifiés MSC (label visant à assurer la pérennité des populations de poissons), l'adhésion à la marque Pavillon France et le soutien à l'association Project Rescue Ocean, Aqualis Seafood s'engage aujourd'hui (sous sa marque Golfo Nuevo) auprès de la société montpelliéraine Ecocéan, spécialisée dans le génie écologique marin.

« Ce n'est pas de l'opportunisme, plaide Stéphane Seguin. Si les acteurs de la pêche ne protègent pas dès aujourd'hui la biodiversité marine, demain nous n'aurons plus de poisson. C'est une question de bon sens ! »

Face au constat d'un milieu marin sinistré, Ecocéan (14 salariés,1,4 M€ de chiffre d'affaires en 2019), innove en faveur de la biodiversité sous-marine en développant un savoir-faire unique : la collecte et l'élevage de posts-larves (PCC) visant à favoriser le repeuplement des populations halieutiques. L'entreprise articule les applications de cette technique autour de 4 métiers : l'élevage raisonné, la restauration écologique, la vente d'engins de pêche d'élevage et le diagnostic.

Pour booster le recrutement des poissons, elle s'appuie sur deux solutions : Biohut, habitat artificiel offrant « le gîte et le couvert aux poissons » (les ports du Cap d'Agde, de Narbonne ou des Saintes-Maries-de-la-Mer en sont équipés) et Biorestore, procédé complet de captures et de culture des post-larves.

« Je repeuple la mer »

Depuis 2016, Ecocéan s'implique dans le projet Caciomar (Cassis-La Citotat-Marseille) développé dans le cadre du Contrat de baie de la Métropole marseillaise. Objectifs : stimuler la résilience de l'écosystème marin côtier et favoriser, par le repeuplement, la présence d'espèces à fort intérêt halieutique et patrimonial.

A compter du 31 décembre 2020, Ecocéan devient maître d'ouvrage pour le nouveau cycle de repeuplement sur ces trois zones, qui démarrera en janvier 2021 pour cinq ans. Le projet Caciomar étant évalué à 200 000 € par an (1 M€ a déjà été investi sur les 5 ans), la société montpelliéraine, soutenue par la Région Occitanie et l'Agence de l'eau Rhône méditerranée Corse, est en recherche de soutiens financiers.

« Le soutien d'Aqualis Seafood, entreprise du secteur de la distribution, est une première, confie Gilles Lecaillon, biologiste et président fondateur d'Ecocéan. Il va nous permettre de diversifier les sources de financement privé de la nurserie CasCioMar et pourquoi pas, dans le futur, d'engager plus de fermes similaires pour repeupler encore plus de poissons côtiers. »

Dès le 1er janvier 2021, Aqualis Seafood s'est engagé à reverser au projet Caciomar, un pourcentage (confidentiel) sur les recettes issues de la vente des produits Pavillon France de sa marque Golfo Nuevo. Les produits concernés seront identifiés par le logo « Je repeuple la mer ».

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