Viticulture : Feu vert ministériel pour une distillation de crise

Les responsables professionnels de la filière viticole régionale sont rassurés par les premières annonces ministérielles concernant les mesures de gestion de crise. Ils attendent néanmoins la confirmation du montant des aides accordées et du prix proposé pour la distillation. Des précisions qui devraient être apportées lors du Salon de l’agriculture qui débute ce samedi 25 février.
L'annonce le 6 février dernier par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, d'une prochaine campagne de distillation soulage les acteurs de la filière sans pour autant les contenter.
L'annonce le 6 février dernier par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, d'une prochaine campagne de distillation soulage les acteurs de la filière sans pour autant les contenter. (Crédits : DR)

Les pouvoirs publics ne sont pas restés sourds aux demandes de la filière viticole. Depuis plusieurs mois, les responsables professionnels réclamaient des aides pour les exploitants confrontés à des difficultés de trésorerie du fait d'une hausse sans précédent de leurs coûts de production, conjuguée à une baisse des ventes de vin, notamment sur le marché domestique.

Lors d'une rencontre le 6 février dernier avec Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, ils ont obtenu l'assurance d'une prochaine campagne de distillation, destinée à éliminer les excédents de production, qui pèsent sur le marché et tirent les cours vers le bas.

160 millions d'euros pour une distillation de crise

 Le ministre a annoncé une enveloppe de « 40 millions d'euros de crédits nationaux complétés de 40 millions d'euros de financements européens (FEAGA) ». « Une seconde campagne de distillation pourra être organisée à partir d'octobre selon la même répartition entre crédits nationaux et européens pour atteindre un maximum de 160 millions d'euros en 2023. Les demandes seront portées en ce sens auprès de la Commission européenne sans délai », précise un communiqué du ministère de l'Agriculture.

Si l'annonce de cette distillation a été un soulagement pour les acteurs de la filière, les montants promis ont d'ores et déjà été jugés insuffisants. « Si on veut que cette mesure ait un impact, il faut rajouter 40 millions d'euros et consacrer 200 millions d'euros à cette distillation », soutient Alexandre They, co-président de la Fédération régionale des Vignerons Indépendants.

C'est également l'avis de Ludovic Roux, président des Vignerons coopérateurs :

« Cette mesure est ouverte à tous les producteurs en France. Les estimations s'élèvent à 3 millions d'hectolitres qu'il faudrait éliminer pour assainir le marché. En Languedoc-Roussillon, cela pourrait représenter 1,5 millions d'hectolitres. Il est primordial que cette enveloppe atteigne les 200 millions d'euros si nous voulons que ces volumes soient efficacement retirés du marché. Il faut également que le ministre annonce très rapidement les prix proposés pour cette distillation afin de remettre le marché sur les rails. Certains opérateurs profitent de cette crise pour proposer des prix indécents. Il faut arrêter ça. D'après les premiers échanges que nous avons eu avec le Ministère, on s'orienterait vers un tarif de 55 à 60 € par hectolitre pour les vins sans indication géographique et 70 à 80 € par hectolitre pour les IGP et AOP, avec, peut-être, des prix distincts pour ces deux catégories. Le ministre s'est engagé à nous donner tous les détails sur cette distillation lors du salon de l'Agriculture ».

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Pas d'arrachage définitif en région

Concernant la possibilité de rééchelonner les PGE (Prêts Garantis par l'État), le ministre a annoncé la création d'une task force ministérielle placée au sein du ministère en charge de l'agriculture pour accompagner les agriculteurs et les orienter vers les solutions les plus adaptées à leur situation.

Concernant les aides à l'arrachage réclamées par les viticulteurs bordelais, la filière viticole régionale n'y est, pour le moment, pas favorable. « C'est à Bordeaux qu'il faut arracher, pas en Languedoc. Ici, le nettoyage a été fait. Nous avons arraché pendant que Bordeaux continuait à planter. C'est à eux de réduire leur vignoble pour s'adapter à leurs marchés », assène Guy Jaubert, président des Vignerons Indépendants du Roussillon.

« Notre bassin n'est pas en surproduction. Si nous faisons l'effort d'adapter le profil de nos vins aux différents marchés, nous avons la capacité de commercialiser notre production annuelle. Cette adaptation concerne 15 à 20 % de notre production. Pour le moment, nous ne souhaitons pas de mesure d'arrachage définitif mais des possibilités d'arrachage avec replantation différée. L'arrachage définitif pourrait s'envisager uniquement dans un cadre restreint pour permettre aux viticulteurs à bout de souffle de partir dignement », plaide Ludovic Roux.

Enfin, le gouvernement confirme sa volonté d'accompagner la viticulture, comme toutes les autres productions agricoles, vers une plus grande résilience. Deux nouveaux guichets d'aide aux investissements de protection face aux aléas climatiques (grêle, gel...) dotés de 20 millions d'euros chacun, dont un réservé aux assurés, soit un total de 40 millions d'euros pour mieux protéger l'ensemble des exploitations, ouvriront dans les prochains jours.

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