Sherco (enduro et trial) veut doubler sa production en 2021

Spécialiste de motos d’enduro et de trial, Sherco connaît une forte croissance malgré la crise sanitaire. Après avoir recentré l’ensemble de ses activités sur son site nîmois, le constructeur, lauréat du plan France Relance, envisage de lourds investissements pour booster sa production, faire évoluer sa gamme et, pourquoi pas, se diversifier.
Sherco, spécialiste nîmois de motos d’enduro et de trial, est lauréat du Plan France Relance et va investir pour booster ses capacités de production.
Sherco, spécialiste nîmois de motos d’enduro et de trial, est lauréat du Plan France Relance et va investir pour booster ses capacités de production. (Crédits : Sherco)

Ce n'est certainement pas un hasard si Jean Rampon, sous-préfet à la relance pour le département du Gard, présentait le 6 janvier, un point presse au sein du siège social de l'entreprise nîmoise Sherco.

En moins de vingt ans, le constructeur opérant dans l'industrie de la moto et plus particulièrement dans le secteur off-road, a réussi à se hisser à la 3e place, après KTM et Husqvarna, sur le marché du tout terrain en Europe.

Dans ce contexte, Jean Rampon a annoncé à l'entreprise gardoise qu'elle avait été retenue par l'État, dans le cadre du Plan France Relance, pour recevoir une aide de 2 millions d'euros.

Une usine de 12.000 m2

Fondée en 1998 par Marc Teissier et Andreu Codina, tous deux anciens pilotes de trial, Sherco s'est naturellement spécialisée dans la moto de trial avant de se lancer sur les 50 cm3 avec le rachat, en 2002, de la marque HRD. Un an plus tard, la gamme enduro voit le jour avec un 450 quatre-temps injection, premier modèle tout terrain de Sherco.

Jusqu'en 2017, l'entreprise est géographiquement divisée en deux entités - Nîmes et Barcelone - puis elle adopte une stratégie industrielle « patriotique ».

« Nos concurrents n'ont qu'une usine, nous en avions deux. Face à la montée de nos produits fabriqués en France, nous avons souhaité potentialiser l'usine nîmoise de manière à avoir un centre de production plus important. Nous avons ramené de l'industrie en France », synthétise Thomas Teissier, fils du fondateur, directeur général de Sherco.

Une stratégie faisant d'autant plus sens que le process de production a été industrialisé, avec des lignes d'assemblage automatique et un cadencement du même type que celui de l'industrie automobile.

Après le rapatriement du département pièces détachées, celui de l'assemblage des motos trial a été finalisé en juin 2020. Implantée sur la ZAC Saint-Césaire à Nîmes, la nouvelle usine de 12.000 m2, dotée de trois centres d'usinage pour les carters moteurs et les culasses, est en capacité de produire près de 9.000 unités annuelles.

Course contre la montre dans l'innovation

Champion du monde en titre d'Enduro en 2020 dans la catégorie Junior avec le Néo-Zélandais Hamish MacDonald au guidon de l'iconique 300 SEF Factory, champion USA en enduro extrême avec Wade Young, sept fois champion du monde trial avec Emma Bristow, victorieux de la 9e étape sur le Dakar 2019 avec Michael Metge et présent sur l'édition 2021 avec trois pilotes (Lorenzo Santolino, Rui Goncalves et Harith Noah)... Le 3e fabricant français, derrière MBK et Peugeot, aligne les performances. Les atouts de ses véhicules ? Un parfait compromis entre puissance, fiabilité et maniabilité.

Sur un marché pointu et réactif, la marque s'est dotée d'un pôle R&D compétitif (une vingtaine de personnes) dans lequel elle investit annuellement 2 à 2,5 millions d'euros.

« Sherco fait évoluer ses produits chaque année car le cycle de vie des véhicules est plus court que celui de l'automobile ou des motos de route, assure Thomas Teissier. Cela implique des évolutions techniques sur les moteurs mais également sur les décorations des motos (suivant une technologie d'adhésifs injectés dans le plastique, NDLR) ».

Un an donc pour créer des innovations comme l'injection sur sa première moto 4T ou un système de valve électronique à l'échappement sur ces 2T. Mais c'est la phase test qui met véritablement des bâtons dans les roues, le constructeur n'ayant aucune zone dédiée pour essayer ses véhicules. Or, dans cette course annuelle contre la montre, il faut tenir la distance avec une offre conséquente : une trentaine de modèles dans les gammes enduro, trial, supermotard et 50 cc, ainsi que des pièces racing, des vêtements et accessoires dédiés aux pilotes.

D'autant plus que dans les coulisses, il se prépare, dans les deux années à venir, une évolution de toute la gamme enduro et trial.

« Bétonner les pays à l'export »

Alors que Marc Teissier s'est attelé à l'organisation de la société, son fils Thomas est entré dès 2013 dans la course du développement commercial. Sherco est aujourd'hui présent dans 67 pays. Sur les 35 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisés en 2020 (contre 9 millions d'euros en 2010), l'export représente 70% de l'activité.

Le constructeur travaille avec des importateurs dans le monde entier, et vend directement aux concessionnaires en France (30% du CA), Espagne, Allemagne, Autriche, Belgique et Hollande. Cette politique de basculement en direct des pays de la zone européenne devrait s'intensifier dans les mois à venir.

Récemment, le constructeur a décidé de conquérir le marché américain.

« Avant de se lancer sur le marché américain qui est compliqué, il fallait bétonner les pays d'Europe et le grand export, notamment Amérique du Sud et Amérique centrale, confie le dirigeant de la marque qui compte déjà une centaine de point de ventes sur ce continent. En 2019, nous nous sommes lancés avec un importateur à qui nous avons demandé de se recapitaliser. Les ventes ont explosé. »

En moins de sept ans, Thomas Teissier aura mené une politique dynamique d'ouverture de marchés. Aujourd'hui, il affiche clairement sa volonté « d'arbitrer nos représentants sur place lorsqu'ils ne font pas le travail optimal de représentation de la marque ». En clair, d'importants changements devraient s'opérer sur le Brésil ainsi que sur trois pays européens.

Totale réorganisation de la société

En croissance de 20% depuis juin 2020 (date de clôture de l'exercice), Sherco ne connaît pas la crise sanitaire, jouissant au contraire des effets bénéfiques d'un sport individuel, se pratiquant en extérieur. En revanche, face à un problème majeur d'approvisionnement, le constructeur réfléchit à une totale réorganisation de la société.

« Nos outils sont bons mais il faut réduire notre dépendance vis à vis des fournisseurs étrangers, de manière à poursuivre notre croissance, explique Thomas Teissier. Le futur chiffre d'affaires est calé sur notre capacité à approvisionner des pièces. »

Le constructeur annonce d'importants investissements visant notamment à l'évolution de son service de pièces détachées, qui connaît une forte activité (10 à 150 colis expédiés chaque jour) et à la partie usinage de pièces moteurs, l'idée étant de réintégrer d'autres composants que les carters et culasses.

Le projet de construction d'une usine de fabrication de boîtes de vitesse est dans les starting-bloks. L'aide de 2 millions d'euros apportée dans le cadre du Plan France Relance va permettre d'accélérer la mise en œuvre de ce projet estimé à 7 millions d'euros.

Réintégration de nouveaux composants, évolution de l'outil industriel, généralisation de système goods to man en logistique, recrutements massifs... Le groupe Sherco, qui emploie actuellement une centaine de personnes dans le monde, ambitionne de doubler sa capacité de production en 2021. Et potentiellement, de sortir de son domaine de compétence enduro trial.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.