Maintenance nucléaire : piquet de grève chez Altrad-Endel pour les salaires

La situation sociale se tend dans la filiale Altrad Endel, ancienne filiale d’Engie spécialisée dans la maintenance industrielle et nucléaire, et rachetée par le groupe montpelliérain en avril 2022. Le 7 février, l’intersyndicale CGT-CFDT a appelé à un mouvement de grève, avec manifestations au siège social montpelliérain du groupe et devant une dizaine de centrales nucléaires françaises. Explications.
Cécile Chaigneau
Le 7 février 2023, un mouvement de grève a été lancé au sein de la filiale Altrad Endel par la CGT et la CFDT pour réclamer des augmentations générales de salaires.
Le 7 février 2023, un mouvement de grève a été lancé au sein de la filiale Altrad Endel par la CGT et la CFDT pour réclamer des augmentations générales de salaires. (Crédits : DR)

(Mise à jour le 7 février 2023 à 17h30)

Le dialogue social continue de grincer chez Altrad Endel, ancienne filiale d'Engie spécialisée dans la maintenance industrielle et nucléaire, et rachetée par le groupe montpelliérain en avril 2022. Alors qu'en fin d'année dernière, les syndicats CGT et CFDT avaient refusé de signer un accord suite aux négociations annuelles obligatoires (NAO), les syndicats CGT et CFDT ont appelé à des rassemblements ce 7 février au siège social du groupe à Montpellier où sont attendus des salariés venus de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), Tartas (Landes) ou Brive (Corrèze), ainsi que devant une dizaine de centrales nucléaires, notamment celles de Cherbourg, Gravelines, Paluel, Penly, Cattenom, Fessenheim, Blayais, La Sentinelle ou Tricastin. Un rassemblement devrait aussi avoir lieu devant le CEA Saclay en région parisienne.

Lire aussiPourquoi la restructuration de Altrad Endel braque les salariés

Ce qui coince, ce sont les salaires. Entre la direction et les représentants syndicaux, les relations se sont tendues, ces derniers estimant que le dialogue social n'existe plus...

« En fin d'année, la direction proposait une augmentation individuelle de 2% attribuée au bon vouloir des managers et une prime Macron de 600 euros, rappelle Frédérik Conseil, délégué syndical à la centrale CGT, en colère. Les NAO ont donc abouti à une décision unilatérale de l'employeur, avec une clause de revoyure en juin 2023... On demande que cette clause de revoyure soit activée maintenant, et avec de vraies négociations, car avec l'inflation, certains ne verront même pas l'augmentation ! Et dans la métallurgie, la moyenne des augmentations générales de salaires est de 6%. »

« On n'a jamais vu autant d'argent ! »

L'intersyndical revendique donc une augmentation générale des salaires de 6% et une revalorisation des bas salaires pour les salariés en-dessous des niveaux de salaires du secteur. Frédérik Conseil illustre par l'exemple : « Un soudeur qualifié qui va bientôt partir à la retraite ne touche même pas 2.000 euros de salaire de base, donc à la retraite, il ne percevra pas plus de 1.300 euros ».

Un manque d'attractivité des métiers qui inquiète le syndicaliste et fait peser, selon lui, une menace sur le renouvellement des emplois au sein d'Altrad Endel et donc sur la maintenance des centrales nucléaires.

Cette demande de revalorisation des salaires vient percuter, selon les syndicats, une insolente santé financière de l'entreprise.

« En 2022, le niveau de trésorerie de l'entreprise était de 172 millions d'euros - et encore n'apparaissent pas dans les comptes les 40 millions d'euros qu'Engie a prêtés à Altrad Endel au moment du rachat pour s'autofinancer - avec 10 millions d'euros de résultat net, s'étrangle Frédérik Conseil. On n'a jamais vu autant d'argent ! Mais apparemment, ce n'est pas pour les salariés ! Mohed Altrad ne veut pas d'augmentation générale... »

De l'argent dont les salariés disent ne pas voir la couleur puisque, selon la CGT et la CFDT, le président du groupe éponyme Mohed Altrad a fait faire un don de 1,5 million d'euros à sa propre fondation : « Soit 1,5 million ponctionnés en cinq mois d'activité puisque les comptes ont été arrêtés au 31 août 2022, ce qui ferait 3,6 millions si on le ramenait sur une année ! Tout ça pour le rugby et autres activités de sa fondation... L'argent est là, mais pas pour les salariés ! ».

Un premier coup de semonce

Altrad Endel emploie aujourd'hui « entre 3.200 et 3.400 salariés dans le monde, dont 1.800 dans la maintenance nucléaire, 1.250 dans la maintenance industrielle et environ 150 au siège et à la direction des grands projets », précise Frédérik Conseil.

Ce mouvement de grève a été décidé pour ce 7 février, « un mois où l'activité dans le nucléaire reprend en général, avec une accélération en mars et avril ». Il pourrait bien être un premier coup de semonce...

« Il n'y a jamais de bon moment pour faire grève, d'autant que certains ont déjà perdu une journée pour la grève contre la réforme retraite, observe le syndicaliste. On commence petit bras avec une journée mais on prévoit d'envoyer plus fort en mars ou avril s'ils n'ont pas compris ! »

Le mouvement de grève des salariés du groupe se dit décorrélé de la mobilisation contre la réforme des retraites de ce jour, « mais selon les rassemblements, ils rejoindront ensuite les défilés », préconisait Frédérik Conseil à la veille du mouvement.

En fin de journée, selon les premières estimations de la CGT, environ 80 grévistes se sont rassemblés devant le siège social montpelliérain, et ils étaient entre 800 et 1.000 partout en France.

Sollicitée à plusieurs reprises par la rédaction, la direction du groupe Altrad n'a pas donné suite.

La crainte d'une découpe de l'entreprise

Durant l'été 2022, juste après le rachat de Endel par son groupe, Mohed Altrad avait annoncé sa volonté de restructurer l'entreprise. En novembre 2022, les salariés dénonçaient une découpe de l'entreprise, craignant des fermetures d'établissements qui s'avéreraient non rentables à l'avenir.

« Pour le secteur sud-est, la rentabilité annoncée ne lui plaisant pas, Mohed Altrad a déjà demandé un plan d'action pour revenir à des marges positives, ce qui signifie la possibilité de fermeture d'implantations ou de suppression de personnels, sachant que la garantie sociale liée à la vente se termine au 1e mars ! », annonce à La Tribune Frédérik Conseil, délégué syndical CGT.

Les syndicats avaient assigné l'entreprise au tribunal de grande instance de Nanterre pour manque de transparence des documents fournis. L'audience a eu lieu le 4 janvier, et la décision mise en délibéré au 15 février prochain.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 07/02/2023 à 15:18
Signaler
"quand un syndicat d'ultra neo gauche prend les gens en otage mais n'obtient pas ce qu'il exige" Déjà ,ils sont deux , "les syndicats CGT et CFDT avaient refusé de signer un accord suite aux négociations annuelles obligatoires (NAO)". Et te plains...

à écrit le 07/02/2023 à 12:17
Signaler
quand un syndicat d'ultra neo gauche prend les gens en otage mais n'obtient pas ce qu'il exige, il pousse des hurlements de singe pour expliquer que le dialogue social ( son monologue, donc) n'existe plus, ce qui est ultraneo patronal medef mondialis...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.