Le nouveau campus d'Orange à Montpellier a été officiellement inauguré le 19 octobre par Fabienne Dulac, CEO d'Orange France, et Patricia Goriaux, directrice d'Orange Grand Sud-Ouest. Le nouveau bâtiment Orange (16.500 m2 de bureaux sur trois étages), rassemble sur un même site quelque 1.200 salariés, répartis auparavant sur les cinq implantations montpelliéraines du groupe, qui ont emménagé entre la fin août et la fin octobre 2021.
L'opération immobilière a été portée par la foncière Covivio, partenaire de longue date d'Orange, et s'inscrit dans le programme de réhabilitation du Parc de la Pompignane (rebaptisé le parc Majoria), historiquement site d'IBM, sur lequel le géant américain a progressivement réduit son empreinte foncière. Ce parc de 28 hectares végétalisés héberge également aujourd'hui les groupes Schlumberger et Egis, et les startups Fortiche et ZUO Architecture.
Les salariés d'Orange profitent d'un restaurant inter-entreprises (La Bastide) d'une capacité de 1.000 couverts, d'un parking-silo, et d'un parking pour vélos et trottinettes. Un showroom de 160 m² fait office de vitrine du savoir-faire du groupe de télécoms en matière de nouvelles technologies, et permet d'accueillir les clients entreprises et les partenaires.
« Le nouveau campus Le Patio est à la pointe de l'innovation et respectueux de l'environnement, souligne Fabienne Dulac, CEO d'Orange France. Il offre à nos équipes un environnement de travail qui s'adapte parfaitement aux nouvelles organisations du travail, où l'intelligence collective et la transversalité entre les équipes restent plus importantes que jamais pour mieux servir nos clients. »
Un plan de délestage (au cas où)
La dirigeante résume en quelques mots les grands enjeux auxquels se frotte le groupe, comme toutes les entreprises : enjeux technologiques, enjeux environnementaux et enjeux d'organisation, pas mal bousculés depuis la crise sanitaire du Covid...
« Ce campus accueille bien sûr les métiers traditionnels d'Orange, de réseaux ou de relation clients, mais aussi des activités de pointe comme la cybersécurité, les datas et l'IA, ainsi que des fonctions nationales comme la direction de la formation ou la gestion des salaires des 80.000 salariés d'Orange France, indique Fabienne Dulac. Nos enjeux de R&D portent notamment sur le développement de la data et de l'IA, qui permettent d'optimiser nos modes de fonctionnement, comme la prédictibilité des incidents réseaux, des problèmes des clients, ou des achats et comportements des clients. Par exemple, quand il y a des dommages sur nos réseaux par des acteurs tiers, cela nous permet d'être plus précis sur la typologie de nacelles à utiliser en intervention. Cela permet aussi de croiser les données clients avec les données météorologiques pour inciter à débrancher les box en cas d'orage... Le 2e axe de R&D, c'est bien sûr la cybersécurité, un des axes les plus importants, lié au monde dans lequel on vit où les cyber-attaques sont de plus en plus fréquentes. Enfin, notre 3e axe R&D, c'est la consommation énergétique et la décarbonation : être capables de réduire nos consommations énergétiques alors que les usages se multiplient et réduire notre empreinte carbone. Sur nos derniers équipements mobiles, nous savons réussi à contenir la consommation énergétique entre 2019 et 2022 alors que les usages ont augmenté de 40%. Nous avons commencé à réduire les consommations énergétique des data-centers de 30%, et nous allons continuer sur les box ou les réseaux mobiles. »
Comment le groupe se prépare-t-il au prochain hiver sous tension énergétique ? Fabienne Dulac répond : « 90% de la consommation est portée par les réseaux, 10% par le tertiaire. Nous contribuerons nationalement à l'effacement énergétique avec des sites qui basculeront une heure par jour sur nos générateurs afin de réduire notre consommation, sans risque clients bien sûr... Nous travaillons sur notre plan sobriété mais aussi sur un plan de délestage afin de garantir la continuité d'activité si un plan de délestage était activé par RTE ou Enedis. Nous nous préparons à des situations où coupures... ».
Attractivité, employabilité
Affirmant qu'en investissant de cette manière le territoire montpelliérain, le groupe Orange confirme son ancrage territorial (6.000 salariés en Occitanie, 1.500 à Montpellier dont 1.200 sur le campus) et renforce sa proximité avec ses réseaux et ses clients, Fabienne Dulac rappelle que « le groupe n'est pas sur un mode de fonctionnement centralisé, avec 80% des équipes qui sont en dehors de l'Ile-de-France ».
« Ce qui présente des bénéfices : la désaffection pour la vie parisienne nous permet d'être plus attractifs et de développer une employabilité plus forte, et cela nous permet aussi d'organiser des parcours professionnels sur un territoire de vie », ajoute-t-elle.
Un si grand campus correspond-il bien aujourd'hui aux nouvelles organisations du travail ? Selon la dirigeante d'Orange France, le groupe était déjà dans une démarche de travail hybride bien avant le Covid et le nouveau campus montpelliérain s'est adapté et s'adaptera encore : « Avant la crise sanitaire, déjà 20% des salariés travaillaient en mode agile. Aujourd'hui, environ 60% font du télétravail... C'est pourquoi nous avons opté pour des bâtiments ouverts, modulaires, qui s'adapteront aux évolutions des organisations du travail, pour aller vers ce mode de travail hybride. Nous avons adapté les espaces dynamiques et renforcé les postes de travail nomades... La taille du bâtiment nous permettra d'accueillir les équipes, 200 salariés, de notre site du Marché-gare qui sont encore là-bas ».
Coût de l'énergie : « la question va se poser en 2023 »
Concernant le volet environnemental enfin, « ça fait plus de dix ans que nous travaillons maîtriser notre consommation énergétique et notre empreinte carbone », indique Fabienne Dulac, précisant que le groupe a réduit le nombre de ses data-centers et utilise « de plus en plus d'équipements de seconde main : tout le monde réinvente ses métiers, et nos dernières box sont anisi 100% recyclables et 100% en plastique recyclé ».
« Nous sommes le seul opérateur à avoir les certifications ISO et ISO 50001, ajoute-t-elle. Ce campus a embarqué cet enjeu et bénéficie de la double certification HQE niveau Excellent et Effinergie+... Le campus n'a pas de panneaux photovoltaïques mais nous sommes en train d'étudier le sujet, d'autant qu'Orange a déjà plusieurs accords, notamment avec Boralex (fournisseur canadien, avec qui il a signé un contrat d'achat d'électricité renouvelable long terme, ou Corporate Power Purchase Agreement, NDLR), mais aussi avec Total ou Engie sur des énergies renouvelables. La difficulté du photovoltaïque France, c'est le manque d'offre, il nous faut du capacitaire... Nous sommes dans une activité énergivore mais en 2022, nous pouvons absorber l'augmentation des coûts. La question, en revanche, va se poser en 2023. »
Interrogée sur les possibles effets de l'inflation, la dirigeante répond que « l'augmentation du prix des forfaits est envisageable, comme chez tous les opérateurs, mais ce scénario n'a pas été acté ».
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