Spécialiste des solutions logicielles d'imagerie médicale, la medtech montpelliéraine Intrasense (cotée en bourse) ouvre son capital à hauteur de 39% au groupe Guerbet, acteur majeur mondial de l'imagerie médicale de diagnostic et interventionnelle. L'augmentation de capital se monte à 8,8 millions d'euros (à un prix d'émission de 0,44 euro par action).
« Intrasense a, depuis plusieurs années, une belle trajectoire de croissance, notre force étant de savoir développer des logiciels proches du besoin de l'utilisateur, avec une forte ergonomie et une valeur ajoutée clinique, déclare Nicolas Reymond, directeur général d'Intrasense. En devenant actionnaire de référence au sein de notre capital, Guerbet nous offre la capacité de pénétrer nos marchés cibles beaucoup plus rapidement et avec une meilleure efficacité, grâce à une offre enrichie et à l'optimisation de notre visibilité au sein de l'écosystème de l'imagerie médicale mondiale. Cette opportunité structurante va permettre à Intrasense d'accélérer sa dynamique de croissance. »
Dans la foulée, le groupe Guerbet prévoit de déposer une OPA de manière à offrir aux actionnaires d'Intrasense qui le souhaitent une liquidité immédiate, dans les mêmes conditions de prix.
« Le but n'est pas de faire un retrait de cote mais bien de valoriser Intrasense », rassure le DG d'Intrasense.
Vision commune, intérêts complémentaires
Acteur majeur mondial de l'imagerie médicale de diagnostic et interventionnelle, Guerbet a, ces dernières années, diversifié ses activités dans le digital, en développant notamment des algorithmes d'intelligence artificielle innovants permettant, par exemple, la détection des lésions hépatiques, des cancers de la prostate ou du pancréas. En novembre 2022, le groupe pharmaceutique a repris l'ensemble des algorithmes développé dans le cadre d'un partenariat avec Merative (IBM Watson Health).
De fait, l'entrée de Guerbet au capital d'Intrasense va lui permettre de valoriser sa technologie et de bénéficier d'un savoir-faire éprouvé d'intégration de l'IA dans la routine clinique des praticiens, en imagerie et en oncologie.
De son côté, Intrasense, concepteur de Myrian, plateforme logicielle facilitant et sécurisant le diagnostic, la prise de décision et le suivi thérapeutique, a déjà conclu plusieurs partenariats - notamment avec Nurea, éditeur de logiciels d'aide à la décision et au diagnostic des maladies vasculaires, ou MeVis pour le domaine des pathologies pulmonaires - afin d'enrichir son offre de solutions cliniques. En 2021, la medtech montpelliéraine a levé 4,9 millions d'euros pour développer deux lignes de produits, l'une en radiologie et l'autre en oncologie.
Ce nouveau partenariat industriel avec Guerbet, doublé d'un partenariat capitalistique, va lui permettre d'accroître sa visibilité internationale (notamment dans les hôpitaux où le groupe pharmaceutique est très présent ou lors des congrès majeurs de l'imagerie médicale) et d'accélérer sa stratégie de développement d'applications cliniques.
« Intrasense sera responsable de la commercialisation des produits mais Guerbet pourra effectuer de la copromotion », se félicite Nicolas Reymond.
Les deux entreprises sont en discussion depuis octobre dernier pour conclure un accord de licence qui pourrait être signé ces prochains mois.
Une nouvelle version de Myrian
La medtech montpelliéraine va, dans le courant de l'année, soumettre sa nouvelle ligne d'algorithmes en oncologie au marquage européen. Un prototype est déjà disponible. La commercialisation pourrait être lancée dès 2024.
Intrasense souhaite également étendre son offre produit Myrian, très présente en radiologie, sur le marché hospitalo-universitaire, notamment les instituts du cancer comme celui de Montpellier.
La nouvelle version 2.0 de Myrian (qui évolue en moyenne chaque année) est dans les processus de validation règlementaire, avec un probable marquage CE en juillet 2023. Les prochaines versions intégreront les algorithmes de son nouvel actionnaire.
« Nous avons par exemple, dans le portfolio Myrian, une application prostate qui permet à un radiologue de regarder un examen d'IRM de la prostate, de faire des reconstructions croisées et d'aller vers de la détection de lésions, explique Nicolas Reymond. Mais le spécialiste doit regarder 1.000 à 3.000 images pour pouvoir ensuite faire un diagnostic précis. Or Guerbet a un algorithme sur la détection automatique des lésions en prostatique. Nous souhaitons donc l'intégrer à une prochaine version Myrian : ce sera un formidable gain de temps et de confiance pour l'utilisateur, mais aussi un marqueur de qualité de soins pour les patients. »
A moyen terme, Intrasense a pour ambition de proposer dans les années à venir une nouvelle version de la plateforme Myrian qui sera basée sur de nouvelles technologies cloud et SaaS, pour, explique Nicolas Reymond, « être encore plus disruptif d'un point de vue innovation et pouvoir séduire les clients en leur apportant toujours plus de valeur ajoutée ».
Une décroissance compensée par un accord brésilien
Grâce à cette augmentation de capital, Intrasense annonce qu'elle va disposer d'un horizon de financement supérieur à 48 mois. Présente sur trois marchés principaux - la France, l'Europe et la Chine -, la medtech a été affectée par la guerre en Ukraine et la situation sanitaire en Chine. Après avoir réalisé 4,3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021, elle anticipe une décroissance de 9% en 2022, avec un chiffre d'affaires consolidé de 3,8 millions d'euros.
« Lorsque la crise géopolitique a démarré, nous avons signé un accord avec le Brésil qui a permis de compenser la perte en Europe de l'Est, indique le DG d'Intrasense. Par ailleurs, malgré la crise sanitaire, la Chine enregistre une bonne performance avec une croissance d'activité de l'ordre de 25% et en Europe, la croissance hors zone de guerre, est d'environ 11%, ce qui est une belle performance au vu du contexte. Nous sommes donc alignés sur nos plans d'investissements. »
Avec à ce jour près de 70 salariés, dont une vingtaine dédiée à la R&D, Intrasense va poursuivre sa politique de recrutement permanent (quatre ou cinq postes sont actuellement ouverts).
« L'augmentation des coûts des investissements RH est totalement contrôlée, c'est une stratégie d'investissement volontaire qui génèrera de la croissance en 2024 », assure le dirigeant.
A horizon 2026, la medtech ambitionne, grâce à sa stratégie d'intégration de technologie d'intelligence artificielle provenant de tiers, dont Guerbet, de doubler son chiffre d'affaires par rapport à 2022 et d'atteindre ainsi l'équilibre opérationnel.
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