Comment Biodiv-Wind protège les oiseaux des pales d’éoliennes

L’entreprise biterroise Biodiv-Wind accélère : inventeur d’un dispositif de détection des risques de collision de la faune volante avec les pales des éoliennes, elle vient de décrocher le Pass French-Tech et prépare une levée de fonds qui accompagnera le déploiement de sa solution en Europe.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Biodiv-Wind)

Chauve-souris, vautour, aigle ou milan royal... Ces espèces rares ou protégées sont scrutées à la loupe lors des études d'impact réalisées au préalable de l'installation d'un parc éolien, et le suivi et la prévention des risques de collision de la faune volante avec les éoliennes sont devenus des enjeux majeurs pour les producteurs d'énergie renouvelable.

Biologiste de formation, avec une double expérience à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Aude-Hérault et chez EDF Renouvelables, Henri-Pierre Roche a très tôt réfléchi à la cohabitation entre les éoliennes et la faune volante. Il est vite arrivé à la conclusion que « seules les solutions technologiques peuvent apporter des réponses nouvelles aux enjeux de conservation de la biodiversité ».

En 2008, il met au point un dispositif de détection de faune volante à proximité des éoliennes, destiné à réduire le risque de collision, et le fait breveté d'abord en France, puis rapidement en Europe et aux États-Unis.

« En 2014, on est arrivé à une solution technologique qui tenait la route, explique Henri-Pierre Roche. Les vitesses de rotation des rotors d'éoliennes peuvent atteindre près de 300 km/h en bout de pale. SafeWind est un système innovant de détection automatisée en temps réel de la faune volante par vidéosurveillance, qui s'appuie sur le seul logiciel de traitement vidéo capable à ce jour de détecter et suivre des cibles mobiles même quand elles se déplacent entre des pales en rotation, grâce à un algorithme qui "filtre" les pales en temps réel. Notre outil analyse automatiquement le risque, c'est-à-dire la taille de la cible, la vitesse et la trajectoire. Selon les enjeux du site, ce qui intéresse le producteur d'électricité et les prescriptions administratives, SafeWind engage par commande distante ou automatiquement des actions d'effarouchement acoustique pour dévier l'oiseau ou de régulation des pales, ralentissement ou arrêt. »

Éolien terrestre et flottant

Biodiv-Wind, hébergée à la pépinière d'entreprises Innovosud à Béziers (34), emploie aujourd'hui dix salariés et réalise un chiffre d'affaires annuel de 1 M€. Ses clients sont les exploitants d'éoliennes : EDF-Renouvelables, Engie ou Quadran (Direct Energie/Groupe Total) ou encore des exploitants étrangers implantés en France.

« Aujourd'hui, on équipe 65 éoliennes en France, Allemagne, Autriche et Finlande, précise le dirigeant. Notre carnet de commandes est plein à craquer ! Nous privilégions les marchés européens avant de nous exporter aux Etats-Unis, où le marché est politiquement compliqué. »

Si SafeWind intéresse prioritairement le marché des éoliennes terrestres, il peut aussi adresser celui des éoliennes off-shore. Biodiv-Wind s'est notamment positionné sur les trois projets d'éolien flottant en Méditerranée, le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) ayant exigé des suivis caméras sur tous les projets pilotes.

Levée de fonds et Pass French Tech

Outre une dizaine de recrutements sur les deux ans qui viennent (des profils d'informaticiens, d'écologues-naturalistes et de techniciens en électricité et électronique) pour assurer son développement, l'entreprise est sur le point de boucler une levée de fonds de 1,5 M€.

Elle vient de décrocher le Pass French Tech, « un accélérateur dans les négociations de notre levée de fonds, mais aussi un gain de visibilité vis-à-vis de nos clients, une source de motivation pour les équipes en interne et un argument pour attirer de nouveaux talents », évalue Henri-Pierre Roche.

Le dirigeant travaille déjà aux étapes suivantes : « Nous sommes en communication permanente avec nos systèmes, et demain, nous voulons pouvoir proposer d'anticiper des migrations importantes et alerter les éoliennes, connectées entre elles, en aval... Par ailleurs, nous allons nous lancer dans le deep-learning pour reconnaître les espèces par identification automatique et être plus fins dans la réaction à mettre en place. Aujourd'hui, nous avons une banque de données avec des dizaines de milliers de vidéos et nous espérons avoir les premiers résultats exploitables d'ici un an ».

Cécile Chaigneau

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Commentaires 3
à écrit le 09/05/2019 à 15:32
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Même de nuit? Les chauve-souris ne volent que du crépuscule à l'aube... Tenons-nous compte de TOUS les volatiles? Les "éoliens" acceptent de perdre de l'argent pour éviter un volatile? Sceptique... Tant d'argent pour une énergie inutile, intermittent...

à écrit le 09/04/2019 à 11:06
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Détecter c'est bien, mais arrêter la rotation des pales dans l'immédiat relève du rêve !

le 09/05/2019 à 15:41
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-"Puisque on vous dit que c'est technologique..." -"Ah, si c'est technologique...alors..."

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