Comment la cognition augmentée pourrait-elle être utile aux personnes évoluant ou intervenant dans des contextes difficiles ? La start-up Semaxone, cofondée par Guilhem Belda, a conceptualisé une solution qui s'appuie sur la convergence de technologies innovantes et d'analyses scientifiques multiples.
L'idée ? Dans un premier temps, identifier en temps réel l'état cognitif (mémoire de travail utilisée, stress, fatigue, etc.) des personnes travaillant dans un environnement difficile et analyser les flux d'informations (communications orales, check-listes, documents à traiter, etc.). Dans un second temps, leur proposer une assistance opérationnelle avec envoi d'informations adaptées.
« On essaie de réduire la charge informationnelle pour que l'opérateur soit dans un état optimal et que si problème intervient, il ait de la ressource mentale disponible, explique Guilhem Belda. Par exemple, pour un pilote sur la gestion d'une phase de vol, on peut intervenir sur les informations échangées, mettre en évidence celles qui sont importantes et les faire apparaître sur un écran déporté en temps réel. Dans le cadre d'une amélioration continue, on peut identifier les éléments qui peuvent mettre le pilote en état de stress en phase d'atterrissage et proposer de nouvelles procédures. »
Rythme cardiaque ou troubles de la voix
Créée en juillet 2018, Semaxone est hébergée par l'incubateur d'IMT Mines Alès. La start-up bénéficie du partenariat qui lie le Laboratoire de génie informatique et d'ingénierie de la production (LGI2P) d'IMT Mines Alès au Centre européen de recherche sur le mouvement humain, EuroMov, de l'Université de Montpellier.
Semaxone a commencé, en janvier dernier, à travailler directement au sein de l'unité de recherche EuroMov. C'est dans ce laboratoire que sont recueillies des données psycho-physiologiques (rythme cardiaque, activité cérébrale, mouvements oculaires, etc.). Le laboratoire utilise notamment la spectroscopie proche infrarouge qui permet de mesurer l'oxygénation de la zone du cerveau sollicitée en cas de raisonnement complexe ou de forte concentration.
Semaxone recourt également une évaluation paralinguistique de la voix (étude des troubles de la voix et de la parole), développée en partenariat avec le Laboratoire informatique d'Avignon.
Les chercheurs du LGI2P doivent alors évaluer « le coût cognitif de l'information » (analyses linguistiques, évaluation de la complexité sémantique et de l'adéquation du contenu transmis) et adapter les informations pour permettre à la personne de se concentrer sur sa tâche.
Simulation dans l'aviation militaire
Les secteurs visés sont essentiellement ceux de l'aviation, de l'industrie (centrales nucléaires par exemple), et du spatial.
« Notre solution peut aussi s'adresser au secteur médical, notamment dans le cadre d'opérations chirurgicales, ajoute Guilhem Belda. Nous ne sommes pas encore positionnés sur ce segment, mais nous avons des contacts. »
Si la solution a fait ses preuves en laboratoire, elle est aujourd'hui « en phase d'apprentissage automatique » : « EuroMov nous permet de construire un environnement sur simulateur, grâce au simulateur de mouvements iMose. Nous avons développé un projet de coopération avec le Centre d'expertise aérienne militaire (CEAM) chargé de conseiller l'État-Major de l'armée de l'air dans les travaux de développement de ses futurs équipements. Ce qui nous permet d'avoir une situation réelle à mettre dans le simulateur. Il s'agit de sécuriser et de rendre plus performant le travail des équipages dans un environnement tactique. Un 1e prototype avec le CEAM devrait être testé dans six mois ».
Une nouvelle Unité Mixte de Recherche
L'accompagnement de Semaxone par les deux laboratoires LGI2P et EuroMov est une première illustration concrète de leur synergie en matière d'accompagnement et de collaboration.
Déjà liés par des conventions, notamment des conventions individuelles d'accueil d'enseignants-chercheurs, les deux laboratoires ont décidé, à l'automne dernier, de la création d'une Unité Mixte de Recherche, baptisée « Santé numérique en mouvement ».
« Elle devrait voir le jour officiellement en janvier 2021, mais fonctionne déjà dans les faits », annoncent les laboratoires.
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