SafeWind est un système innovant de détection automatisée de la faune volante par vidéosurveillance, s'appuyant sur le seul logiciel de traitement vidéo capable de détecter et suivre des cibles mobiles grâce à un algorithme qui "filtre les pales" en temps réel. La solution, développée par l'entreprise biterroise Biodiv-Wind, analyse automatiquement le risque, c'est-à-dire la taille de la cible, la vitesse et la trajectoire. SafeWind engage alors par commande distante ou automatiquement des actions d'effarouchement acoustique pour dévier l'oiseau ou de régulation des pales, pour un ralentissement ou un arrêt.
Biodiv-Wind vient de boucler une levée de fonds, annoncée au printemps 2019, de 800 000 € auprès de auprès de l'Arec Occitanie, de Sofilaro (société de capital investissement régionale du groupe Crédit Agricole pour le Languedoc-Roussillon) et de son actionnaire historique (qui préfère rester discret).
« Ça a été long, et le confinement de mars n'a rien facilité, souligne Henri-Pierre Roche, le fondateur et dirigeant de Biodiv-Wind, qui reste actionnaire majoritaire de la société. Nous avons levé moins que ce qu'on avait envisagé, mais c'est largement suffisant pour ce qu'on veut faire. »
200 éoliennes équipées
Ce qu'il veut faire avec cette opération financière, c'est trois choses.
Pour l'heure, Biodiv-Wind, qui emploie une trentaine de salariés au sein de ses nouveaux locaux (l'entreprise a déménagé cet été) de Boujan-sur Libron (près de Béziers), réalise un chiffre d'affaires de 3 M€, dont 20 % à l'export. D'ici la fin 2020, la société, aura équipé quelque 200 éoliennes sur l'ouest européen (France, Allemagne, Espagne, Belgique, Autriche). Un projet est en phase d'étude en Islande.
« Le marché est émergeant, des concurrents se positionnent, notamment américains et allemands, déclare Henri-Pierre Roche. Nous avons un peu d'avance sur eux et nous avons de l'expérience, mais nous voulons aujourd'hui être plus présents à l'étranger. Nous devons donc développer notre réseau commercial avec des équipes dans les pays-cibles, c'est-à-dire l'Allemagne et l'Espagne, là où il y a le plus d'éoliennes. »
Un million de vidéos qualifiées par des ornithologues
Deuxième axe stratégique : introduire l'intelligence artificielle dans sa solution.
« Nous disposons aujourd'hui d'une base de données de plus d'un million de vidéos qualifiées par des ornithologues, explique le dirigeant. C'est suffisant pour entraîner des logiciels d'intelligence artificielle. En 2019, nous avons fait le POC pour valider la pertinence de notre base de données, et maintenant, nous voulons accélérer sur l'IA pour permettre l'identification automatique des espèces en temps réel. Hier notre outil réagissait quel que soit l'espèce de l'oiseau, y compris pour les espèces non protégées. Demain, avec l'identification en temps réel, on pourra différencier nos réactions en fonction des espèces d'oiseaux : par exemple, arrêter les éoliennes pour un vautour, mais simplement effaroucher un faucon car il réagit bien à ça, contrairement au vautour. »
Cette nouvelle fonctionnalité devrait être opérationnelle d'ici six mois. Elle est très attendue des opérateurs de l'éolien : « Avec cette fonction, on arrêtera moins souvent les éoliennes, ce qui permettra de mieux optimiser les machines », pointe Henri-Pierre Roche.
Identifier les oiseaux marins
Enfin, 3e objectif de Biodiv-Wind : accélérer l'industrialisation de sa solution.
« Nos clients sont des grands comptes industriels, avec une forte exigence de qualité. On repense nos équipements, nos processus d'assemblage, on est déjà certifié CE... Tout cela nécessite des compétences en ingénierie. »
L'entreprise compte également avancer sur l'éolien en mer : « Nous sommes déjà sélectionnés pour des éoliennes en mer françaises (opérateur non communiqué, NDLR) et nous sommes en négociation avec d'autres développeurs en éolien posé ou flottant. Et nous sommes lauréat de l'appel à projet "Avenir littoral" (État et Région Occitanie, NDLR) pour l'identification automatique des oiseaux marins. »
Le dirigeant annonce encore une dizaine de recrutements à venir sur 2020 et 2021.
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