Numalis, expert dans la validation des intelligences artificielles, lève 5 millions d’euros

Le 7 novembre, la deeptech montpelliéraine Numalis, qui développe des solutions pour la validation des algorithmes d’intelligence artificielle pour une IA fiable et sécurisée, annonce avoir bouclé une levée de fonds de 5 millions d’euros. Ses objectifs : booster sa R&D et son déploiement à l’international.
Cécile Chaigneau
La deeptech montpelliéraine Numalis a été créée en 2015 par Arnault Ioualalen, et s'est spécialisée dans l'explicabilité et la validation de la robustesse des intelligences artificielles par exploitation de méthodes formelles.
La deeptech montpelliéraine Numalis a été créée en 2015 par Arnault Ioualalen, et s'est spécialisée dans l'explicabilité et la validation de la robustesse des intelligences artificielles par exploitation de méthodes formelles. (Crédits : DR)

Numalis est l'une des entreprises françaises les plus en pointe en France pour une IA de confiance. La deeptech montpelliéraine, créée en 2015 par Arnault Ioualalen, est spécialisée dans l'explicabilité et la validation de la robustesse des intelligences artificielles (IA) par exploitation de méthodes formelles. Doctorant à l'Université de Montpellier, Arnault Ioualalen avait fait porter ses travaux sur la fiabilité des calculs des ordinateurs à destination des développeurs. Depuis, la startup s'est recentrée sur la fiabilisation des IA et a industrialisé ces approches mathématiques rigoureuses pour leur validation.

L'offre de Numalis s'adresse principalement aux grands acteurs de l'IA, notamment dans les domaines critiques exigeant une précision et une fiabilité renforcée, comme la défense, les transports (aéronautique, spatial, ferroviaire, automobile), la finance ou la santé. Parmi les entreprises référentes qui font appel à sa solution, Numalis évoque la SNCF, l'Agence européenne de l'aviation civile, Airbus, ou encore deux grands groupes européens de défense, l'entreprise danoise Terma et l'entreprise italienne Leonardo.

Le 7 novembre, l'entreprise annonce avoir bouclé une levée de fonds de 5 millions d'euros auprès du fonds Definvest (fonds du ministère des Armées géré par Bpifrance), du fonds 115K (fonds de venture capital de La Banque Postale), du groupe européen MBDA (leader du secteur des systèmes d'armes complexes) qui était déjà au capital depuis 2020, et de Safran Corporate Ventures (filiale de capital-risque du groupe Safran).

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Préparer l'industrie

Il s'agit de la deuxième levée de fonds de Numalis, après celle de 500.000 euros en 2019, notamment déjà auprès de MBDA. L'entreprise emploie une vingtaine de personnes pour un chiffre d'affaires qui se situe autour de 400.000 euros, que son dirigeant prévoit de doubler en 2024. Avec cette levée de fonds, Numalis veut ainsi se développer et accélérer son déploiement à l'international, tout en consolidant ses efforts de R&D afin d'affirmer ses positions sur le marché.

« Cette levée de fonds est une étape importante de notre développement, souligne Arnault Ioualalen. Notre solution a démontré son efficacité et nous avons maintenant les moyens d'accélérer notre présence sur le marché et de transformer notre leadership technologique en succès commerciaux. D'autant que la future réglementation européenne "AI-Act" arrive : il faut préparer l'industrie à cette réglementation et donc dimensionner Numalis pour se déployer en France et en Europe. Ça reste notre priorité pour l'année 2024... Numalis devrait doubler de taille dans les années qui viennent, avec des renforts sur les fonctions commerciales ou de R&D, mais nous allons également devoir nous renforcer, et de manière souveraine, sur les infrastructures de calcul et d'hébergement. »

Le dirigeant travaille aussi sa feuille de route à l'international : « Nous sommes également attentifs à d'autres marchés, notamment l'Amérique du Nord et l'Asie, qui restent à ce jour les premiers moteurs de la croissance du marché de l'IA et nous comptons profiter de cette étape importante pour adopter et consolider une véritable approche transversale du marché... Je discute avec une trentaine de pays et la réglementation européenne va faire des petits et inspirer d'autres pays comme le Canada, Singapour ou le Japon qui regardent déjà de près ce qu'on fait ».

Du ministère aux PME

Dans un communiqué, Alexandre Lahousse, chef du service des affaires industrielles et de l'intelligence économique à la Direction Générale de l'Armement (DGA), indique que « l'intégration progressive de l'IA par la DGA dans certains équipements livrés aux forces impose d'accompagner cette évolution par des solutions de supervision et de contrôle des algorithmes garantissant leur intégrité. Numalis concentre toutes les qualités que le ministère recherche en cette période charnière pour répondre à cette nouvelle étape dans la numérisation du champ de bataille ».

« Alors que le secteur aéronautique est confronté aux normes de sécurité les plus rigoureuses, cette collaboration s'inscrit dans la stratégie de Safran visant à faciliter l'adoption de l'IA, même dans des environnements des plus exigeants », souligne, quant à lui, Florent Illat, directeur général de Safran Corporate Ventures.

Si les activités de Numalis intéressent au premier chef les grands groupes, plus exposés et plus sensibilisés aux risques des cyberattaques, Numalis dit vouloir aujourd'hui approcher également les petites et moyennes entreprises qui font face aux mêmes enjeux : « Dans ce contexte, Numalis a pour objectif de faciliter l'adoption d'une IA de confiance et souveraine via ses solutions SaaS par les entreprises de toutes tailles ».

Elaboration des standards « AI-Act »

Arnault Ioualalen est devenu un référent IA en France : dans un paysage technologique en constante évolution et pour lequel le cadre réglementaire est encore émergeant, le dirigeant joue un rôle majeur dans l'élaboration de standards pour l'IA au niveau européen et international. Des normes qui serviront de base à la future réglementation européenne "AI-Act", qui devrait être finalisée d'ici 2025 et qui a vocation à encadrer le développement et l'utilisation des systèmes d'IA dans l'Union européenne. Dans cette démarche, Numalis permet « de garantir que les systèmes d'IA répondent à ces exigences en termes de transparence et de robustesse, pour une adoption en toute confiance ».

« Depuis plus de cinq ans, Numalis travaille sur les standards ISO, rappelle Arnault Ioualalen. L'AI-Act souhaite contraindre le cadre dans lequel on utilisera l'IA : la commission européenne produit des documents fixant des exigences - l'IA doit être robuste, transparente, équitable... - mais ne dit pas comment faire. Numalis, en tant qu'éditeur de normes, amène les standards ISO pour qu'ils soient estampillés et transformés en normes européennes. L'AI-Act sera mis en application début 2025, avec probablement, comme pour le RGPD, une période de tolérance. »

Concernant l'IA générative, technologie désormais accessible au plus grand nombre, « on en est au tout début du chemin mais on regarde de très près : la question aujourd'hui, c'est comment évaluer sa performance pour ensuite mesurer sa fiabilité ? On est sur un champ de recherche ouvert ».

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Cécile Chaigneau

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