MagicPallet monte d’un cran pour devenir un « CO2 killer » de la logistique

Organiser l’échange de palettes entre professionnels (transporteurs, distributeurs ou industriels) pour verdir la logistique en évitant aux acteurs de la supply chain des trajets inutiles et coûteux générés par les relocalisations de palettes vides. C’est la vocation de MagicPallet à Montpellier, qui structure son offre avec un outil de gestion de tous les supports de manutention.
Cécile Chaigneau
A Montpellier, MagicPallet a créé une plateforme d'échange de palettes Europe pour les transporteurs, industriels et distributeurs, leur permettant de géolocaliser et de récupérer des palettes vides en proximité pour les réutiliser.
A Montpellier, MagicPallet a créé une plateforme d'échange de palettes Europe pour les transporteurs, industriels et distributeurs, leur permettant de géolocaliser et de récupérer des palettes vides en proximité pour les réutiliser. (Crédits : DR)

L'European pallet association (EPAL, dont l'objectif est de faire appliquer un standard unique de qualité sur la fabrication et la réparation de palettes) avait annoncé, fin mars 2023, la fabrication de 109 millions de palettes Europe Epal neuves en 2022. En se basant sur une durée de vie moyenne de sept ans, l'association estime à plus de 650 millions le nombre de palettes Europe en circulation.

A Montpellier, la startup MagicPallet a créé, fin 2018, une plateforme d'échange de ces palettes pour les transporteurs, industriels et distributeurs, leur permettant de relocaliser des palettes d'un site à l'autre. Objectif : éviter aux acteurs de la supply chain des trajets inutiles et coûteux générés par les relocalisations de palettes vides chez les expéditeurs. Le principe : la géolocalisation et la récupération des palettes vides en proximité pour les réutiliser, et ainsi réduire l'impact environnemental du transport routier de marchandises.

« Encore beaucoup de professionnels transportent les palettes vides avant de les réutiliser, souligne Pierre-Edouard Robert, fondateur et dirigeant de MagicPallet. Notre plateforme gère un système d'échanges : par exemple, un magasin Castorama veut se débarrasser de palettes vides mais son centre logistique est loin, alors que le Carrefour voisin en a besoin. Nous avons développé une technologie de maillage, et pas uniquement en "one to one" : un algorithme crée des chaînes d'échanges pour aller chercher un maximum de combinatoires et proposer des palettes au plus près. Notre cœur de métier, c'est d'être un CO2 killer ! »

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Une saine gestion du parc emballage

La jeune entreprise, qui emploie aujourd'hui 18 salariés, vient d'ajouter un deuxième axe à son modèle économique en diversifiant son offre.

« La gestion des palettes Europe n'est qu'un bout du process chez nos clients qui nous ont demandé de verticaliser l'ensemble du process, explique le dirigeant à La Tribune. Nous avons donc développé un logiciel SaaS pour gérer l'ensemble de leurs stocks de supports de manutention, à savoir les différentes palettes - Europe, légères, Dusseldorfer, en plastique recyclé - mais aussi des containers à usage industriel, des caisses plastique, etc. En gros, tous les consommables de logistique. L'idée, c'est d'avoir une saine gestion du parc emballage pour acheter moins de neuf et éviter les ruptures de stock. »

Une phase pilote de cet outil de gestion a été lancée il y a deux ans et sa commercialisation a démarré au 2e trimestre 2023. Un outil « qui intéresse nos clients existants », assure Pierre-Edouard Robert, dont l'objectif, à terme, est de déployer le système d'échange sur l'ensemble de ces supports comme la plateforme le fait déjà pour la palette Europe.

« Mais nous ne voulons pas le lancer trop tôt pour ne pas créer de déceptif. La limite que nous proposons, c'est que la distance moyenne soit inférieure à 50 km du besoin. Il nous faut donc massifier notre outil sur ces autres supports de manutention avant de commercialiser la prestation d'échange, probablement en 2025. »

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« Le Tinder de la palette »

Parmi ses clients transporteurs, MagicPallet annonce aujourd'hui Stef, STG ou Étoile routière, mais le dirigeant indique avoir fait pivoter sa cible : « Nous adressons toujours les transporteurs, mais aujourd'hui, le segment royal, ce sont les distributeurs, comme Carrefour, notre client n°1, Leroy-Merlin, Castorama, U Logistique, Stokmani, Maison Johanes Boubet ou Lactalis... Sur l'outil de gestion, ce sont d'ailleurs eux que nous adressons en priorité, avec certains qui l'ont déjà adopté comme Fnac-Darty, Cora, Mobivia (Norauto, Midas, etc. - ndlr) ou encore l'industriel Aoste ».

Le groupe Carrefour est client de MagicPallet depuis environ trois ans sur la plateforme d'échange de palettes Europe, et a expérimenté l'outil de gestion des supports de manutention en phase pilote.

« La solution de MagicPallet vient répondre à une question qui n'a jamais été traitée, l'échange de palettes en proximité, témoigne Bertrand Swiderski, directeur Développement durable du groupe Carrefour. C'est le Tinder de la palette ! La plateforme nous permet de diminuer les kilomètres parcourus des camions - environ 250.000 km en moins - et donc les coûts mais à ce stade, nous n'avons pas calculé le gain économique... L'outil de gestion que nous avons expérimenté nous permet de piloter en interne la restitution des palettes, ce que nous faisions gérer par un tiers jusqu'alors. Je suis président de la PERIFEM, fédération technique du commerce dont MagicPallet est aussi membre : ce secteur est en train de se révolutionner. MagicPallet permet de rendre l'activité plus circulaire et donne du sens économiquement et environnementalement parlant. »

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Le dernier kilomètre pour récupérer les palettes

En marge de cet outil de gestion, MagicPallet travaille également au développement d'un service supplémentaire : un système prédictif : « Notre brique algorithmique est déjà une forme d'intelligence artificielle mais nous voulons pouvoir dire aux entreprises si elles risquent d'être en rupture de stocks sur un support de manutention et leur apporter des conseils d'approvisionnement, ce que nous pourrons faire grâce à la data que l'on brasse depuis six ans », promet Pierre-Edouard Robert.

L'entreprise a bouclé l'année 2023 sur un chiffre d'affaires d'un peu moins de 4 millions d'euros. En septembre 2020, elle levait 2,5 millions d'euros, notamment pour déployer sa solution en Europe.

« Pour le moment, nous travaillons sur du transfrontalier par opportunité mais il y a encore beaucoup à faire en France, observe le dirigeant, qui ne renonce pas pour autant à ses ambitions. Nous préférons consolider certains marchés mais l'Europe c'est l'avenir de MagicPallet ! »

Autre objectif visé par la levée de fonds : aller au-delà de son premier marché-cible des transporteurs et répondre à la demande des industriels et des distributeurs. C'est chose faite aujourd'hui et le dirigeant est même allé plus loin : « Nous avons industrialisé la gestion du dernier kilomètre pour aller chercher les palettes disponibles à proximité : nous organisons leur livraison si le client le souhaite. Cette offre, qui repose sur un abonnement et une commission à la palette, a rencontré un succès inattendu. Nous avons conclu des contrats-cadres avec des transporteurs nationaux et aujourd'hui, une bonne moitié des échanges de palettes génère la livraison du dernier kilomètre ».

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Cécile Chaigneau

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