Gard : la gauche en ordre dispersé, l'UMP confiant

Le combat politique dans les grandes villes gardoises favorise les listes nombreuses et concurrentes. Par ailleurs, de nombreux maires de communes moyennes seront directement réélus, faute d'opposants. C'est, dans une certaine mesure, le cas dans l'agglomération montpelliéraine.

Gard : la gauche en ordre dispersé
► La mauvaise conjoncture politique nationale n'aura donc pas permis à la gauche de présenter, dans les grandes villes du Gard, une offre unique et rassemblée. À Alès, Front de gauche et Parti socialiste rejouent une nouvelle version de « l'éternelle querelle dans les Cévennes » avec le conseiller général Jean-Michel Suau (FG) et Benjamin Mathéaud (PS), opposés dans un climat profond de déchirement interne et militant. Car après la primaire interne, Fabien Gabillon (PS) a rejoint l'équipe de Jean-Michel Suau, alors que Fabrice Verdier, député PS, tombeur de Max Roustan aux législatives de 2012, n'a pas relevé le défi. Dans un tel contexte, on comprend que Max Roustan, maire UMP sortant, qui n'a jamais été aussi bien implanté depuis 1995, puisse mener campagne dans la plus parfaite des sérénités. « La campagne, pour moi, elle débute au lendemain de mon élection à 8h00 du matin » explique-t-il, avec sa prudence coutumière. Néanmoins, la publication officielle d'un sondage manque toujours, à Alès, pour baliser ces dernières semaines de campagne.
► « Nous ne sommes pas très inquiets, à la fois pour Alès et pour Nîmes, explique Christophe Rivenq, secrétaire départemental de l'UMP. Pour cette élection dans le Gard, le PS pourra jouer en triangulaire en s'appuyant sur la percée du Front National. C'est peut-être son seul atout. » À Nîmes, le PS incarné par Françoise Dumas est finalement parvenu à trouver un accord avec Christophe Cavard (EELV), mais tardivement. Et la gauche non socialiste s'offre le luxe de deux listes concurrentes : celle du communiste Jean-Paul Boré et celle du Front de gauche conduite par Sylvette Fayet. « Nous ne sommes pas en concurrence frontale, mais sur des routes disons parallèles. Au deuxième tour, Jean-Paul Fournier n'a pas de réserve de voix », explique Françoise Dumas. Cette dernière entend bien rattraper son retard du premier tour (score évalué entre 12 et 15 % selon les sondages) en capitalisant sur l'électorat des deux autres listes de gauche, à condition de réussir une acrobatique opération de chirurgie politique pour rassembler tout le monde en 48 heures chrono. À droite, Jean-Paul Fournier (UMP) et Ivan Lachaud (UDI) ont déjà scellé un accord politique en décembre dernier pour être certains de virer largement en tête au premier tour (entre 32 et 35 %), alors que Front National pourrait se situer entre 18 et 20 %.

Petites communes : l'étonnante tiédeur des opposants
Au-delà de l'habituelle vacance de candidature dans les petites communes, on constate une étonnante perte d'appétit chez les opposants. Ainsi des dizaines de maires de communes de moyenne importance (entre 3 000 et 6 000 habitants tout de même) sont-ils déjà virtuellement réélus puisque leur implantation, souvent forte, n'a pas permis de générer un projet alternatif. C'est ainsi le cas de Laurent Jaoul à Saint-Brès (4 000 habitants), qui avait lui-même lancé un appel aux candidats en faveur d'une liste concurrente pour que le scrutin du 23 mars puisse se dérouler dans des conditions normales. « C'est le jeu démocratique. Les habitants doivent pouvoir évaluer mon bilan et aussi le projet que je porte. Ils doivent pouvoir adhérer ou pas, en tout cas se prononcer », explique-t-il. Même avec ce coup de pouce, son seul opposant, Jean-Claude Nürenberg (UMP-UDI), n'a finalement pas réussi à boucler sa liste. Dans les Pyrénées-Orientales, cette atonie est encore plus flagrante. Ainsi à Pollestres, commune en pleine expansion démographique de la périphérie de Perpignan, le maire sortant et ancien deputé UMP, Daniel Mach (UMP), est-il seul en piste, comme en 2008. À Thuir et Ille-Sur-Têt, c'est le même scénario de la grande solitude électorale, pour le candidat de gauche cette fois-ci. Dans l'Aude, la belle station de Gruissan, en fort développement touristique, n'a pas vraiment suscité les vocations de la droite classique pour contester le travail de Didier Codorniou (PS), le maire sortant, très bien implanté il est vrai. L'ancien international de rugby devra faire face à une seule candidate, Arlette Deschamps, pour le Front National.

Agglomération de Montpellier : un renouvellement relatif
Cinq maires sont d'ores et déjà réélus à Beaulieu (Arnaud Moynier), Cournonsec (Régine Illaire), Lavérune (Roger Caizergues), Saint-Brès (Laurent Jaoul) et Saint-Drézéry (Jackie Galabrun-Boulbes) puisqu'ils n'ont pas d'opposition. Plusieurs maires « emblématiques » de l'Agglomération ne se représentent pas. C'est le cas de Danielle Santonja à Juvignac, où l'on attend Arnaud Julien, président départemental de l'UMP. À Pérols, Christian Valette, réélu depuis 1995, passe la main. Jean-Pierre Ricco (UMP-UDI) et Alain Jamet (FN) sont en piste. Pierre Maurel, à Clapiers, et Jean-Pierre Mollet, à Teyran, eux-aussi tirent leur révérence. Dans cette commune, trois élus sortants sont en piste pour sa succession. Les autres « grands élus » font face à une opposition émiettée. C'est le cas de Jean-Pierre Grand (UMP) à Castelnau-le-Lez, de Cyril Meunier (DVD) à Lattes, d'Isabelle Guiraud (UMP) à Saint-Jean-de-Védas, de Jean Luc Meissonnier (DVD) à Baillargues, de René Revol (Parti de Gauche) à Grabels, ou de Pierre Bonnal au Crès.

Christian Goutorbe

Légendes et crédits photo : Jean-Paul Fournier et Françoise Dumas (©Edouard Hannoteaux), Jean-Michel Suau (©FDG), et Max Roustan (©Alès Agglomération).

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