Premier tour des municipales : la vague FN touche le Languedoc-Roussillon

Les sondages n'ont pas vu venir les poids lourds du FN à Béziers et à Perpignan, donnant ainsi des situations explosives pour les équipes sortantes UMP, ni le taux record d'abstention (47,86 %) alors que le rendez-vous est vital pour la gauche à Montpellier. Dans toute la région, on note un sérieux tassement de la gauche et la montée en puissance du FN.  

Le casse-tête de Béziers
À Béziers, les études successives donnaient Robert Ménard au coude à coude avec Elie Aboud. Mais le biographe de Jean Marie Le Pen l'a emporté de 4 300 voix, plongeant la droite locale dans un casse-tête qu'il sera bien difficile de résoudre sauf à convaincre le socialiste Jean-Michel Du Plaa de former une étonnante coalition UMP-PS. En attendant de voir se réaliser cette utopie politique, la gauche biterroise, enfoncée au premier tour, était dimanche soir plutôt sur une ligne molle de rassemblement PS-EELV-Front de Gauche. « Le front républicain est un fantasme des rédactions parisiennes », estimait dimanche soir Robert Ménard. « Les chiffres sont violents, inattendus. Nous avons pris en compte la colère des biterrois », explique Elie Aboud (UMP), qui propose de remodeler sa liste. Les socialistes donneront leur position dans la journée. En cas de victoire de Robert Ménard dimanche prochain, l'UMP pourrait conserver la présidence de la Communauté d'agglomération Béziers Méditerranée, sauf si le nouveau maire réussissait à passer un accord avec des élus de quatre, voire cinq communes. Ce qui semblait hier soir peu probable. Rappel des scores du 1er tour : Robert Ménard (44,88 %), Elie Aboud (30,17 %), Jean-Michel Du Plaa (18,65 %).


Incertitude à Montpellier
→ Dans la capitale régionale, Jean-Pierre Moure, candidat officiel du PS, est dans une position délicate, obligé de puiser dans le vivier des abstentionnistes. Il réalise seulement 25,27 %, très en retrait par rapport aux sondages, talonné par Philippe Saurel, dissident socialiste (22,94 %), et l'UMP Jacques Domergue (22,94 %). France Jamet (FN) est en situation de se maintenir (13,81 %), mais pas le Front de gauche de Muriel Ressiguier (7,54 %). Vu les déclarations du dissident dimanche soir, le rabibochage au sein de la famille socialiste n'est pas d'actualité. Le scénario d'une liste citoyenne conduite par Philippe Saurel, enrichie par celle de Jacques Domergue débarrassée de ses étiquettes des partis politiques, est envisageable. Le rapprochement n'était pas encore avéré ce lundi matin, bien que les discussions entre les deux hommes se soient engagées aux premières heures.
→ Dans l'agglomération de Montpellier, peu de surprise. La droite classique raffermit ses positions. Jean-Luc Meissonnier (Baillargues) et Pierre Dudieuzère (Vendargues) ont été réélus confortablement au premier tour. Jean-Pierre Grand (Castelnau-le-Lez), Cyril Meunier (Lattes) et René Revol (Grabels) sont en ballottage favorable. À Saint-Jean-de-Védas, Isabelle Guiraud possède une sérieuse avance (40,15 %) sur ses opposants, mais ceux-ci peuvent encore s'unir (Jacques Atlan à 26,93 %, Philippe Carrabasse à 21,47 %). La situation est encore meilleure pour Jean-Pierre Rico à Pérols (UDI) pour la succession de Christian Valette et pour Arnaud Julien à Juvignac. Dans l'Hérault, à noter la défaite du sénateur socialiste Robert Tropéano à Saint-Chinian et de Marcel Roques à Lamalou-Les-bains, les ballottages difficiles d'Alain Cazorla (PS) à Clermont-L'Hérault et de Marie-Christine Bousquet (PS) à Lodève.

Gard : la gauche dans le brouillard, le FN conquérant
→ Pour Max Roustan, maire sortant (UMP) à Alès, la vie politique est un long fleuve tranquille, qui s'écoule jour après jour, avec ou sans campagne électorale : 54,20 % au premier tour. Le PS alésien a six ans pour soigner sa migraine.
→ À Nîmes, le rêve d'un prometteur deuxième tour de la socialiste Françoise Dumas a explosé en vol : 14,73 %. 23 points de retard sur l'équipe UMP-UDI de Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud (37,23 %). Le FN devient le premier parti d'opposition (21,74 %). Les communistes divisés (Front de Gauche à 12,04 %) et les socialistes ont quelques heures pour essayer de recoller les morceaux.
→ Au Grau du Roi, Léopold Rosso, premier adjoint d'Etienne Mourrut, qui ne se représentait pas, arrive en tête (37,5 %) devant le socialiste Robert Crauste (34,85 %). Les deux FN se neutralisent mais peuvent s'aligner au deuxième tour.
→ À Saint-Gilles, Gilbert Collard (Rassemblement Bleu Marine) arrive largement en tête (42,57 %) devant l'UMP Eddy Valadier (25,36 %), le maire socialiste sortant Alain Gaido (23,14 %) et le candidat sans étiquette Samuel Serre (8,93 %). Seule solution pour éviter l'arrivée du député frontiste à la mairie ? Fusionner les deux listes UMP-PS ou bien convaincre le maire sortant de se retirer. Tard hier soir, la doctrine n'était pas établie.
→ À Beaucaire, le FN Julien Sanchez est largement en tête (32,85 %) devant une droite divisée : le maire sortant Jacques Bourbousson obtient 22,46 % et Christophe André à 18,17 %.
→ À Aigues-Mortes, le socialiste sortant Cédric Bonato est en difficulté (34,51 %). Il est devancé par l'UMP Pierre Maumejean (35,84 %). Isabelle Secretan (DVD à 11,44 %) et Stéphane Pignan (DVD à 11,10 %) peuvent se maintenir ou fusionner.

Perpignan : le coup d'éclat de Louis Aliot
→ Les sondeurs prévoyaient une réélection paisible de Jean-Marc Pujol (UMP). C'était sans compter l'hyperactivité de Louis Aliot, numéro 2 du FN, qui passe largement en tête (34,20 %) devant la liste UMP-UDI (30,57 %) et le PS Jacques Cresta, en chute libre (11,92 %). Le choc a été intense dimanche soir. C'est sans doute la stupeur qui a poussé Christian Bourquin le président de la Région à proposer une solution innovante : la fusion entre les listes UMP et PS pour faire barrage au FN et pour co-gérer la ville et l'Agglomération. « Cette proposition, c'est la meilleure manière d'offrir une plate-forme électorale supplémentaire au FN », a répondu Jean-Marc Pujol. Ce dernier, hier soir, se refusait à un rapprochement avec la centriste Clothilde Ripoull qui ne pourra pas se maintenir au second tour (9,83 %).
→ Dans le département des Pyrénées-Orientales, les grands élus ont été reconduits confortablement avec le score impressionnant de Jean Castex à Prades (70,20 %). À Canet-en-Roussillon, Bernard Dupont (UMP) signe 66,32 % alors que ses voisins de la côte sont également reconduits : Thierry Del Poso à Saint-Cyprien avec 56,44 %, et Alain Ferrand au Barcarès avec 54,63 %. À Argelès-Sur-Mer, le député PS Pierre Aylagas est réélu (57,40 %) et le sénateur François Calvet est reconduit au Soler. La surprise vient de Collioure où Michel Moly a été battu en duel par Jacques Manya. À Banyuls, l'opération « First Lady » de l'ancien maire Jean Rède qui avait propulsé son épouse en tête de liste UMP est vouée à l'échec. Jean-Michel Solé (DVD à 26 %) devance Roger Rull (24 %) et Hélène Rède (19 %).

Aude : les sortants chahutés
Dans l'Aude, les sortants socialistes sont chahutés, sauf à Limoux et à Castelnaudary où les sortants Dupré et Maugard sont réélus dès le premier tour. À Carcassonne, Jean-Claude PErez est affaibli (28,17 %), devant le FN Robert Morio (21,87 %). À droite, Gérard Larrat (sans étiquette, 18,89 %) et Isabelle Chesa (UMP, 18,08 %) s'unissent ou se neutralisent pour toujours, au terme des pourparlers engagés aujourd'hui. À Narbonne, le scénario est parallèle : le divers droite Didier Mouly (37 %), fils de l'ancien maire Hubert Mouly, et Frédéric Pinet (11 %), représentent une menace pour Jacques Bascou (33,6 %) alors que le FN sera au second tour (14%). À Leucate, Michel Py a manqué l'élection au premier tour d'une poignée de bulletins devant le FN. À Gruissan, Didier Codorniou (PS) est réélu très confortablement, en duel face au FN.


L'étonnante stabilité politique des villes du littoral
Les élus, notamment UMP, du bord de mer ont réussi à contenir les vagues du FN. Stéphan Rossignol (UMP, 54,3 %) est élu au premier tour à La Grande Motte. Christian Jeanjean (UMP) est en ballottage ultra-favorable tout comme François Commeinhes à Sète (32,86 %) qui devance largement le communiste François Liberti (21,63 %) et Marie-Christine Aubert (FN, 14, 38 %). L'ancien maire Yves Marchand (sans étiquette, 10,35 %) a annoncé qu'il ne se maintiendrait pas au second tour. À Frontignan, Pierre Bouldoire (PS) est en ballotage très favorable.


Lozère : Alain Bertrand en ballottage favorable
Le sénateur socialiste Alain Bertrand a lui aussi encaissé la baisse de la gauche. Il est en ballottage favorable à 47,90 % face à Ginette Brunel (DVD) à 43,72 %.

À Marvejols, Jean-François Deloustal remporte très facilement l'élection au premier tour avec 60 % face à Jean-Paul Chedanne. À Saint-Chély-d'Apcher, une triangulaire va opposer le maire sortant Pierre Lafont (UMP), qui obtient 46, 40 % des voix, à Joël Yoyotte-Landry (29, 99 %) et Christian Paran (PS, 23, 61 %).

Christian Goutorbe


Photo : Edouard Hannoteaux

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