Festival Visa pour l’image, une édition in situ et numérique

Pour sa 32e édition, le Festival de photojournalisme Visa pour l’Image, qui se tient à Perpignan, ville conquise par le Rassemblement national, jusqu’au 27 septembre, adapte son format aux contraintes de la crise sanitaire. Sans pour autant renier ses fondamentaux : « du fond, de la nuance et de la mise en perspective ».
Parmi les expositions présentées par Visa pour l'image, les photographies de Peter Turnley saisissant le visage humain du Covid-19 à New York.
Parmi les expositions présentées par Visa pour l'image, les photographies de Peter Turnley saisissant le visage humain du Covid-19 à New York. (Crédits : Peter Turnley)

« Cette 32e édition a été un peu compliquée à organiser mais on a la foi des montagnards. On ne voulait pas baisser les bras et rater ce rendez-vous important », justifie le combatif Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l'Image, le Festival de photojournalisme qui se tient en ce moment à Perpignan.

Alors que, la mort dans l'âme, nombre de festivals ont dû renoncer à leur programmation 2020, le rendez-vous international du photojournalisme est une bouffée d'air de cette rentrée culturelle atone.

L'inauguration officielle, le 29 août dernier, a d'ailleurs rassemblé un public nombreux et quelques personnalités politiques et culturelles, à commencer par Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture et président de l'association Visa pour l'Image, qui a tenu un discours très volontariste.

Un budget de 1,2 M€

Mais les attentes se tournaient principalement du côté du nouveau maire de Perpignan, Louis Aliot, membre du Rassemblement national et vice-président de Perpignan Métropole. L'ancien compagnon de Marine Le Pen a mis fin aux rumeurs d'une hypothétique volonté de suppression du festival.

« Je suis pour une volonté d'expression totale », a-t-il assuré.

Il est cependant encore trop tôt pour connaître l'implication future du maire pour ce festival, doté cette année d'un budget de 1,2 M€ (50/50 de financements publics et privés).

« J'ai rencontré M. Aliot un quart d'heure lors de l'inauguration, je n'ai donc aucune visibilité sur nos relations futures » lâche, laconique, Jean-François Leroy.

20 expositions

Malgré une version allégée qui dévoile 20 expositions (contre 25 habituellement) dans seulement deux lieux de la ville - le Couvent des minimes et l'église des Dominicains - l'essence du photojournalisme n'y a rien perdu.

Cette 32e édition aborde largement la thématique environnementale (Elena Chernyshoava, qui conte avec Sacrifice les méfaits de l'industrialisation en Sicile, Sarah Caron et ses Derniers des Mohana, James Whitlow et son édifiante Planète noyée de plastique, ou encore La déforestation de l'Amazonie de Victor Moriyama, ou Sècheresse et déluge en Inde de Bryan Denton).

Incontournable signe de notre temps, la pandémie bouleverse le monde. Particulièrement émouvant, le reportage du photographe italien Fabien Bucciarelli sur Bergame, épicentre de la pandémie, vient d'être couronné Visa d'or News. Sidérantes également, les photographies de Peter Turnley saisissant le visage humain du Covid-19 à New York.

« J'espère qu'on arrivera à vaincre ce Covid-19 mais par contre, j'ai peur pour la planète car je trouve qu'il est bien tard pour réagir », s'inquiète vivement le directeur du festival.

Autre signe particulier de cette édition, sur les 17 expositions personnelles présentées, huit sont réalisées par des femmes.

« C'est un hasard, s'en défend le directeur. Pour la sélection, avec mon associée, nous nous basons uniquement sur le talent et la qualité du travail et non sur le genre. On oublie trop souvent que la libération des camps de concentration a été photographiée par deux femmes, Lee Miller et Margaret Bourke-White. »

Rendez-vous en ligne

Ayant dû renoncer aux soirées en plein air sur les gradins du Campo Santo, le festival organise néanmoins, jusqu'au 12 septembre, des projections en boucle toutes les heures devant un maximum de 100 participants, projections qui sont également visibles sur son site internet.

« Cela va nous permettre de toucher un public plus large, d'autant que les artistes et la presse internationale n'ont pu se déplacer », déplore Jean-François Leroy.

En 2019, le festival avait accueilli près de 200 000 visiteurs. Cette édition sera probablement loin du compte.

« Nous avons tenu bon et en sommes ravis, insiste Jean-François Leroy. Même si cette édition n'est pas aussi exceptionnelle qu'elle aurait dû l'être, elle a le mérite d'exister ! »

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