La généralisation du télétravail semble a priori favorable pour les personnes en situation de handicap. En effet, à condition d'avoir un espace de travail bien aménagé, travailler de chez soi présente de nombreux avantages : s'affranchir du stress des transports, gérer plus librement son planning pour y insérer les contraintes propres à sa situation (rendez-vous médicaux, kiné, soulagement des douleurs, gestion de la fatigue...).

Cependant, ce plus grand confort du travail à domicile a pour défaut de renforcer l'isolement et donc de freiner l'intégration voir de favoriser l'exclusion de personnes fragiles socialement.

Par ailleurs, il faut noter que la crise sanitaire et économique que nous traversons, qui est à l'origine du fort développement du télétravail, a un effet potentiellement négatif sur l'emploi des personnes en situation de handicap. En effet, les derniers chiffres de l'Agefiph (novembre 2020) montrent des indicateurs préoccupants pour l'avenir. A première vue, les personnes bénéficiaires de l'obligation d'emploi ont été relativement épargnées par la crise, puisque le nombre de demandeurs d'emploi parmi cette population a diminué à fin juin (- 3 % sur un an) alors qu'il a augmenté de 5 % pour l'ensemble des publics.

Mais si on s'intéresse aux reprises d'emploi, on voit qu'elles ont diminué de 30 % pour les personnes en situation de handicap, contre 21 % pour le tout public. Cette statistique souligne le problème du chômage de longue durée, particulièrement aigu chez les personnes en situation de handicap. Il représente plus de 60 % des demandeurs d'emploi au sein de cette population. Plus d'un sur 4 est au chômage depuis plus de 3 ans.

Selon l'Agefiph, la dégradation de la situation économique liée à la crise sanitaire fait craindre un reflux inédit en défaveur des bénéficiaires de l'obligation d'emploi dès le second semestre 2020.

Le taux de chômage des travailleurs en situation de handicap risque donc de repartir à la hausse. Il avait pourtant baissé de 2 points en 2019 par rapport à l'année précédente, mais il reste à des niveaux élevés, 16 %, soit le double du taux de chômage pour l'ensemble de la population active.

Si la société ne réagit pas, les personnes les plus fragiles vont être les plus touchées par la crise et tous les progrès accomplis depuis plusieurs années pour améliorer l'emploi des personnes en situation de handicap risquent d'être réduits à néant en quelques mois.

Malheureusement, dans un contexte économique aussi incertain, les entreprises ne peuvent pas intensifier leurs efforts de recrutement : l'emploi a tenu jusqu'à présent grâce aux aides mais de nombreuses entreprises sont en situation précaire.

Doit-on pour autant se résoudre à abandonner la lutte pour une plus grande égalité sociale ? Une solution existe, applicable dès maintenant et instantanément par de nombreux chefs d'entreprise et responsables achats : c'est l'entreprise adaptée.

Une entreprise adaptée compte dans ses effectifs une majorité de personnes en situation de handicap. Piliers de l'économie sociale et solidaire, elles sont environ 800 en France et couvrent plus de 200 métiers différents. En plus du suivi professionnel, l'entreprise adaptée assure le suivi social des personnes en situation de handicap en les accompagnant de façon globale dans leur projet professionnel que ce soit en matière de formation ou d'évolution de carrière, au sein ou dehors de l'entreprise. Choisir de passer commande auprès d'une entreprise adaptée permet donc non seulement de favoriser l'emploi des personnes en situation de handicap mais aussi de s'impliquer dans une action de cohésion sociale et plus largement, de renforcer la responsabilité sociale de l'entreprise. Cela permet aussi aux entreprises de plus de 20 salariés qui peinent à remplir leur obligation d'emploi de personnes handicapées (OETH) - soit la grande majorité des entreprises - et qui sont de ce fait soumise à une contribution financière OETH spécifique, de réduire le montant de cette contribution financière.

En cette fin d'année, les entreprises connaissent avec précision le montant de leur cotisation financière, fonction de l'écart entre la proportion de salariés en situation de handicap au sein de leurs effectifs et le minimum de 6 % imposé. Elles peuvent toutefois encore la réduire en passant commande auprès d'entreprises adaptées, contribuant ainsi directement et durablement à l'emploi des personnes handicapées quand les conditions sanitaires ne permettent pas de le faire en interne.