C'est en préfecture de l'Hérault, à Montpellier que s'est tenue la première réunion du "Dialogue 5+5" consacrée à la cohésion et à l'aménagement des territoires. Elle réunissait autour de la table les ministres et secrétaires d'État chargés de l'Aménagement et de la Cohésion des territoires, issus de 5 États de la rive nord et de 5 États de la rive sud de la Méditerranée occidentale : l'Espagne, la France, l'Italie, le Portugal, Malte, l'Algérie, la Libye (absente ce 26 avril à Montpellier), le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.
Cette rencontre avait été précédée d'une Journée des autorités locales réunissant des collectivités territoriales issues de ces États à la mairie de Montpellier.
Une politique méditerranéenne
« Le "Dialogue 5+5" est un format extraordinaire, le plus ancien format en Méditerranée occidentale (depuis 1990, NDLR), le moins connu et pourtant le plus efficace, rappelle Pierre Duquesne, Ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. C'est en quelque sorte un "G", pas le G7 ou le G20, pas une institution, mais un groupe informel qui tente de pousser ses idées communes... On y discute de réseaux, de coopération, de ville durable, de lien entre rural et urbain, des ports, etc. L'objectif, c'est le montage de projets pilotes entre les dix pays... Il y a par exemple chaque année une quarantaine de programmes en commun sur la défense, de la formation de cadres jusqu'à des exercices de prévention civile en Méditerranée, mais aussi des actions collectives sur l'argent sale, la fraude financière, la lutte contre le blanchiment, ou encore sur la question des transports et de l'interconnexion... »
« L'ensemble européen n'est pas contradictoire avec une politique méditerranéenne, au contraire », ajoute Jacqueline Gourault, ministre française de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.
Répondre au sentiment d'abandon
Alors pourquoi s'intéresser aujourd'hui à la cohésion et à l'aménagement des territoires ? Les mouvements sociaux observés de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée et la cohésion des territoires qui est placée au cœur des politiques par les gouvernements n'y sont pas pour rien...
« Nous avons en effet des problématiques communes, et la cohésion des territoires est au cœur des réponses que l'on peut apporter au sentiment d'abandon de certaines populations, répond Jacqueline Gourault. Dans tous les pays, on observe une concentration de population sur le littoral et des régions de l'intérieur moins peuplées, voire désertées, avec parfois un sentiment de délaissement. L'aménagement du territoire est la réponse à apporter aux populations. Les territoires, c'est l'équilibre social d'un pays... L'intérêt de ce groupe, c'est le partage de bonnes pratiques. Les thèmes qui sont au centre de nos discussions sont la transition climatique ou le numérique par exemple. »
« Le refus d'une relégation »
Abdelahad Fassi Fihri, le ministre marocain de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville, ajoute : « Nous avons constaté dans nos pays qu'il y a des revendications qui s'expriment. Ces mouvements disent le refus d'une relégation, d'être laissés pour compte. Au Maroc, il reste beaucoup de choses à faire pour l'atténuation des disparités sociales. Ces démarches de cohésion du territoire, il faut les traiter maintenant, car il serait dangereux de les traiter sous la pression de l'urgence ».
Les ministres ont bien sûr évoqué les questions de mouvement des populations.
« Une section spécifique existe à 5+5 sur les mouvements migratoires, souligne la ministre française. Les départs de certains pays se font pour diverses raisons : la guerre, le climat mais aussi des raisons économiques. L'aménagement du territoire, c'est aussi apporter une réponse à ces difficultés économiques et sociales, donc ce n'est pas déconnecté de notre sujet, c'est même au cœur. »
Trouver des coopérations
Les ministres se sont engagés sur des axes de travaux sur quatre thèmes : « Le développement de pratiques communes d'observation territoriale, l'amélioration des rapports entre territoires côtiers et territoires de l'intérieur, le développement d'une gouvernance et d'une ingénierie capables relever les défis contemporains de l'ouest méditerranéen, et l'appui au développement des relations entre les autorités locales dans le cadre de la coopération décentralisée, qui existent déjà mais qui doivent se renforcer », énonce Jacqueline Gourault.
D'ici la prochaine rencontre, dans un an en Tunisie, les ministres promettent « de faire avancer les dossiers pour trouver des coopérations et répondre à ces thèmes de travail ».
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