Gratuité des transports à Montpellier : Michaël Delafosse annonce son lancement le 5 septembre

La Métropole de Montpellier va devenir la première à instaurer la gratuité des transports en commun pour ses habitants. La promesse de campagne du nouveau maire (et président de la Métropole) Michaël Delafosse se concrétisera par une première étape le 5 septembre prochain : la gratuité le week-end, en attendant une gratuité totale d’ici la fin du mandat.
Cécile Chaigneau
A compter du 5 septembre, les transports en commun seront gratuits pour les habitants de la Métropole de Montpellier.

C'était une promesse de campagne électorale durant les municipales, et l'une des plus discutées. La gratuité des transports en commun pour les habitants de la Métropole de Montpellier est en passe de devenir une réalité. Son déploiement se fera en trois phases, la première étant la gratuité le week-end à compter du 5 septembre prochain. Viendront ensuite la gratuité certainement sur un critère d'âge, puis la gratuité totale d'ici la fin du mandat.

Sur les affiches qui seront placardées partout - où les usagers sont masqués, contexte de crise sanitaire oblige - la collectivité clame ses motivations : « engagement face au changement climatique », « se mobiliser pour le pouvoir d'achat » et « renforcer l'attractivité des commerces de proximité ».

« J'ai pris mes fonctions de maire le 4 juillet, j'ai été élu président de la Métropole le 15 juillet, et la délibération actant cette mesure de gratuité a été adoptée par le conseil métropolitain du 31 juillet, soutenue par l'ensemble des maires de la Métropole, scande Michaël Delafosse, nouveau maire de la capitale languedocienne. Montpellier retrouve de la temporalité ! Les gens décident, nous mettons en œuvre, c'est une question de crédibilité de la parole publique. Montpellier devient ainsi la première Métropole de France à mettre en œuvre cette gratuité des transports, et va redevenir une ville qui fait référence en la matière. »

« Montpellier va peut-être devenir un modèle »

Pour expliquer sa démarche et sa mise en œuvre, l'édile a invité Maxime Huré, président du comité scientifique de l'Observatoire des villes du transport gratuit (35 à ce jour), qui évalue scientifiquement les effets de cette gratuité (y compris les gratuités partielles), notamment les grandes transformations urbaines occasionnées.

« 18 maires ont fait promesse d'instaurer la gratuité des transports, et Montpellier est la plus grande ville française à la mettre en œuvre, d'autant qu'elle le fait à l'échelle de la métropole, observe-t-il. Tous les regards nationaux - Clermont-Ferrand, Grenoble, Rouen, Nancy, etc. - et internationaux sont tournés vers elle... Dunkerque a fait office de laboratoire, Montpellier va peut-être devenir un modèle.

L'un des enjeux majeurs, c'est l'effet de la gratuité sur les jeunes : « Cela peut retarder le passage du permis ou l'acquisition d'une voiture, les aider à gagner en autonomie, décloisonner certains quartiers, et augmenter leur pouvoir d'achat. Dans une ville étudiante comme Montpellier, ça a un sens ».

Le projet de bus à hydrogène maintenu

Cette mesure - « prolongement logique de la tarification sociale et solidaire », selon Julie Frêche, vice-présidente déléguée au transport et aux mobilités actives - se veut aussi porte d'entrée de la collectivité dans la transition écologique du territoire.

« Je veux que Montpellier soit à la pointe de la lutte contre le changement climatique, en mettant ce qui est vertueux écologiquement en libre accès, affirme Michaël Delafosse. Tout ce qui n'est pas émetteur de CO2 fera partie d'une politique publique que nous défendrons : le vélo, la gratuité des transports collectifs, les cheminements piétons, ou encore les bus à haut niveau de service pour que le bus ne soit plus prisonnier des embouteillages et aille donc plus vite que ceux qui font le choix de la voiture. »

Pour ce qui est de l'offre de trottinettes en libre-service, Michaël Delafosse, qui se dit « très à cran sur ce sujet », affirme qu'il refusera catégoriquement d'avoir des trottinettes abandonnées n'importe où dans la ville comme on a pu le voir à Paris, mais que la collectivité étudie l'offre de nouveaux opérateurs qui proposent d'autres dispositifs.

Le maire précise par ailleurs que le projet d'équiper la collectivité d'une cinquantaine de bus à hydrogène (et d'une station de production d'hydrogène par électrolyse) à horizon 2025, initiée par la précédente équipe municipale, est toujours d'actualité : « J'ai dit à la présidente de Région Carole Delga que Montpellier participera à structurer la filière hydrogène. Les bus que nous allons commander répondront à cette technologie qui commence à faire ses preuves ».

Une mesure redistributive

Sur l'épineuse question du financement de cette mesure, et alors que la TAM* (société d'économie mixte chargée par délégation de service public des transports en commun de la Métropole montpelliéraine) pourrait perdre entre 12 et 20 M€ de recettes commerciales (sur 39 M€) du fait de la crise sanitaire, Julie Frêche explique que la collectivité s'est basée sur une enquête "Ménages et déplacements" de 2014 actant que 90 % de métropolitains et 10 % de non-métropolitains prenaient les transports en commun.

« Nous avons estimé le coût de la gratuité totale à 24 M€, détaille-t-elle. Sur les 4 dernier mois 2020, la gratuité le week-end coûtera 1,3 M€, auxquels il faut ajouter la réduction de 10 % sur les abonnements mensuels et annuels dès le 15 septembre, soit 600 000 €. Ce qui fait un total de 1,9 M€, soit 5,6 M€ sur une année pleine. C'est la fourchette haute de l'évaluation financière. Pour les non-métropolitains, le forfait tarifaire reste le même. Et le ticket parking+tram est aussi réduit de 10 %. »

« Cette mesure est financée au budget de la Métropole, dont les impôts sont parmi les plus élevés de France, ajoute Michaël Delafosse. Nous sommes donc fondés à se demander s'ils sont convenablement redistribués ? Cette mesure est redistributive. Nous sommes là pour transformer les politiques publiques, pas pour les empiler ! Une mesure de gratuité des parkings était prévue jusqu'au 15 septembre. Ce qui avait été provisionné pour les parkings, nous le réaffectons à la gratuité. Nous redéployons les budgets. Il faut faire des choix... J'ai échangé avec des élus de Dunkerque, où le dynamisme fiscal est préoccupant. Mais à Montpellier, ce dynamisme est là, notamment grâce à la saison touristique qui a mieux résisté. »

* La TAM revendique 12 millions de km et 90 millions de voyages par an.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 28/08/2020 à 7:37
Signaler
On jugera le résultat sur pièce. Par contre, s'il avait été dit que la mise en œuvre serait progressive, Delafosse avait été plus discret sur le fait que ça prendrait tout le mandat. Fallait sûrement lire les astérisque en petit en bas du programme. ...

à écrit le 27/08/2020 à 16:10
Signaler
Julie Freche? Le même nom mais pas le même talent que le papa! Pour autant aussi prétentieuse et désagréable que la maman! Quant à Michael Delafosse, prendra-t-il le bus à hydrogène pour se rendre dans les maisons accueillantes de la frontière espagn...

à écrit le 26/08/2020 à 22:45
Signaler
Il y a bien quelqu'un qui va payer ... les contribuables de Montpellier et de l'agglo. .. Facile d'être genereux avec l'argent des autres. ... typique de nos politiques de tout bord

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.