Hydrogène : Hynamics (EDF) développe deux projets mobilité à Montpellier et au Grau-du-Roi

L’hydrogène a fait son entrée sur le terrain de jeu des ENR et est désormais un incontournable facteur de l’équation, notamment sur les questions de mobilité. Hynamics, filiale du groupe EDF dédiée à l’hydrogène bas carbone, présente, dans le cadre du forum Energaïa, deux gros projets à Montpellier (51 bus à hydrogène) et au Grau-du-Roi (solutions de mobilités terrestres et maritimes).
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Dans le pari de la décarbonation des énergies, le groupe EDF développe deux projets d'envergure sur le périmètre de l'ex-Languedoc-Roussillon. Ils sont portés par sa filiale Hynamics, dédiée à la production et commercialisation de l'hydrogène bas carbone, « la réponse d'EDF sur le vecteur hydrogène qu'il faut installer dans le paysage », souligne Gilles Capy, délégué régional Occitanie d'EDF.

« Nous souhaitons adresser les marchés de l'industrie et de la mobilité, précise Christelle Rouillé, directrice générale de Hynamics, en déplacement à Montpellier sur le Forum Energaïa, salon annuel dédié aux énergies renouvelables (les 11 et 12 décembre). Nous travaillons d'abord sur les mobilités lourdes : les bus, les camions, les bennes à ordures, ainsi que le maritime et le fluvial... Nous travaillons dans une logique d'écosystème. »

Parmi les projets développés par la filiale, deux projets inédits par leur typologie : 51 bus à hydrogène pour la Métropole de Montpellier (34) et des solutions de mobilités terrestres et maritimes pour le Grau-du-Roi et Port-Camargue (30).

Diversifier les usages de mobilités

La métropole de Montpellier se classe en piètre position (10e sur 12) dans l'étude publiée, le 11 décembre, par Greenpeace, le Réseau action climat et Unicef sur les actions des grandes agglomérations en matière de transports pour améliorer leur qualité de l'air.

Dans son bilan de consommation d'énergie, le transport tient la corde (40 %) et est aussi le premier secteur favorisant les émissions de polluants. Comme le rappelle Fabien Blasco, directeur de l'innovation pour la Métropole de Montpellier, la collectivité poursuit pourtant une politique de transition écologique et de mobilités plus durables, dans laquelle figurent donc les bus à hydrogène.

« Nous continuons dans une stratégie de mix énergétique, explique-t-il. Nous avons déjà aujourd'hui 115 bus GNV, et 4 lignes de tramway et bientôt 5. Mais nous avons besoin d'un maillage de lignes de bus métronomes... En même temps que la ligne 5 de tramway, nous construirons un nouveau dépôt tram et bus, Énergies du Sud y exploitera un parc photovoltaïque qui fournira l'énergie renouvelable décarbonée, soit 2,8 MWc, dont la moitié alimentera la station de production d'hydrogène. »

C'est alors Hynamics qui installera et exploitera cette station de production d'hydrogène par électrolyse, destinée à approvisionner les bus, « 21 à partir de 2023, puis 30 à partir de 2025 », précise Fabien Blasco.

L'objectif, à terme, est de massifier la production d'hydrogène pour diversifier les usages de mobilités dans la métropole : bennes à ordures ou camions de transport, voire même, à horizon plus lointain, véhicules de particuliers.

Selon Christelle Rouillé, le projet n'a pour l'heure pas d'équivalent en France de cette ampleur, « même si toutes les métropoles travaillent sur le sujet », fait observer Fabien Blasco.

Port-Camargue : une navette, des grues et un bateau

Dans le Gard, c'est la commune du Grau-du-Roi qui se montre précurseur sur le sujet.

« L'objectif à terme, c'est le monde de la pêche, mais il faudra du temps et nous avançons donc d'abord sur les mobilités terrestres de la ville et du port, souligne Christelle Rouillé chez Hynamics. Nous avons déposé neuf dossiers au guichet de l'Ademe (appel à projet mobilité, NDLR), dont celui du Grau-du-Roi. On peut espérer une mise en service fin 2021. »

« Nous envisageons plusieurs solutions de mobilité, déclare Robert Crauste, maire du Grau-du-Roi. Sur les mobilités terrestres, nous souhaitons mettre en place une navette routière à propulsion hydrogène entre le quartier du Boucanet et Port Camargue, en période estivale mais pas seulement, pour réduire l'usage de la voiture. Nous étudions aussi la possibilité que certains véhicules municipaux puissent fonctionner à l'hydrogène. Nous envisageons également d'ouvrir le dialogue avec de grands prestataires de la commune sur le ramassage des ordures ménagères ou la propreté. »

A Port Camargue, premier port d'Europe avec ses 5 000 places, le directeur Michel Cavaillès développe : « Hynamics implantera une unité de production d'hydrogène au Grau-du-Roi. La première étape sera la motorisation des quatre grues pour la manutention des bateaux, en alternative aux moteurs gasoil. Il s'agira d'adapter les moteurs, avec un système de bonbonne hydrogène. La première grue devrait être équipée en 2021 ».

Mais l'enjeu est plus vaste : construire un premier bateau polyvalent à double emploi. Navette fluviale en saison estivale, il transportera des personnes depuis un parking de délestage à l'entrée de la ville jusqu'au centre-ville, et bateau de pêche le reste du temps.

« L'enjeu pour les pêcheurs est de sortir de l'énergie gasoil, polluante et dont les cours sont fluctuants, explique Michel Cavaillès. Ils sont partants pour trouver une énergie financièrement stable et décarbonée... Il faut compter encore environ deux ans d'études et d'autorisation administratives, car ce type de bateau n'existe pas. Nous serons parmi les tous premiers au niveau national à développer ce concept. L'objectif à plus long terme sera de motoriser les chantiers. »

Cécile Chaigneau

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