Éolien flottant en Occitanie : quelle préfiguration industrielle pour quelles entreprises ?

Le salon Energaïa, qui se déclinait cette année en version digitale, a fait le point, le 10 décembre, sur la dynamique de la filière naissante de l’éolien flottant sur la façade méditerranéenne en Occitanie. Outre les deux fermes-pilotes à venir dans l’Aude, tous les regards sont tournés vers le port de Port-la-Nouvelle et la structuration de la filière et du bassin d’emplois autour de cette nouvelle filière industrielle. Point d’étape.
Cécile Chaigneau
(Crédits : MHI Vestas Offshore Wind)

La filière de l'éolien offshore flottant est encore jeune mais connaît des développements industriels rapides à l'échelle mondiale. Les premiers parcs commerciaux commencent à voir le jour en Europe et la France délimite les zones d'accueil des futurs parcs de grande taille.

Lors du salon Energaïa, qui se déroule tous les ans à Montpellier et connaissait cette année sa première déclinaison digitale, a consacré une matinée à l'éolien en mer flottant et à son déploiement sur la façade méditerranéenne en Occitanie, où deux fermes-pilotes (trois éoliennes de 10 MW chacune) devraient voir le jour à horizon 2023 au large de Gruissan et de Leucate, dans l'Aude.

La première, EolMed, est portée par la société montpelliéraine Qair (ex-Quadran). Début octobre, le groupe Total est entré à l'actionnariat du projet EolMed à hauteur de 20%.

La seconde ferme-pilote, les Éoliennes flottantes du Golfe du Lion (EFGL), est portée par Engie Green, « projet désormais purgé de tout recours, se réjouit Didier Codorniou, 1er vice-président en charge de l'économie maritime, du littoral et des aéroports à la Région Occitanie. Le chantier va pouvoir être lancé sur le port de Port-la-Nouvelle, avec une livraison des premières infrastructures au premier semestre 2021. Et concernant EolMed, les autorisations ont été obtenues et le chantier devrait démarrer fin 2021 ».

Port-la-Nouvelle : lancement des chantiers

Les chantiers sur le port de Port-la-Nouvelle, ce sont les aménagements requis pour l'installation des fermes-pilotes et la préfiguration du projet industriel qui se dessine derrière, avec la perspective des parcs commerciaux à venir (deux en Méditerranée : un en région Paca et un en région Occitanie).

La Région Occitanie a programmé un investissement de 234 millions d'euros sur le port de Port-la-Nouvelle, notamment pour l'aménagement d'un nouveau quai à même de traiter les colis « lourds » de l'industrie de l'éolien flottant, protégé par une digue de 700 m contre l'effet de houle.

Pour piloter l'opération et structurer la gestion future du port de Port-la-Nouvelle, la Région Occitanie s'apprête à créer une société d'économie mixte à opération unique (SEMOP). Elle devrait être validée par la commission permanente de la collectivité demain vendredi 11 décembre.

« Il s'agit d'une première pour un port de commerce, souligne Didier Codorniou. La Région sera actionnaire à 34% en tant qu'exploitant portuaire, et aura la présidence, avec une gouvernance élargie... La SEMOP est un outil nouveau qui va permettre de changer d'échelle et faire du port une référence sur la Méditerranée. »

120 entreprises identifiées en Occitanie

Derrière cette préfiguration de la filière se dessine une question essentielle pour l'économie régionale : comment faire en sorte que la construction des parcs éoliens en mer profite au maximum aux entreprises locales. Un vrai défi.

Afin de structurer la filière de l'éolien en mer flottant, la Région, son agence de développement économique Ad'Occ et le pôle Mer ont lancé la démarche Win d'Occ pour identifier les entreprises du territoire à même de répondre aux besoins industriels à venir.

« Selon le Pôle Mer, 60 % des besoins de la filière peuvent être couverts par des entreprises d'Occitanie et aujourd'hui, 120 entreprises ont été identifiées comme pouvant contribuer à cette chaine de valeur en région », annonce Marie Tchakerian, directrice de la Mer à la Région Occitanie.

La co-fondatrice de Wind'Occ, Marie-Laure Barois, annonce que l'objectif est de « rassembler les forces pour aider les entreprises à se préparer » : « Avec Wind'Occ, on s'est rapproché d'autres cluster pour rédiger une charte et accompagner les entreprises à monter en connaissances et en compétences pour répondre aux appels d'offres ».

Le pied à l'étrier

Christophe Clergeau, coordonnateur de l'Observatoire EMR, le cluster maritime français, confirme et rappelle les résultats (au 31 décembre 2019) d'une étude sur la filière émergeante de l'éolien en mer : « 291 entreprises nationales ont répondu, dont 36 en Occitanie. Ces chiffres sont modestes mais c'est normal car c'est au moment de la construction des fermes-pilotes et des parcs commerciaux que l'emploi décolle. La région Occitanie a des atouts : un grand nombre de développeurs qui seront les chefs de file de la réalisation des projets, de nombreux établissements d'enseignement et de recherche, et des investissements forts. 120 entreprises sont mobilisables, 20 mobilisées aujourd'hui. Beaucoup viennent des énergies renouvelables terrestres et déjà de l'aéronautique... Ces compétences sont valorisables au niveau national et européen. Toute la difficulté pour les TPE-PME, c'est d'accéder aux marchés. D'où l'intérêt des partenariats avec les développeurs qui ne développent pas des projets qu'en Occitanie, et avec les grandes entreprises, pour que ces grands acteurs leur mettent un pied à l'étrier en Occitanie et puissent ensuite les emmener pour répondre à des marchés ailleurs en France et en Europe ».

« L'Occitanie est sur la ligne de départ »

Selon Christophe Clergeau, « les deux régions européennes identifiées sur l'éolien flottant, c'est l'Ecosse et la Méditerranée française dont Occitanie : l'Occitanie est au début d'une histoire et elle a encore la capacité à exercer un leadership, à attirer de grands acteurs et des talents. L'Occitanie est sur la ligne de départ dans les précurseurs de l'éolien flottant, ce qui laisse beaucoup d'espoir sur les perspectives d'emplois ».

Mais attention, car la réglementation européenne interdit dans les appels d'offres les critères favorisant les entreprises locales.

« Demander une activité en région dans le cahier des charges est interdit, met en effet en garde Matthieu Monnier, délégué général adjoint en charge de l'offshore, des territoires et expertises à France Énergie Éolienne (FEE). En demandant aux porteurs de projet d'avoir recours à plus de PME européennes, on favorisera les PME françaises qui seront plus compétitives car plus proches. D'où l'intérêt du travail d'anticipation de Wind'Occ. Il faut former ces entreprises aux process de sourcing des grands donneurs d'ordres plutôt que contraindre par un critère dans le cahier des charges qui serait retoqué par commission européenne car illégal. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2020 à 8:49
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Surtout que la méditerannée ultra polluée est de moins en moins poissoneuse, de ce fait l'installation de ces éoliennes offshore deviendrait en plus salvatrice de l'écosystème que nuisible au secteur de la pêche surtout que quand on se promène sur la...

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