Le groupe Tubert intensifie la valorisation des bateaux de plaisance en fin de vie

Implanté à Elne (Pyrénées-Orientales), le groupe familial Tubert Environnement, spécialisé dans les métiers du traitement et de la valorisation des déchets, vient d’investir 4 millions d’euros pour automatiser les process de l’un de ses sites, et s’apprête à ouvrir une nouvelle plateforme dans le nord de Perpignan. Très impliquée dans le recyclage durable des bateaux de plaisance hors d’usage, l’entreprise mène en collaboration avec l’IMT d’Alès un projet novateur.
Le projet Thana'Boat, porté par Tubert Environnement avec l'IMT Mines Alès, a vocation à valoriser la résine polyester insaturée et les fibres de verre, résidus du recyclage des bateaux de plaisance.
Le projet Thana'Boat, porté par Tubert Environnement avec l'IMT Mines Alès, a vocation à valoriser la résine polyester insaturée et les fibres de verre, résidus du recyclage des bateaux de plaisance. (Crédits : Tubert Environnement)

A l'origine spécialisé dans le domaine des travaux agricoles, le groupe Tubert s'est diversifié dans la protection de l'environnement et dans le développement durable. Dirigée par Patrick Tubert et son fils Vincent, l'entreprise familiale (70 salariés, 10 millions d'euros de chiffres d'affaires) possède trois sites à Elne (Pyrénées-Orientales) : une plateforme de compostage (recyclage de bois propre en combustible ou de bois contreplaqué envoyé chez des panneautiers), un centre de tri pour la valorisation des déchets en mélange, et un site de production de plaquettes forestières.

« Cette diversification d'offres, qui s'inscrit dans une démarche durable, répond à la demande croissante de professionnels du département - entreprises du BTP, entreprises de nettoyage ou d'entretiens d'espaces verts, hôtellerie de plein air, etc. - qui souhaitent trouver des solutions pour éliminer leurs déchets de tous types, y compris les déchets dangereux, conformément à la réglementation », résume Vincent Tubert.

55.000 tonnes de déchets traitées chaque année

Depuis le début d'année, le centre de tri pour la valorisation des déchets a fait peau neuve. Le groupe Tubert a en effet investi 4 millions d'euros dans un process automatisé avec des machines de tri optique dernier cri. Objectif : faciliter le travail des salariés qui évoluent dans un environnement poussiéreux et bruyant. Le process devrait également permettre, à terme, d'augmenter les capacités de valorisation qui sont actuellement de l'ordre de 55.000 tonnes par an.

Pour élargir son activité et diminuer les flux de camions, le groupe Tubert va investir près d'1 million d'euros dans un nouveau site, au nord de Perpignan.

« Ce site combinera plateforme de compostage et tri des déchets, projette le jeune dirigeant. Il répondra bien sûr aux normes Installations Classées Protection de l'Environnement, et sera opérationnel dans le courant de l'année. »

Premier centre de tri de déchets industriels du département, le site d'Elne est également spécialisé dans la valorisation des biodéchets conditionnés (invendus des supermarchés) dont une partie est envoyée en méthanisation, et des bateaux hors d'usage.

Coopération avec des éco-organismes

Depuis 2014, le groupe s'est en effet rapproché de l'Association pour la Plaisance Eco-Responsable (APER) qui a mis en place une filière volontaire de déconstruction des bateaux de plaisance en fin de vie et apporte à leurs propriétaires une solution technique, logistique et environnementale satisfaisante. Le concept fonctionne plutôt bien, le groupe Tubert récupérant en moyenne 150 bateaux hors d'usage sur une zone allant de La Grande Motte (Hérault) à Cerbère (Pyrénées-Orientales).

« A la différence du marché automobile, les bateaux sont produits en petite série, il n'y a donc pas de pièce en réemploi, explique Vincent Tubert. Nous séparons donc l'ensemble des matériaux. »

Ainsi, le bois part dans une filière recyclage bois, les mousses dans la production de CSR combustibles solides de récupération (CSR), et l'accastillage en fer, laiton ou alu est envoyé dans des fonderies. Restent les produits constitués de résine polyester insaturée et de fibres de verre, difficiles à valoriser.

Le projet Thana'Boat

C'est justement pour pallier cette difficulté que l'entreprise Tubert a contacté l'IMT Alès.

« Faire de l'incinération ou de l'enfouissement n'est pas dans notre ADN, assure Vincent Tubert. Grâce à l'IMT Alès, nous nous sommes rapprochés de la société toulousaine Alpha Recyclage Composites pour développer un schéma opérationnel d'optimisation des procédés et matériaux de la valorisation du gisement des bateaux de plaisance hors d'usage. »

« Ce projet a non seulement une importance en termes d'impact sociétal et environnemental, mais permettra aussi pour créer une filière viable économiquement pour une solution à long terme des déchets composites », ajoute Patrick Lenny (UMR Laboratoire de Mécanique et Génie Civil) et responsable scientifique du projet.

Baptisé Thana'Boat, ce projet d'un montant estimé à 300.000 euros (financé par l'État et la Région Occitanie à hauteur de 70%, le reste par les deux sociétés), est planifié sur un an, les premiers travaux venant de commencer en laboratoire. S'il aboutit, le scénario pourrait être décliné à d'autres types de gisement comme l'automobile, le ferroviaire ou l'éolien.

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