Neocean, créé début 2019 à Montpellier par Vincent Dufour, océanographe de formation, a conçu un catamaran individuel léger, baptisé Overboat, premier bateau électrique à foil autorégulé, filant à 7,5 nœuds (14 km/h) et jusqu'à 15 nœuds (28 km/h) en vitesse maximale. Ne nécessitant pas de permis, l'Overboat se veut respectueux de l'environnement marin : propre et silencieux, il est procure « des sensations de glisse inédites et l'impression de voler sur l'eau », aime à dire Vincent Dufour, en ne consommant que 20 % de l'énergie consommée par le même bateau à moteur hors-bord, sans bruit et ni émissions polluantes dans l'eau.
L'Overboat est équipé de trois technologies innovantes : un moteur électrique au rendement très élevé, un foil en "T inversé" (très profilé et peu encombrant) doté de systèmes d'articulation brevetés sous le bateau, et une technologie de régulation automatique avec des capteurs analysant la position du bateau sur l'eau (vitesse, altitude, tangage, roulis, etc.).
En octobre, l'Overboat décrochait le label "1000 solutions pour la planète" de la fondation Solar Impulse. Une reconnaissance de la dimension écologique de sa solution, qui sera indéniablement un argument commercial supplémentaire.
« Cet été, le jet-ski a beaucoup marché, générant beaucoup de nuisance de bruit. Notre produit correspond exactement aux attentes du marchés : une sortie en "mer plaisir" avec la sensation mais sans polluer et nuire aux autres riverains. »
Essais sur Seine
Mais la crise sanitaire du Covid-19 est venue bouleverser les plans de la start-up, qui a dû s'adapter. Ainsi, tous les salons nautiques, sur lesquels Neocean comptait beaucoup pour faire la présentation et la promotion de l'Overboat, ont-ils été annulés.
« Nous avons fait faire des essais grand public cet été, auprès des loueurs, des campings 4 et 5 étoiles, indique Vincent Dufour. Et le 26 octobre, nous avons fait des essais sur la base olympique de Vaires-sur-Marne avec la Fédération française de canoé-kayak et la Ligue française de l'aviron qui cherchent des engins qui qui ne font pas de vague et pas de bruit. Le lendemain, nous étions sur la Seine à Paris, avec les autorités portuaires de Paris, des représentants des administrations et la start-up Click&Boat (plateforme communautaire permettant à des particuliers et des professionnels de proposer leur bateau à la location, NDLR). Car aujourd'hui, il n'existe pas d'offre individuelle sur la Seine, qui comprend des zones où la vitesse libre même si elle est limitée. »
Le dirigeant assure que Neocean est en train de signer les premières ventes fermes, « malgré une forte résistance à l'achat dans cette période ». La 1e série limitée devrait être livrée avant le début de la saison estivale 2021.
Sans foil et moins cher
En décembre 2019, Neocean avait réussi à lever 1 M€ « en quatre tranches auprès d'investisseurs privés notamment », se contente aujourd'hui de préciser Vincent Dufour. Objectif principal : le développement de la version biplace et triplace (jusqu'à 200 kg de poids de charge). Mais là aussi, les plans ont bougé.
« Nous avons sorti une version classique de l'Overboat, c'est-à-dire la même coque et le même moteur mais sans foil, indique le dirigeant. Testée en février, son développement a été décidé durant la première phase de confinement. Cela reste un engin pratique et ludique mais deux fois moins cher (12 500 € TTC, NDLR) à destination des zones à vitesse réglementée comme les ports, comme les eaux intérieures - par exemple le Canal du Midi ou les canaux à Sète - où l'Overboat avec foiler est trop rapide. Nous lançons la commercialisation des deux modèles en même temps. »
La crise Covid a eu un deuxième effet pour Neocean, comme l'annonce Vincent Dufour : « Nous avons accéléré la réalisation du biplace qui sortira début 2021. Nous avons déjà mis au point un prototype, un peu moins grand que ce qui était prévu. La version classique est prête et la version avec foiler sera testée en début d'année prochaine. Les marchés visés sont les mêmes, mais cette version biplace sera bien sûr plus chère et nécessitera un permis bateau ».
L'entreprise emploie aujourd'hui une dizaine de personnes. Et poursuit ses réflexions avec l'Université de Montpellier, dont elle est une spin-off.
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