Prêt garanti par l’État : « Notre objectif, c’est d’être très réactifs »

Depuis le 25 mars, les réseaux bancaires examinent les dossiers de demandes du prêt garanti par l’État (PGE), mis en place en urgence pour venir en aide à toutes les entreprises confrontées à des problèmes de trésorerie liés à la crise du coronavirus. Entretien avec Benoît Viguier, directeur des Entreprises et des Ingénieries à la Banque Populaire du Sud.
Cécile Chaigneau
Benoît Viguier, directeur des Entreprises et des Ingénieries à la Banque Populaire du Sud.
Benoît Viguier, directeur des Entreprises et des Ingénieries à la Banque Populaire du Sud. (Crédits : DR)

La Tribune : Quelle est la situation, au sein de votre réseau, en matière de demandes de report d'échéances de prêt ou de crédit-bail ?

Benoît Viguier : « Nous avons enregistré rapidement plusieurs milliers de demandes. Au vu de la crise, qui touche aussi nos propres équipes, nous avons décidé de mettre en place un process de report automatique des échéances sur six mois. Cela a permis de reporter automatiquement 20 000 contrats de prêts ou crédit-baux automatiquement, soit au total 120 M€ d'échéances sur notre territoire*. »

Combien d'entreprises ou de professionnels ont-ils déjà sollicité le prêt garanti par l'État (PGE) sur votre réseau, et combien ont été accordés ?

« Sur ces trois dernières semaines, nous avons eu un contact avec plus de 90 % des clients entreprises. Nous avons enregistré 3 000 demandes émanant de professions libérales, commerçants, artisans, indépendants, et 500 demandes émanant d'entreprises de tous profils, même si les grosses entreprises n'ont pas été les premières à solliciter ce prêt. Pour le moment, une vingtaine de PGE ont été accordés et environ 700 sont actuellement en cours d'instruction... Les start-ups sont aussi éligibles au PGE. Dans notre agence Sud Innovation à Montpellier, dédiée aux start-ups, nous avons enregistré une centaine de demandes sur les 220 start-ups suivies. »

La procédure de demande de PGE est-elle complexe pour les entreprises ?

« C'est un processus très largement simplifié. Les réflexes d'il y a trois semaines ne sont plus les bons, car beaucoup sont en télétravail. Nous leur demandons un prévisionnel simplifié, c'est-à-dire d'indiquer quel est l'impact de la crise sanitaire aujourd'hui, et l'impact sur l'année qui vient. L'entreprise doit fournir la liasse fiscale avec l'indication du chiffre d'affaires 2019 ou à défaut, une attestation de l'expert-comptable ou du commissaire aux comptes. Tout se fait de manière dématérialisée... Notre objectif, c'est d'être très réactifs. Il existe une FAQ (foire aux questions, ndlr) faite par le gouvernement et très claire : les banques s'engagent à octroyer largement le PGE aux professionnels et aux entreprises qui en ont besoin et qui sont bien cotées, de 3++ à 5+ (suivant la cotation Fiben ou équivalent, c'est-à-dire une notation forte, correcte ou acceptable avant l'épidémie de Covid-19, précise la FAQ, NDLR). Pour ces demandes, les banques s'engagent à débloquer les fonds dans un délai de cinq jours. Pour les autres, pour lesquelles il faudrait étudier la demande de manière plus poussée, ce sera fait de manière rapide, environ une dizaine de jours. »

Quels sont les conseils que vous prodiguez aux entreprises qui sollicitent le PGE ?

« Globalement, le mot d'ordre, c'est d'accueillir très favorablement les demandes. Sur les 3 500 que nous avons reçues, nous devons nous poser la question sur 5 à 10 dossiers seulement. Attention, si l'entreprise a des fonds propres négatifs - ou s'ils sont inférieurs à la moitié du capital social - elle n'est pas éligible... Nous sommes dans notre rôle de banquier : les banques ont jusqu'au 31 décembre 2020 pour accorder un PGE, donc par exemple, on peut accorder à une entreprise d'emblée la totalité du prêt auquel elle a droit, mais si elle a un peu de visibilité, elle peut aussi choisir de demander un prêt sur l'équivalent d'un mois de chiffre d'affaires maintenant et revenir pour un autre PGE en juin, et encore un autre en septembre ou octobre. Il n'y a pas d'autres limites que de respecter les 25 % de chiffre d'affaires au total. Procéder par étape permet d'être prudent. Et aussi d'étaler les remboursements des différents prêts. La banque peut refuser si on considère que le prêt demandé serait très compliqué à rembourser au vu du passé et de l'avenir de l'entreprise. »

* 7 centres d'affaires sur le territoire (ex-Languedoc-Roussillon, Ariège, une partie de l'Ardèche).

Cécile Chaigneau

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