Les Thermes de Balaruc-les-Bains misent sur un retour progressif à la rentabilité

La saison démarrera le 27 février prochain pour les thermes de Balaruc-les-Bains, dans l’Hérault. Celle qui se présente encore comme la première station thermale de France a pourtant essuyé un beau revers avec la crise sanitaire. Après une année 2022 revenue à un niveau plus rassurant de curistes (quoique toujours en-dessous de 2019), l’établissement vise un retour progressif à la rentabilité. Il est présent au Salon des Thermalies, qui a ouvert ses portes ce 19 janvier à Paris.
Cécile Chaigneau
Après une année 2022 avec 43.500 curistes (53.000 en 2019), les Thermes de Balaruc-les-Bains visent les 48.000 en 2023.
Après une année 2022 avec 43.500 curistes (53.000 en 2019), les Thermes de Balaruc-les-Bains visent les 48.000 en 2023. (Crédits : DR)

Le Salon des Thermalies a ouvert ses portes le 19 janvier à Paris (jusqu'au 22). Un rendez-vous que ne manquent jamais les Thermes de Balaruc-les-Bains (Hérault), qui s'affichent toujours comme la première station thermale de France. Pourtant, sa fréquentation a subi les foudres du Covid : de 53.000 curistes par an en moyenne jusqu'en 2019 (soit 10% du marché thermal français), la station avait perdu 70% de fréquentation en 2020 (avec une perte financière de 8 millions d'euros) et était remontée à 30.000 en 2021.

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En 2022, Paul-François Houvion, directeur général des Thermes de l'établissement, aux manettes depuis août 2021, se dit donc satisfait des 43.500 curistes accueillis, pour un chiffre d'affaires de 27,5 millions d'euros de cures médicalisées, 30 millions d'euros au total.

« Nous misions sur une fréquentation de 38.000 curistes, nous sommes donc au-dessus, fait-il observer à la veille de l'ouverture du Salon des Thermalies. Certes, nous sommes encore en-dessous de l'année de référence, mais les curistes que nous avons perdus en 2022 sont ceux de mars et avril car fin 2021, le Covid sévissait encore, ils étaient inquiets et n'avaient pas réservé... Sinon nous aurions fait une année record ! Ce qu'il faut noter, c'est qu'on ne perd pas d'argent, et ce, sans avoir reçu d'aide. »

Au début de la crise sanitaire, les thermes avaient sollicité le PGE mais n'y avait pas touché : « Nous avons commencé à le rembourser mais nous sommes prévoyants, car il y a des tensions, sociales notamment, et on ne sait pas si le Covid ne va pas revenir », souligne le dirigeant.

Energie : 2,2 millions d'euros en plus

Autre sujet de vigilance pour les établissements de cure : l'énergie. Paul-François Houvion fait la démonstration mathématique des enjeux : « En 2019, nous accueillions 53.000 curistes et l'entreprise enregistrait un résultat net de 1,6 millions d'euros, et en 2023, sur la base de la même consommation énergétique que 2019, l'impact de l'augmentation des prix de l'énergie représentera 2,2 millions d'euros de coût supplémentaires ! ».

Le dirigeant, qui précise n'être éligible à aucune aide, indique être « rentré dans les détails » et déployer une démarche d'optimisation des pratiques à tout-va, « sous réserve que l'initiative prise n'impacte ni le confort ni la sécurité du curiste pendant son séjour, ni la qualité des soins ou les conditions de travail des collaborateurs » : rationalisation des horaires et des périodes de fonctionnement de certains dispositifs, remplacement des consommables par des versions moins énergivores, réflexion sur les températures et les débits d'eau adaptés aux besoins des cures, de la blanchisserie ou du Spa O'balia.

Une accélération des projets d'investissement dans les énergies renouvelables est également à l'ordre du jour.

« Les toits de l'établissements portent divers équipements, ils ne sont pas vides donc il faudrait les surélever pour y mettre des panneaux photovoltaïques, explique Paul-François Houvion. Pour autant, nous avons lancé un audit global en ne se mettant aucune contrainte en misant sur le fait que les institutions vont changer certaines règles au vu de la crise énergétique. Nous étudions donc les hypothèses de panneaux photovoltaïques mais aussi de films sur les vitres pour récupérer l'énergie, d'éolienne-toupie, de puits canadien, d'ombrières de parking, etc. »

« On ne perdra pas d'argent en 2023 »

La saison démarrera le 27 février prochain. Même s'il reste prudent, Paul-François Houvion se dit ainsi optimiste pour 2023, année durant laquelle il espère accueillir 48.000 curistes, et vise un retour progressif à la rentabilité.

« On ne perdra pas d'argent en 2023, assure-t-il, précisant que les hausses tarifaires sont liées aux décisions de la sécurité sociale. On a moins de curistes mais ils dépensent plus. O'balia avait fait son chiffre record de 1,8 million d'euros en 2019, et est monté à 2,4 million d'euros en 2022 ! Et nous continuons d'aller chercher d'autres sources de revenus, comme les mini-cures que nous avons lancées en 2021, à 249 euros. Bilan 2022 : nous avons fait sept fois le chiffre d'affaires historique de 2019. »

Autres ressources boostées par l'établissement : deux gammes de soins élaborées dans son propre laboratoire dermatologique, dont l'une dédiée aux sportifs (en partenariat avec Thierry Lacroix, ancien champion du XV de France et kinésithérapeute) au profit de la préparation et de la récupération sportive. Sa gamme cosmétique, aujourd'hui 100% naturelle, a obtenu le 17 janvier l'appellation "dermatologique".

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« Nous avons une volonté commune de faire évoluer les Thermes de Balaruc-les-Bains en renforçant, notamment, la connaissance scientifique des vertus thérapeutiques de notre eau thermale et en développant nos expertises médico-thermales, ajoute le dirigeant. Chacun est d'ailleurs appelé à participer à la réflexion, aucune idée n'est bannie. La mutation entamée en 2021 est en marche, preuve en est l'investissement global record de 1,5 million d'euros prévu en 2023. Malgré la crise, malgré les incertitudes, nous sommes solidaires et sereins face à l'avenir. »

Décupler les qualités de l'eau thermale

Paul-François Houvion se dit d'ailleurs convaincu que toutes les vertus thérapeutiques de l'eau thermale de Balaruc-les-Bains n'ont pas encore été mesurées. Il a lancé un vaste programme de R&D avec l'ambition de développer de nouvelles expertises. L'établissement possède son propre laboratoire de recherche, et avec le concours du CNRS, du Muséum d'Histoire Naturelle et du Dr Marc Julia, spécialiste en médecine physique et de réadaptation au CHU de Montpellier, il étudie notamment les actions antalgiques potentielles des cyanobactéries présentes naturellement dans l'eau thermale.

En mai dernier, les Thermes de Balaruc signaient un partenariat avec la startup Sublio, « deeptech française développant une e-biotechnologie de rupture qui décuple les qualités de l'eau thermale ». Testée sur les bains en immersion pour les curistes en rhumatologie, cette technologie sera déployée au cours de l'année dans l'ensemble des soins individuels.

Enfin, depuis juin 2022, l'établissement propose un nouveau programme dédié au post-cancer du sein. L'Institut régional du Cancer de Montpellier (ICM), centre de référence dans le traitement des cancers du sein, s'est associé aux Thermes de Balaruc-les-Bains pour co-construire un parcours de santé et un projet de recherche destinés à répondre aux besoins de ses patientes en sénologie sous hormonothérapie.

Pas de crise du recrutement

Aujourd'hui, l'établissement emploie 420 collaborateurs. Et Paul-François Houvion assure qu'il n'est pas affecté par la crise du recrutement.

« Nous avons recruté une cinquantaine de personnes, notamment pour remplacer des départs et nous n'avons eu aucun problème ! Certes, il y a des tensions sur le métier de kinésithérapeute, mais moins chez nous que chez les autres. Nous sommes l'un des rares établissements à ne pas proposer de contrats de saisonniers et l'entreprise est reconnue sur le bassin de Thau. Nous avons réinstauré un vrai discours social, ce qui a aussi fait le succès de l'année 2022. Et nous avons choisi de suivre toutes les augmentations du Smic pour tous les salariés, quel que soit leur niveau, pour préserver pouvoir d'achat. »

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Valoriser les boues thermales

Le centre thermal se dote d'une nouvelle unité de traitement des eaux thermales. Actuellement en cours de construction (2,2 millions d'euros d'investissement), elle sera en fonctionnement à partir de juin 2023 dans un bâtiment autosuffisant en énergie. Son rôle : valoriser les résidus de boue thermale (séparés de l'eau par centrifugeage) pour en faire des amendements organiques qui seront utilisés en agriculture. Quant à l'eau thermale, dont le sel aura été extrait, elle servira à l'arrosage des jardins et aux nouvelles installations sanitaires de la commune.

« La centrifugeuse sera moins énergivore et nous aurons de quoi entreposer les eaux et les boues, et l'unité nous permettra d'économiser 100.000 euros de taxe sur le traitement des eaux », précise Paul-François Houvion.

Cécile Chaigneau

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