Grogne dans les laboratoires Inovie : « Nous nous préparons à une éventuelle mobilisation »

Des représentants du personnel du groupe spécialisé en biologie médicale Inovie, venus des quatre coins de la France, ont rencontré la direction le 5 mars pour évoquer le malaise et la souffrance des salariés. Une situation exacerbée par la diffusion de l’émission Cash Investigation sur les « profiteurs de crise », dans laquelle le groupe Inovie est largement épinglé.
Le 5 mars, les représentants du personnel du groupe montpelliérain spécialisé en biologie médicale Inovie ont rencontré la direction au siège social à Montpellier.
Le 5 mars, les représentants du personnel du groupe montpelliérain spécialisé en biologie médicale Inovie ont rencontré la direction au siège social à Montpellier. (Crédits : Nelly Barbé)

Près de 70 représentants du personnel du groupe montpelliérain spécialisé en biologie médicale Inovie (650 laboratoires et 88 plateaux techniques en France, 7.515 salariés) ont rencontré, mardi 5 mars, la direction, représentée par le directeur général Benoît Ponseillé et la DRH Sandrine Arbabe.

Cette montée au créneau fait suite à la diffusion, le 22 février dernier sur France 2, de l'émission Cash Investigation à propos des « profiteurs de crise », en l'occurrence celle du Covid. En cause notamment, des propos tenus par le président d'Inovie Georges Ruiz et enregistrés à son insu, où il congratule ses équipes pour les bons résultats financiers de l'année 2023, relevant par ailleurs que le groupe était parvenu à se séparer de 1.000 salariés en CDD. Des propos qui ne passent pas dans un contexte de rachat du groupe, en 2021, par le fonds d'investissement Ardian ayant permis aux biologistes associés, à cette occasion, de valoriser leurs actions à hauteur de 300%, selon un témoignage diffusé par les journalistes de Cash Investigation.

« Suite à la diffusion de cette enquête, nos collègues ont réalisé que la politique sociale du groupe n'était pas en concordance avec la politique financière de l'entreprise, alerte Catherine Bellenoue, infirmière et déléguée syndicale CFDT. Celle-ci a fait des profits extraordinaires au moment du Covid, ce qui n'a rien de surprenant ni d'illégal mais cela doit aller de pair avec de bonnes conditions de travail, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. »

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Des patients devenus clients

Pour les représentants du personnel, cette dégradation des conditions de travail coïncide avec l'arrivée des nouveaux actionnaires, « à la recherche permanente de rentabilité ». Du côté de la direction au contraire, on regrette que « le reportage ne livre qu'une vision partielle et biaisée du rôle de la biologie médicale et des équipes sur le terrain dans le parcours de soins des français ». Se disant « conscients que l'émission ait pu susciter chez certains collaborateurs une émotion légitime et des questions », le groupe Inovie réaffirme « (son) attachement à l'information et au dialogue avec (ses) collaborateurs ».

« On est amenés à travailler d'un site à un autre, on a des soucis pour prendre nos congés, les délais de prévenance sont parfois très courts et les arrêts maladies montent en flèche, au-delà des 10%. On a des gens en surmenage, en burn-out, décrit Catherine Bellenoue. Ces mauvaises conditions de travail concernent l'ensemble des salariés. Il n'y a pas de raison que certains de nos collègues aient du mal à finir leur mois, travaillent dans de mauvaises conditions et que nos patients soient mal pris en charge car tout doit se faire rapidement. Sur certaines filiales, la prise en charge à domicile a été arrêtée, faute de ressource humaine suffisante et certains laboratoires ferment parfois leurs portes l'après-midi. Les patients sont devenus des clients... La direction met en avant la quantité, le chiffre d'affaires, les 70.000 patients reçus chaque jour alors que nous, on parle de qualité. »

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Arrêter la course à la rentabilité

Après plus de quatre heures d'échanges mardi, les représentants du personnel attendent des réponses de la direction ce vendredi au plus tard.

« La direction ne nous a pas proposé de solutions à court terme mais de changer l'objet des prochaines négociations prévues fin mars en les consacrant à la qualité de vie au travail plutôt qu'à la RSE et au climat », rapporte Catherine Bellenoue.

De leurs côtés, les représentants du personnel ont mis sur la table des revendications salariales - « qui pourraient se faire sur plusieurs années » - ainsi que des demandes d'amélioration des conditions de travail immédiates, avec l'arrêt de la baisse des effectifs et, au contraire, des embauches.

En cas d'une nouvelle revente du groupe - « plusieurs sources nous disent que c'est en train de se faire », signale Catherine Bellenoue - les représentants du personnel ont également insistés sur un meilleur partage de la plus-value et un arrêt de la course à la rentabilité.

« En fonction des réponses qu'apportera la direction, nous nous préparons à une mobilisation des salariés des filiales », prévient la déléguée du personnel.

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Commentaire 1
à écrit le 06/03/2024 à 12:38
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Ah... le plaisir d'être racheté par des fonds et revendus 3 ans plus tard (avec une belle plus-value) pour les actionnaires...

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