Drives et solutions digitales au secours de producteurs régionaux

Les initiatives pour assurer un débouché aux productions locales se sont multipliées dans la région Occitanie : drives et plates-formes digitales sont venus au secours des producteurs, pénalisés par l’arrêt des marchés et de leurs circuits traditionnels de commercialisation.
Le drive fermier fait ses premiers pas dans l’Hérault.
Le drive fermier fait ses premiers pas dans l’Hérault. (Crédits : Chambre d'agriculture Hérault)

Le Mas des agriculteurs à Nîmes a eu le nez creux. Un mois avant le confinement, cette boutique de produits agricoles locaux, lancée par la Chambre d'agriculture a ouvert un drive. Une heureuse initiative qui a permis de compenser la baisse de fréquentation du magasin à partir du 17 mars.

« Nous avons connu un vrai trou d'air dans la boutique, indique Jean-Paul Robert, le directeur. Nos clients ont eu peur de venir faire leurs achats et se sont reportés sur le drive dont le trafic a fortement progressé. On livre 60 à 80 commandes par jour et le panier moyen est supérieur à celui qu'on avait en boutique. Cette évolution a permis d'écouler la production de nos agriculteurs, privés des marchés. »

650 000 connexions

Dans la région Occitanie, les initiatives se sont multipliées pour développer les circuits courts et trouver des débouchés aux producteurs locaux. La Région Occitanie a lancé dès le 24 mars une plate-forme digitale de mise en relation des producteurs avec les consommateurs régionaux (solidarite-occitanie-alimentation.fr).

A ce jour, la plate-forme répertorie 4 000 agriculteurs, prêts à livrer leurs produits à domicile et a enregistré 650 000 connexions depuis son lancement. Pour favoriser le développement de ces circuits courts, la Région octroie aux producteurs une aide de 80 € par semaine pour la livraison. Une aide globale de 3 000 € est accordée pour une co-livraison regroupant plusieurs producteurs. La plate-forme sera maintenue après le déconfinement, assure-t-on à la Région.

Spécialisé dans le maraîchage bio à Seysse près de Toulouse, Macadam Gardens s'est inscrit sur cette plate-forme et a connu un fort développement de ses ventes.

« Nous venions d'ouvrir un point de vente sommaire, témoigne Alexandre Belin, un des co-fondateurs de l'entreprise. La plate-forme nous a donné une plus grande visibilité. Nous avons eu beaucoup d'appels. Nous vendons toute notre production en direct en ouvrant deux jours par semaine. Nous manquons de produits pour satisfaire toute la demande. »

50 à 100 commandes par semaine via le drive fermier

De son côté la Chambre d'agriculture de l'Hérault a rebondi en s'appuyant sur la plateforme « drive fermier » mise en place dès 2012 au niveau national. Il s'agit d'une boutique de vente en ligne de produits fermiers, les producteurs assurant ensuite eux-mêmes la livraison sur les 7 sites proposés dans tout le département (4 sur Montpellier, 3 sur le bassin de Sète).

« Sur Montpellier, nous enregistrons 50 à 100 commandes par semaine sur chacun des 4 sites de livraison, et sur Sète, nous en sommes à une vingtaine », précise Ingrid Dupuy, chargée de communication à la chambre consulaire.

Alexandre Cessateur fait partie des producteurs référencés sur ce drive fermier. Cet ostréiculteur du bassin de Thau, a été privé, du jour au lendemain de ses deux circuits de distribution : un point de vente en Savoie et la dégustation-vente dans son mas conchylicole.

« Le drive ne compense pas la baisse de mes ventes, confie-t-il. Pour le moment, je ne vends que 50 à 60 kg par semaine alors qu'habituellement, j'écoule 300 à 400 kg en pleine saison. Mais les ventes progressent. J'ai démarré avec 2 bourriches par semaine il y a un mois, cette semaine j'en ai livré 20. »

Inventivité chez les viticulteurs

Dans la filière viticole, on se montre également réactif pour trouver des solutions pour maintenir un minimum d'affaires. Au Château Capion, à Aniane (34), la création d'une plate-forme de vente en ligne, qui était dans les tuyaux, a été accélérée.

Dès le 23 mars, DDWine (pour Direct Delivery, livraison directe) était en ligne avec les vins du domaine. Elle s'est rapidement enrichie avec les cuvées de 14 autres domaines héraultais et un producteur d'huile d'olive. La livraison est assurée à domicile dans toute la France. En un mois, le site a déjà vendu 780 bouteilles.

Dans le Gers, les Vignerons de Plaimont ont mis en place, depuis le début du mois d'avril, un service de retrait en drive dans 8 caveaux de vente, qui avaient fermé depuis la mi-mars. Pour le moment, ce service est assuré une fois par semaine.

« On reçoit 50 à 70 clients chaque semaine, assure Sandrine Couture, responsable des points du vente du groupement de producteurs gersois. On garde ainsi un lien social avec eux en maintenant un minimum d'activité. C'est un dispositif que nous allons conserver au-delà du 11 mai, tout en rouvrant nos caveaux, sans doute sur des créneaux horaires et des jours encore limités. »

Autant de solutions souvent mises en place dans l'urgence mais qui pourraient à l'avenir répondre à cette demande grandissante pour le « consommer local ».

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