Comment le groupe coopératif agricole InVivo s’attaque à la neutralité carbone

Le groupe coopératif agricole InVivo qui prône « une 3e voie de l’agriculture » au service de la transition alimentaire, notamment grâce à une agriculture intelligente, affiche désormais aussi son intérêt pour la question de la neutralité carbone. Entretien avec Didier Robert, directeur général de SMAG (éditeur de solutions logicielles pour le secteur agricole et agro-industriel) à Montpellier et directeur du tout nouveau comité Carbone de Bioline by InVivo.
Cécile Chaigneau
Didier Robert, directeur général de SMAG (éditeur de solutions logicielles pour le secteur agricole et agro-industriel) à Montpellier et directeur du tout nouveau comité Carbone de Bioline by InVivo.
Didier Robert, directeur général de SMAG (éditeur de solutions logicielles pour le secteur agricole et agro-industriel) à Montpellier et directeur du tout nouveau comité Carbone de Bioline by InVivo. (Crédits : SMAG)

La Tribune : Le groupe coopératif InVivo* s'engage plus avant sur la question de la neutralité carbone en agriculture. Quel est l'esprit de la démarche ?

Didier Robert : « Nous avons créé un comité Carbone l'hiver dernier. Car nous avions constaté qu'il y avait des initiatives un peu partout dans le groupe sur cette question, ainsi que de l'expertise notamment sur l'analyse et travail du sol à destination de l'agriculture de précision. Le groupe InVivo a déjà développé des solutions qui sont adaptées à la mise en place de stratégies de réduction et stockage du carbone. L'objectif de cette démarche, c'est de faire de la problématique du carbone quelque chose de concret et de travailler sur une modification des pratiques. Il faut arrêter d'aller chercher le carbone dans le sol et faire tout ce qu'on peut pour booster nos rares capacités de stockage de carbone. Dans la fertilisation, la plante dégage du C02 quand elle grandit mais elle stocke aussi du carbone dans le sol. Toutes les cultures émettent et stockent à la fois... Ce comité a vocation à concevoir la stratégie d'InVivo et des coopératives sur ce thème, avec comme idée que ce thème est au cœur des trois modèles économiques des coopératives : aider les agriculteurs à acheter ensemble, à travailler ensemble et à vendre ensemble. Il s'agit de trouver des solutions pour valoriser le travail de l'agriculteur : il peut modifier ses pratiques mais il a besoin de mécanismes de financement et d'outils qui limitent la prise de risques. »

La Tribune : Quelles sont les missions de ce comité Carbone ?

Didier Robert : « Elles sont au nombre de trois. Tout d'abord, valider les leviers techniques pour générer du carbone - techniques d'agriculture de précision, utilisation de semences, modification des pratiques, etc. - et en estimer le coût et le risque pour l'agriculteur. Ensuite, il s'agit de voir comment mettre en place ces pratiques auprès des agriculteurs via des outils digitaux et une plateforme d'animation. Il va falloir faire de la pédagogie sur ces thèmes, il faut que les agriculteurs soient capables d'expliquer leurs pratiques et de transmettre l'information qui en atteste. D'où la 3e mission : de la communication sur la valorisation du métier de l'agriculteur. »

La Tribune : Quelle est, justement, la position des agriculteurs dans cette démarche ?

Didier Robert : « Les agriculteurs subissent une grosse pression et sont de plus en plus demandeurs de ces changements de pratiques. Les agriculteurs ont conscience du rôle qu'ils peuvent jouer. Mais on ne peut pas leur demander des efforts sans financements et rémunérations adéquates... Ils ont donc besoin d'accompagnement au quotidien sur ces changements - et c'est là que les coopératives ont un rôle à jouer - et sur le financement que requiert ce changement. Les agriculteurs aimeraient que ça soit pour eux un levier d'augmentation de leurs revenus. Jusqu'à présent le consommateur se préoccupait de sa santé sur du court terme, mais depuis quelques années, il s'intéresse à sa santé à long terme, à l'environnement, au changement climatique. Il veut donc de plus en plus savoir comment les choses sont produites, c'est un des leviers qui fait que demain, il sera prêt à payer un peu plus. C'est ce qui permettra d'enclencher des pratiques vertueuses pour les agriculteurs. »

La Tribune : Quels sont concrètement vos engagements en faveur du carbone ?

Didier Robert : « SMAG a adhéré à l'initiative "4 pour 1000 - les sols pour la sécurité alimentaire et le climat" (lancée fin 2015 par Stéphane Le Foll, alors ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, à l'occasion de la COP21 à Paris, NDLR). Si l'agriculture augmente sa capacité de stockage de carbone dans le sol, elle contribuera très fortement à l'atteinte des objectifs de la COP 21 à 2030. Nous avons élaboré des calculateurs de gaz à effet de serre afin d'aider les agriculteurs dans les choix de cultures, par exemple calculer la note carbone du colza. Nous travaillons à soutenir les bonnes pratiques, notamment au travers de la plateforme Be Api (pour Agriculture de Précision Innovante, NDLR) pour réduire l'usage de fertilisants et ainsi renforcer la capacité de stockage carbone dans le sol. Et nous activons les leviers sur la régénération des sols. »

* Le groupe InVivo regroupe 201 coopératives, est implanté dans 19 pays, emploie 5.345 salariés et annonce un chiffre d'affaires de 5,2 milliards d'euros.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 10/05/2021 à 1:23
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"Dans la fertilisation, la plante dégage du CO2 quand elle grandit mais elle stocke aussi du carbone dans le sol." Qu'est-ce que c'est que cette phrase ? Ca veut dire quoi ? Prenez garde à ce que vos technologies ne vous éloignent pas trop des fondam...

à écrit le 29/11/2020 à 10:22
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"Agriculture intelligente" veut dire que vous doutez des résultats et confiez cela a la technologie?

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