La startup Inblue ouvre son premier site de production de spiruline dans l’Hérault

Un an après sa création, la startup Inblue investit 3 millions d’euros dans la construction d’une unité de production de spiruline basée à Mèze (Hérault). La société francilienne, qui entend ainsi contrebalancer une forte importation de la microalgue, a de fortes ambitions sur l’ensemble du territoire.
La serre de Inblue à Mèze accueillera 520 photobioréacteurs de 8 mètres de haut pour produire 15 tonnes de spiruline sèche par an.
La serre de Inblue à Mèze accueillera 520 photobioréacteurs de 8 mètres de haut pour produire 15 tonnes de spiruline sèche par an. (Crédits : Inblue)

Evalué à près de 500 millions de dollars en 2021, le marché mondial de la spiruline, cyanobactérie, reconnue pour ses qualités nutritionnelles, pourrait atteindre les 800 millions de dollars en 2028... Avec une consommation estimée à 400 tonnes, le marché français est lui aussi en pleine croissance mais 90% de la spiruline est importée, principalement de fermes industrielles implantées en Chine, en Inde ou aux Etats-Unis.

Créée en juillet 2022, la société francilienne Inblue (huit salariés), qui ambitionne de se positionner comme un nouvel acteur incontournable de la spiruline, vient d'investir 3 millions d'euros dans une unité de production industrielle à Mèze (Hérault).

« La plupart des spiruliniers français sont des producteurs artisanaux qui ont des exploitations d'une surface moyenne de 1.000 m2 de bassins sous serre, indique Quentin Falcomer, cofondateur d'Inblue. Ils produisent de la qualité mais en petite quantité. Notre usine va justement lever les contraintes techniques de l'artisanat, le process industriel permettant de réduire les risques de contamination, de stabiliser la quantité de production, d'accélérer un processus de récolte chronophage, de contrôler les paramètres de culture - température, pH, nutriments apportés - et de cultiver la spiruline toute l'année. »

Protocole de culture

Si la création de Inblue à Yerres (Essonne) a été officialisée il y a un an, le projet porté par Quentin Falcomer et Jean-Marie Soubrier a démarré en 2017. Ensemble, ils ont accompagné la création d'une unité pilote de production de microalgues à Madagascar avant de se lancer, il y a trois ans.

« Alors que l'industrie agroalimentaire soulève de nombreuses questions en termes de ressources et d'impact environnemental, nous nous sommes rendus compte que la spiruline offrait une alternative intéressante : c'est une source de protéines non carnées, elle consomme peu d'eau et d'énergie, et elle capte le CO2 », vante le cofondateur d'Inblue.

Pour pouvoir industrialiser leur process de culture, les deux entrepreneurs se sont rapprochés du CNRS, de la société héraultaise NXO Engineering, spécialiste du traitement de l'eau, et de l'Université de Montpellier qui dispose d'une filière dédiée à l'aquaculture.

« En réalisant plusieurs cultures et en modifiant plusieurs paramètres, nous avons abouti à un protocole fait sur mesure pour notre production de spiruline en photobioréacteurs », indique Quentin Falcomer.

Une serre de 520 photobioreacteurs

Soutenue par des entrepreneurs auxquels elle a ouvert son capital, la startup a fait l'acquisition d'un terrain de 2.100 m2 sur la ZAE Engarone à Mèze pour construire un bâtiment de culture (600 m2). Eco conçu (béton décarboné pour les fondations, laboratoire en IPAC, panneaux solaires, photovoltaïques et thermiques), le site intègre deux parties distinctes : la serre accueillant 520 photobioréacteurs de 8 mètres de haut, et des locaux pour un bureau administratif, le process de transformation, le conditionnement et les expéditions.

« Notre installation permet d'avoir un volume de 208.000 litres de culture, et nous récoltons entre 20 et 30% de ce volume chaque jour, détaille le dirigeant. Après diverses étapes de contrôle, la spiruline est séparée de l'eau puis séchée et conditionnée. Le site pourra produire annuellement 15 tonnes de spiruline sèche. De plus, le process fonctionnant en circuit fermé, une très grande partie de l'eau de culture sera réutilisée. »

Un modèle à dupliquer

D'ici deux mois, Inblue amorcera la phase récolte pour ensuite fabriquer de la spiruline en poudre ou en comprimés, ainsi que de la phycocianine liquide (pigment bleu de l'algue spiruline régulant les réponses immunitaires et détoxifiant l'organisme).

Se positionnant comme un acteur de la transition écologique, la startup cible le marché BtoB des compléments alimentaires, de la cosmétique et de l'industrie agroalimentaire, mais à l'échelle régionale.

« Notre culture, notre infrastructure et notre gestion sont alignés vers une démarche responsable, insiste Quentin Falcomer. Nous souhaitons ainsi nous positionner sur l'économie locale en prospectant d'abord le département de l'Hérault puis nous nous développerons dans le sud de la France en ouvrant des sites similaires à celui de Mèze. »

Inblue prépare déjà l'ouverture de deux unités, l'une à Lunel et l'autre à Aix-en-Provence, qui géreront des volumes plus importants. Par la suite, la startup pourrait s'ouvrir à d'autres secteurs de microalgues, telles la chlorella, ou la dunaliella salina présente dans les marais salants.

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