Industrie : Logitrade révolutionne l’externalisation des achats avec un outil digital disruptif

Décliner l’agilité et la souplesse de l’expérience du retail en e-commerce dans un outil d’externalisation des achats à destination des industriels. C’est ce que vient de mettre au point la PME montpelliéraine Logitrade. Un outil digital disruptif dans lequel elle a investi un million d’euros et qui devrait lui faire prendre une longueur d’avance sur ses marchés.
Cécile Chaigneau
L'entreprise montpelliéraine Logitrade est spécialiste de l'externalisation des achats dans l'industrie.
L'entreprise montpelliéraine Logitrade est spécialiste de l'externalisation des achats dans l'industrie. (Crédits : DR)

Société montpelliéraine spécialisée dans l'externalisation des achats et approvisionnements de produits non stratégiques pour les groupes industriels, Logitrade est un partenaire de nombreux industriels de secteurs divers comme le ferroviaire (23%), la défense et le spatial (19%), l'aéronautique (12%), l'automobile (14%), le médical, l'électronique, les télécommunications, l'énergie, ou encore les activités de services.

Parmi ses clients, figurent de grands comptes comme le groupe de chimie Arkema à Lyon, Alstom, RATP ou Bouygues Telecom, « nos clients français ne sont quasiment que des clients du CAC 40 », précise Agnès Damette, la présidente de Logitrade.

Poursuivant une stratégie qui fait la part belle au digital, Logitrade s'apprête à sortir, dans le courant de l'été 2021, une nouvelle solution qui révolutionnera l'acte d'achat pour ses clients.

« Sur ce marché de l'externalisation des achats, il n'existe plus que deux gros acteurs, un qui a racheté tous ses concurrents (EPSA, ndlr) et qui fait surtout du conseil, et Logitrade, campe Agnès Damette. Logitrade est resté sur son métier d'origine et a préservé sa volonté de concentrer ses efforts d'investissement sur la partie digitale. En 2008, au moment de la crise, nous avons constaté que nos fournisseurs étaient inquiets sur l'état d'avancement de leur facture et les clients sur l'avancement de leur commande. Nous avons créé un outil digital pour leur apporter des réponses mais ce n'était pas suffisant de notre point de vue... Nous avons observé que parmi nos clients, certains sont confrontés à une dichotomie entre l'expérience consommateur du retail en e-commerce notamment, et les outils utilisés par les grands comptes de l'industrie. »

« La souplesse du retail, la robustesse de l'industrie »

Une équipe IT dédiée planche alors sur une solution « la plus en avance possible, réconciliant l'expérience utilisateur avec les exigences du métier », souligne Agnès Damette, intégrant les exigences de l'industrie et notamment des flux digitalisés depuis la commande jusqu'à l'accusé de réception de commande et l'automatisation de la comptabilité chez le client.

« Nous avons discuté longtemps avec les services achats de nos clients, et nous avons travaillé avec des cabinets conseils en retail, précise la dirigeante. Nous avions besoin de l'expérience du retail pour l'adapter à l'industriel de manière à mettre au point une solution qui ait la souplesse et l'agilité du retail mais aussi la robustesse de l'industrie. C'est un gros changement... Et nous sommes les premiers. Les autres outils existants fonctionnent selon une logique verticale : on se logue sur le catalogue d'un fournisseur, ce qui verrouille le marché et ne permet pas d'avoir une chaîne concurrente, alors qu'avec notre outil, le client fera ses recherches par produit. »

La dimension cybersécurité

Une autre des vertus annoncées de la solution, baptisée BuyXSell, est d'éradiquer les commandes par mails, trop fragiles en termes de cybersécurité : « Tous les problèmes de cybersécurité qu'on voit ces temps-ci nous confortent dans l'idée de déporter nos flux dans des systèmes totalement verrouillés. D'ailleurs, nous voyons bien que dans les appels d'offres, les aspects de cybersécurité deviennent de plus en plus importants. Ça va devenir clé ».

Au total, Logitrade aura investi près d'un million d'euros dans ce projet digital d'envergure. Alors que des mastodontes du e-commerce tentent d'investir le terrain du retail industriel, comme Amazon avec Amazon Business ou C-Discount avec sa nouvelle offre Octopia, Agnès Damette affirme ne pas être inquiète de cette nouvelle offre concurrente, au contraire : « Que ces acteurs-là se lancent renforce le fait qu'il y a un réel besoin et qu'il est nécessaire de l'adresser avec intelligence et avec le professionnalisme d'un industriel ».

Premier confinement : l'industrie à l'arrêt

L'entreprise, qui emploie 130 salariés dont une dizaine d'entre eux recrutés récemment, avait réalisé un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros en 2019 (dont 10 millions d'euros à l'export un peu partout dans le monde), et a enregistré une baisse de 10 à 12 % en 2020. Car la crise sanitaire du Covid-19 a obligé ses clients à ralentir.

« Nous avons vite compris que le secteur aéronautique serait très impacté, ainsi que le secteur pétrolier et parapétrolier et l'industrie automobile, déclare Agnès Damette. Mais ce qu'on a découvert avec cette crise, c'est la déstabilisation complète des industriels. Il y a eu un écroulement de la production en France en mars et avril 2020, les industriels ayant été pris au dépourvu... Notre activité s'en est évidemment ressentie, notamment au premier confinement. Mais nous nous en sommes plutôt bien sortis car une semaine avant ce confinement, nous avions déjà généralisé le télétravail, avec un système d'information très sécurisé. »

Logitrade annonce avoir remporté plusieurs appels d'offres récemment, une croissance qui devrait l'amener à recruter à nouveau en 2021.

En revanche, l'entreprise a changé de braquet concernant son organisation sur le territoire. Alors qu'elle était montée jusqu'à 13 agences en France, dont une à Paris, elle a fait le choix de recentrer sa présence sur un gros centre à Montpellier, un autre à Grenoble et un troisième à Toulouse.

« Nous nous sommes rendu compte que le besoin de proximité qui était vrai il y a une dizaine d'années ne l'est plus, explique Agnès Damette. Aujourd'hui, nous préférons avoir des équipes polyvalentes et des agences avec suffisamment de taille critique. »

Cécile Chaigneau

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