Plan Eau : « Sur le site industriel Seqens d’Aramon, l’eau est un vrai sujet » (J. Pignol)

Plan Eau : les industriels à contribution (2/2) – Dans le Gard, l’usine du groupe Seqens (fabrication de synthèse pharmaceutique) fait partie des douze premiers sites industriels listés par le gouvernement qui seront accompagnés dans la réduction de leur consommation d’eau. Dans ce département sujet à d’importantes sécheresses, l’eau est désormais un paramètre de taille dans les nouveaux investissements industriels.
Cécile Chaigneau
L'usine gardoise du groupe mondial Seqens consomme un million de m3 d'eau par an.
L'usine gardoise du groupe mondial Seqens consomme un million de m3 d'eau par an. (Crédits : Seqens)

L'usine gardoise du groupe Seqens, à Aramon, consomme un volume annuel d'un million de m3 d'eau, principalement pour le refroidissement des équipements industriels (50%), mais aussi pour le refroidissement des réacteurs chimiques (30%) et en consommation directe (20%). Une « consommation stable depuis quatre ou cinq ans », précise Julien Pignol, directeur du site gardois. L'eau provient de prélèvements de forages proches du Rhône, dans la nappe phréatique.

Avec ses 170 salariés pour 40 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, l'usine d'Aramon est l'un des dix sites industriels français du groupe mondial Seqens, spécialisé dans la fabrication de synthèse pharmaceutique (24 sites de production et 10 centres de R&D en Europe, en Amérique du Nord et en Asie). Le groupe, qui emploie plus de 3.000 collaborateurs dans le monde pour un chiffres d'affaires de 1,2 milliard d'euros en 2021, propose à ses clients des services de fabrication à façon pour les marchés pharmaceutiques et de spécialités et détient un large portefeuille de principes actifs, d'intermédiaires pharmaceutiques et de produits de spécialité.

Le 21 août dernier, le gouvernement présentait la liste des douze premiers plus gros consommateurs industriels d'eau qui seront accompagnés par l'Etat* pour réduire significativement la quantité d'eau prélevée pour leur fonctionnement, et l'usine Seqens d'Aramon en faisait partie.

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Un bilan "eau" tous les dix ans

« Tous les sites industriels de Seqens sont impliqués dans la réduction de la consommation d'eau et des prélèvement dans les ressources naturelles, mais à Aramon, nous avons déjà un engagement avec la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, NDLR) : tous les dix ans, le site doit mettre à jour son bilan "eau" et les solutions qu'il met en œuvre pour diminuer sa consommation d'eau, indique Julien Pignol. Nous étions justement en train de remettre à jour cette étude, qui sera rendue d'ici la fin de l'année. Elle sera la base de notre nouvelle réflexion sur nos réductions d'eau à horizon 2026 et sur les investissements à réaliser. Avec la sécheresse de ces deux ou trois dernières années, cette étude sera regardée encore plus d'attention. C'est dans le cadre de cette démarche déjà entamée que la DREAL nous a proposé de nous inscrire dans le plan Eau du gouvernement. »

Le dirigeant indique que cet accompagnement a vocation à « s'attaquer à la consommation historique du site (le million de m3 d'eau donc, NDLR), en nous conseillant pour aller plus vite, même si aujourd'hui, on ne sait pas quelle forme cela prendra... Les premiers échanges interviendront en septembre ».

« Nous recyclons déjà l'eau injectée dans les groupes de froid, ce qui nous permet d'être autonomes en refroidissement sans avoir à aller prélever dans le milieu naturel, ajoute-ti-il. Et nous menons des actions d'optimisation tout au long de l'année, comme la gestion des fuites d'eau... Si on veut produire des principes actifs de manière durable, il y a des contraintes environnementales fortes et c'est normal, or sur le site industriel d'Aramon, l'eau est un vrai sujet donc cela nous a semblé opportun de s'inscrire dans ce programme. »

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Modernisation

En parallèle de ces solutions à déployer sur l'existant, et dans le cadre de la modernisation de l'usine gardoise, l'eau est désormais un paramètre pour les nouveaux investissements.

« Le site date de 1973 donc les contraintes environnementales ont largement évolué, et depuis 2021, nous investissons dans des technologies moins consommatrices d'eau, explique Julien Pignol. Nous réduisons de 95% les prélèvements et les nouveaux équipements ne consommeront que 12.000 m3 d'eau. »

La modernisation du site se traduit au travers de deux projets, soutenus par les subsides du plan France 2030. Le projet baptisé "Pharaon" (30 millions d'euros) vise à produire, à Aramon, des principes hyper-actifs, « ce qui suppose de mettre en place une barrière physique pour confiner les opérateurs et les protéger de tout contact direct », détaille le dirigeant. Le projet, démarré en 2021, est en phase d'essais et devrait être opérationnel début 2024. Quinze salariés ont déjà été recrutés dans ce cadre et dix autres viendront rejoindre les équipes.

« Le 2e projet, qu'on a baptisé "Persée", porte sur les polymères, qui permettent d'encapsuler des principes actifs pour une diffusion lente et continue, ajoute-t-il. C'est une activité historique à Aramon. Dans le cadre du Covid et du vaccin à messager ARN, elle a clairement été remise sur le devant de la scène et connu de nombreux développements de R&D. Le nouveau bâtiment de 200 m2, dont nous avons lancé la construction en mai dernier, a vocation à répondre à ces besoins des laboratoires pharmaceutiques en polymères. Il devrait être prêt en septembre 2024, et ça représente un investissement de 12 millions d'euros, et cinq personnes seront recrutées pour y travailler. »

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* Dans le cadre de son plan Eau, le gouvernement veut « faciliter le co-financement d'études, faciliter le co-financement de la mise en œuvre des solutions trouvées, et faciliter la mise en œuvre administrative de ces solutions ». Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a également assuré que 100 millions d'euros étaient fléchés au sein du dispositif France 2030 « de façon spécifique pour les innovations dans le domaine de l'eau et qui sont à disposition de ces industriels ».

Cécile Chaigneau

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