La nouvelle est tombée à la mi-journée le 6 février : le fabricant américain d'ordinateurs Dell annonce la suppression de 5% de ses effectifs mondiaux, soit environ 6.650 postes. Ainsi, l'hécatombe se poursuit-elle dans le secteur de la tech, où plusieurs piliers comme Alphabet (Google, YouTube), Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Microsoft, Amazon ou Twitter, ont annoncé ces derniers mois d'importantes réductions d'effectifs.
Le groupe Dell emploie 133.000 personnes, dont près d'un tiers aux Etats-Unis. Il compte deux implantations en France : à Montpellier, siège social de Dell Technologies France et Europe du Sud, où travaillent environ 900 salariés, et à Paris avec environ 800 salariés.
Les détails de ce plan social d'envergure, et donc ses impacts sur les sites français du géant américain, n'ont pas été communiqués.
Chiffre d'affaires en recul de 6%
« Ce que nous savons, c'est que les conditions du marché continuent de s'éroder et que l'avenir est incertain, a indiqué Jeff Clarke, le co-directeur des opérations de Dell, dans une note envoyée aux salariés. Les mesures que nous avons prises pour devancer les effets de la récession - qui nous ont permis d'enchaîner plusieurs trimestres solides d'affilée - ne sont plus suffisantes. »
Selon les résultats publiés fin novembre 2022, le chiffre d'affaires de Dell a reculé de 6% au troisième trimestre de son exercice décalé 2023. Les ventes de produits (ordinateurs de bureau, ordinateurs portables, stations de travail), qui représentent l'essentiel de l'activité commerciale du groupe, ont quant à elles chuté de 10%. Les dirigeants du groupe informatique arguent une baisse de la demande de PC dans un contexte de forte inflation et de hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis et dans le reste du monde.
Un an plus tôt, en septembre 2021, soit dix-huit mois après le début de la crise sanitaire, Stéphane Huet, directeur de Dell Technologies France, témoignait de la bonne santé du groupe en lien avec l'accélération de la transformation digitale opérée par les entreprises et par les acteurs publics ou parapublics, et déclarait dans une interview à La Tribune que chez Dell, qui venait de communiquer ses résultats du 2e semestre fiscal le 26 août 2021, « nous avons connu un 2e trimestre record, avec un chiffre d'affaires de plus de 26 milliards de dollars, soit une croissance de +15%, avec une demande soutenue sur l'activité solutions client, qui a augmenté de +27%. C'est une croissance est attendue sur le reste de l'année, car les entreprises vont continuer d'équiper leurs collaborateurs pour le télétravail au-delà d'un simple PC mais aussi sur l'environnement de travail comme les webcams ou des logiciels associés ».
Réunion annulée, augmentations décalées...
Sur le site montpelliérain, les salariés sont dans l'attente d'éléments complémentaires. Même les représentants syndicaux n'ont pas eu accès à beaucoup d'informations sur les menaces qui pèseraient sur les emplois en France.
Le site montpelliérain est piloté, depuis le 30 septembre 2022, par le duo formé par Laure Benezeth et Nicolas Guétin, qui ont ainsi succédé à Muriel Avinens, cette dernière se recentrant sur sa mission de directrice générale PME/PMI en France.
Sollicitée par la rédaction, la direction du site montpelliérain a décliné, se contenant du commentaire laconique suivant : « Nous évaluons continuellement les opérations pour nous assurer que la bonne structure est en place pour fournir la meilleure valeur et le meilleur soutien aux partenaires et aux clients. Cela fait partie du cours normal de nos activités. Bien que nous ayons suspendu l'embauche externe, nous faisons constamment évoluer notre stratégie d'embauche en fonction des besoins de l'entreprise ».
« Il devait y avoir réunion cette semaine avec des annonces mais elle a été annulée au dernier moment, répond à La Tribune Aurélie Tavernier, élue FO chez Dell Montpellier. Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'en France, la réduction des effectifs commencerait par les hauts salaires. Ce qui a d'ailleurs déjà commencé avant l'annonce de ce plan de licenciements... On constate que depuis quelques mois, les conditions de travail sont devenues difficiles dans certains services, avec notamment avec des objectifs impossibles à tenir. Beaucoup de gens sont partis en burn-out, on a vu beaucoup de départs non remplacés, et de plus en plus de salariés nous contactent et nous demandent de l'aide pour partir plus vite en raison des surcharges de travail. Il y a d'ailleurs une enquête qui a été faite à la demande du CSE et qui a confirmé ces surcharges de travail, et une procédure de "danger grave et imminent" a été lancée auprès de l'inspection du travail... »
La représentante du personnel ajoute que les résultats de l'entreprise étaient bien sûr scrutés de près depuis l'embellie post-Covid : « On savait qu'on n'arriverait pas à maintenir à la croissance exponentielle enregistrée durant la période du Covid, grâce aux besoins générés par le télétravail notamment. Les dirigeants nous avaient récemment annoncé que les augmentations annuelles seraient peut-être décalées. Et on sait aussi qu'ils avaient demandé des réductions de dépenses, par exemple les repas au restaurant avec des clients... ».
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