« Cette saison estivale atypique a réservé des surprises mais le bilan s'avère plutôt satisfaisant au regard du contexte et des prévisions faites, face à cette véritable lame de fonds dont personne ne pouvait pressentir la durée et l'ampleur », observe Jean-Louis Guilhaumon.

Le vice-président de la Région Occitanie en charge du Tourisme et du Thermalisme présentait, le 9 septembre, le premier bilan de la saison touristique 2020 aux côtés de Vincent Garel, président du Comité régional du tourisme (CRT) Occitanie.

Il rappelle qu'avec 15,9 Mds € de consommation touristique, l'Occitanie est la 4e région touristique de France. Elle est également la première région pour sa capacité d'accueil touristique, avec 3,3 millions de nuits et près de 26, 3 millions de nuitées en hôtellerie de plein air (1er rang national).

Une saison équivalente voire supérieure à 2019

Malgré le retour de quelques touristes européens de proximité (Belges, Néerlandais, Suisses), le manque de clientèle étrangère (- 79 %) s'est fait cruellement sentir auprès des professionnels. Pour autant, la clientèle française semble avoir en partie compensé cette absence.

En effet, sur les 53 % des Français partis en juillet et août (contre 71 % en 2019), la quasi-totalité des partants a séjourné en France.

« En août, l'Occitanie a confirmé sa place de destination privilégiée des Français », indique Vincent Garel.

D'après une étude menée auprès de 3 300 répondants (dont 2 147 pour le secteur de l'hébergement), 70 % des prestataires interrogés estiment que la fréquentation (en août) a été équivalente, voire supérieure, dans certains cas, à l'année dernière.

Massif Central plébiscité, littoral moins prisé

La campagne et la montagne sont les deux gagnants de cette saison. Ainsi les grands espaces et les environnements préservés ont largement été plébiscités par les touristes, à l'image du Massif Central qui enregistre une hausse de fréquentation de 14 % en juillet et de 10 % la première quinzaine d'août.

La campagne connaît également un regain d'attractivité touristique sur la première quinzaine d'août (+ 8 %).

La situation est beaucoup plus mitigée sur le littoral qui connaît de fortes disparités. Certaines stations ont réussi à tirer leur épingle du jeu, grâce notamment à leur capacité d'innovation. Mais la moyenne de fréquentation chute de 13 % en juillet et de 6 % la première quinzaine d'août.

Le milieu urbain boudé

Les métropoles, quant à elles, n'ont pas retrouvé les volumes de nuitées de 2019.  Peinant à convaincre les touristes et pâtissant du manque d'activité auprès de la clientèle affaires, elles enregistrent une baisse de fréquentation estimée à 40 % par les professionnels, même à 75 % pour Lourdes.

Pour le mois de juillet, Toulouse enregistre une chute de sa fréquentation de 25 %, bien devant Montpellier à - 12 %. La situation s'arrange un peu en août : - 10 % pour Toulouse, - 3 % pour Montpellier.

Pour les deux métropoles, l'hôtellerie urbaine présente des résultats inférieurs dès le mois de février, avec des performances en rouge de février à juillet, alors que le mois de février était en vert en Occitanie. Une remontée des performances semble s'amorcer.

« Le milieu urbain connaît une période difficile. C'est une préoccupation majeure pour nous, assure Jean-Louis Guilhaumon. Lourdes est la grande perdante de la saison mais tous les partenaires sont mobilisés pour venir à son secours via un plan d'actions. »

Parmi les actions : mise en place d'un PASS relance thermal et bien-être, mobilisation du fonds Tourisme, promotion de la filière, etc.

Taux de remplissage hôtelier supérieur à 2019

Les performances hôtelières remontent progressivement depuis début juin. La progression est continue durant juin et juillet, permettant aux établissements de retrouver des niveaux de remplissage supérieurs à 2019 dès le 1er août.

Cette tendance positive se poursuit sur les trois premières semaines d'août, pour malheureusement s'inverser sur la dernière semaine estivale. Le mois d'août enregistre cependant une croissance du revenu par chambre de + 2,1 % en Occitanie.

En revanche, s'il est un mode de vacances qui a bien tiré son épingle du jeu au cours de cette saison atypique, c'est le camping-car, dont le nombre est en hausse de 21 % sur la période juillet-août au niveau national.

Les gîtes de France remplis à 96 % en août

Repartis sur l'ensemble de la région Occitanie, les 8 500 gîtes de France affichent un taux de remplissage comparable à 2019, avec un taux d'occupation de 52 % lissé sur le mois de juillet (en léger recul) mais un net rebond la première quinzaine d'août (96 %).

A défaut de pouvoir partir à l'étranger, une nouvelle clientèle présentant un pouvoir d'achat plus important a opté pour ce type d'hébergement.  Le panier d'achat moyen a fortement augmenté, par exemple de + 15 % dans le Gers.

Globalement, d'après les prestataires interrogés sur l'ensemble du secteur d'hébergement, le panier moyen, estimé à 56 € par jour et par personne, est resté stable en 2020.

Disparités pour l'hôtellerie de plein air

Touchée par la défection de la clientèle étrangère, l'hôtellerie de plein air en Occitanie (1 400 établissements) pourrait au final enregistrer une baisse de fréquentation totale de 20 %, d'après Jean-François Bey, le président de la Confédération de l'Hôtellerie de Plein Air d'Occitanie.

Mais les écarts entre les établissements sont très significatifs. Si les campings du littoral, et certains du Gers, ont été particulièrement touchés par la défection de la clientèle étrangère, les départements de la Lozère et de l'Aveyron se sont révélés très attractifs.

Les petits et moyens établissements semblent s'en être mieux sortis que les structures haut de gamme. Dernièrement, le passage du Gard et de l'Hérault en zone rouge a provoqué de nombreuses annulations pour le mois de septembre.

Des interrogations pour l'après-saison

Parmi les répondants, près d'un professionnel sur deux se dit inquiet, voire pessimiste, quant au niveau d'activité du mois de septembre. Beaucoup ont du mal à se projeter, notamment en raison de la mise en place des mesures Covid très restrictives pour la clientèle de groupes.

Les professionnels du littoral se sentent fortement impactés par les annonces gouvernementales, tandis que les métropoles pâtissent de l'incertitude de l'activité liée au tourisme d'affaires. D'autant que, comme l'a souligné Vincent Garel, « les réservations se font désormais, non pas à la dernière minute mais à la dernière seconde ».

Le mois d'août, positif dans l'ensemble, ne compensera sans doute pas un printemps catastrophique et une saison mitigée.

Une clientèle de proximité à fidéliser

Pour autant, le pire semble avoir été évité. Ce que confirme le directeur du CRT.

« Je tiens à rendre hommage aux professionnels du tourisme qui ont fait preuve d'une réelle capacité d'adaptation et ont permis de contribuer à ces résultats assez satisfaisants. Ces résultats sont corrélés aux efforts et au plan d'actions de relance sans précédents de la Région Occitanie et du CRT (fonds de solidarité de 6,4 M€, PASS et Contrats Relance, fonds L'OCCAL de 80 M€, fonds Tourisme porté à 112 M€, etc., NDLR). Cette année, nous allons probablement gagner une place ou deux sur le podium. Mais ce n'est pas pour crier victoire, compte tenu des circonstances, ce n'est pas notre état d'esprit. L'Occitanie a su attirer un afflux de visiteurs relativement important, notamment une clientèle de proximité. Il y a maintenant un vrai travail de fidélisation à faire pour séduire cette nouvelle clientèle. »