"Résilience stories" : ce que la crise génère de positif, raconté par les Ambassadeurs d’Occitanie

La 2e séquence de l’événement organisé par La Tribune, "Les Ambassadeurs d'Occitanie, le LIVE", a eu lieu le 10 novembre. L’occasion pour une douzaine d’acteurs économiques du territoire de venir témoigner de leurs capacités en innovation et en résilience pour faire face à la crise.
Cécile Chaigneau
Le 2e volet de l'événement Les Ambassadeurs d'Occitanie a accueilli une douzaine d'acteurs économiques régionaux le 10 novembre 2020, sur plusieurs tables rondes animées par Jean-Claude Gallo, vice-président de La Tribune.
Le 2e volet de l'événement Les Ambassadeurs d'Occitanie a accueilli une douzaine d'acteurs économiques régionaux le 10 novembre 2020, sur plusieurs tables rondes animées par Jean-Claude Gallo, vice-président de La Tribune. (Crédits : Cécile Chaigneau)

L'ensemble des débats à revoir en replay ici.

« La crise n'a pas stoppé nos projets »

Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte et président de Pays de l'Or Agglomération : « La crise n'a pas stoppé nos projets, au contraire. L'agglomération compte aujourd'hui 14 zones d'activité économique, 6 000 entreprises et 17 000 emplois, et notre nouveau parc Industrie Or Méditerranée sort de terre aux portes de la plateforme aéroportuaire. Il sera livré à l'été 2021, avec l'installation actée de Zimmer Biomet (robots médicaux, NDLR) et de MG Développement (appareils auditifs, NDLR), soit près de 500 emplois dans les deux ans. Les salariés pourront bénéficier des services proposés sur le site... Par ailleurs, nous poursuivons notre projet Ville-Port, avec une extension du port pour créer deux bassins portuaires et proposer 400 anneaux supplémentaires (actuellement 1 500, NDLR), le transfert de la zone économique d'activités nautiques, des opérations d'aménagement urbain et la création de près de 500 logements. L'objectif de ce projet, c'est de faire de La Grande Motte, ville touristique, une ville permanente et d'accueillir des familles. Le plan de relance nous permettra d'accompagner ce projet. »

Investir dans la vidéosurveillance intelligente

Raphaël Marino, dirigeant fondateur de MyConnect (18 salariés, 2 M€ de chiffre d'affaires en 2020) à Mudaison (34) : « Historiquement, nous sommes spécialisés dans la vidéosurveillance des entreprises ou des communes. Nous avons positionné une caméra thermique pour détecter les départs de feu ou des intrusions humaines et avec la crise sanitaire, nous avons eu des demandes de nos clients sur une possible prise de température. Nous avons travaillé en partenariat avec notre fabricant de caméras pour mettre au point cette solution thermique de détection de fièvre qui permet, avec 21 points de mesures du visage, de donner une température corporelle précise jusqu'à +/- 0,3°C et d'alerter à partir de 38°. La crise nous a poussé à l'innovation technologique mais aussi à l'innovation dans le déploiement de notre technologie : aujourd'hui, 90 % de nos caméras sont réglées depuis notre laboratoire et déployées à distance grâce à un kit plug&play envoyé aux clients. Unne méthode devenue un standard chez nous... Notre solution est conforme à la réglementation, on n'enregistre aucune donnée, on ne fait pas de reconnaissance faciale. Nous continuons d'investir dans la vidéosurveillance intelligente. »

« Cette crise nous a conforté dans notre stratégie d'entreprise »

Frédéric Fort, directeur territorial GRDF dans l'Hérault : « L'enjeu avec le 2e confinement a été de maintenir l'intégralité de nos activités dans le respect des protocoles sanitaires. Nous avons su faire preuve d'adaptabilité dans la réorganisation du travail pour répondre aux contraintes tout en maintenant l'activité... Cette crise renforce la dimension de l'ancrage territorial chez GRDF et nous conforte dans notre stratégie d'entreprise : l'enjeu est maintenant de relancer l'activité économique, et nous sommes convaincus que le réseau de gaz est un atout pour contribuer à décarboner l'économie et accélérer la transition énergétique au cœur des territoires, par exemple avec le biogaz et la mobilité durable avec le GNV. Aujourd'hui, on est sur une trajectoire qui nous permet d'envisager 30 % de gaz verts dans les réseaux à horizon 2030. »

« Récolter le fruit de nos investissements »

Benoît Gillmann, P-dg de BIO-UV : « Lors du premier confinement, nous avons créé une gamme pour désinfecter les surfaces aux ultraviolets. Aujourd'hui, avec ce 2e confinement, presque tout le monde est dans l'entreprise car beaucoup craignent le télétravail. Et qu'il y a beaucoup de travail. Nous avons bien sûr continué à développer le traitement des eaux de ballast de bateaux. Après notre levée de fonds de 12,7 M€ (début octobre, NDLR), notre objectif est maintenant de récolter le fruit de nos investissements, notamment dans les eaux de ballast. Nous allons donc renforcer la partie commerciale. Mais nous regardons aussi d'éventuelles cibles pour continuer à faire de la croissance externe. Notre objectif de chiffre d'affaires à 2024 est de 60 M€ en organique. »

« Transformer un traumatisme local en opportunités de développement »

Vincent Renouard, chargé de mission pour la délégation Occitanie du groupe EDF : « La crise Covid a déclenché un renforcement de notre proximité aux clients et aux territoires. Nous avons notamment créé un fonds d'urgence spécial solidarité pour les personnels soignant mais aussi pour les personnes en difficulté financière au-delà de ce qu'on fait déjà via la fondation. Dans le plan de relance, notre 1e rôle est de continuer à investir afin de jouer un rôle d'amortisseur économique... La crise peut être l'occasion de transformer un traumatisme local en opportunités de développement. Dans le Gard, nous avons l'exemple d'une "résilience story", avec la création de la Cleantech Vallée, qui est partie de la fermeture d'une centrale au fioul, avec une perte de fiscalité pour le territoire et une perte d'emplois. Ça a été un gros travail en partenariat avec les territoires et les institutionnels. Nous avons réagi de la même manière avec la crise Covid : le Cleanthech booster a fait travailler les entreprises ensemble pour répondre aux problématiques posées par la crise sanitaire. »

ReCOVery, né pendant le 1e confinement

Alain Godot, fondateur d'Innowtech (Nîmes), l'une des 4 entreprises partenaires du projet ReCOVery : « Le projet ReCOVery consiste à développer un robot autonome de décontamination de locaux. L'idée est née pendant le premier confinement au sein du Cleantech Booster, qui nous a donné l'opportunité de réfléchir à plusieurs comment répondre à la crise sanitaire. Quatre entreprises ont amené chacune leurs compétences : Innowtech pour la partie robotique, Sterixene aux Angles pour la décontamination par lumière pulsée, Sirea à Castres pour le volet énergie du robot, et Fadilec à Laudun-l'Ardoise pour la partie intégration. Le robot a été conçu en deux mois. Nous finalisons aujourd'hui la V2 du robot, qui va être qualifiée puis testée d'ici la fin de l'année, pour une commercialisation l'an prochain. Notre objectif est de vendre entre 10 et 15 robots en 2021. A moyen terme, nous envisageons de développer une version pour l'agroalimentaire, sur le volet destruction de bactéries. »

« La crise nous pousse à davantage miser sur le e-learning »

Marie-Chrsitine Lichtlé, directrice adjointe de Montpellier Management : « Nous formons de futurs managers, de futurs leaders, avec des valeurs d'éthique importantes. Soit environ 4 000 étudiants, 600 apprentis et 500 en e-learning. Depuis dix ans, nous innovons dans la pédagogie avec des formations en e-learning. Avec la crise, nous sommes passés totalement aux enseignements en distance, en allant encore plus vers le digital. Cela nous pousse à davantage miser sur le e-learning pour proposer de nouvelles formations à distance, notamment pour les professionnels. En 2021, nous allons mettre en place les blocs de compétences, et de nouvelles formations courtes à distance. »

« Les entreprises ont profité de la crise pour former leurs salariés »

Émilie Espona, fondatrice de ATE FORMATION à Montpellier : « J'ai créé ATE Formation en décembre 2018. On avait une demande des dirigeants d'entreprises de se former sur la digitalisation, le marketing digital. Depuis la crise, avec les besoins de faire de la vente à distance, les salariés qui se retrouvaient au chômage partiel, etc., les entreprises se sont inscrites dans la positivité et ont souhaité profiter du moment pour former leurs salariés ou se diversifier. Nous avons reçu de plus en plus de demandes. On était prêts. En six mois, nous avons créé 10 emplois. De 250 000 € de prévisionnel, on est passé à 5 M€ pour 2020 et une projection de 10 M€ en 2021. »

« Développer des coopérations avec l'ensemble des acteurs du territoire »

Hind Émad, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, en charge du développement économique : « Pour accompagner les entreprises dans la crise, la Métropole a notamment abondé au fonds L'Occal de la Région Occitanie, créé un fonds pour aider les associations ou lancé une plateforme de click&collect pour les petits commerces. Nous avons à cœur de connaitre les problématiques des entreprises pour y répondre en développant des coopérations avec l'ensemble des acteurs du territoire, autres collectivités, associations, etc. Par exemple, le projet de Med Vallée initié par Michaël Delafosse, qui vise à créer un pôle d'excellence en santé, sera co-construit avec les acteurs universitaires, la recherche, les industriels. La ville doit être en capacité de se réinventer pour développer son attractivité. »

Très touchée par la crise, Vogo s'adapte

Christophe Carniel, P-dg de Vogo et partenaire du projet de tests salivaires EasyCov : « Vogo est très active dans le domaine du sport, et l'entreprise a été très impactée par la crise, tant dans la pratique, car la distanciation physique rendait certains sports impossibles, que dans la participation aux événements sportifs. Nous avons été contactés par le laboratoire Sys2Diag de Franck Molina, qui mettait au point des tests salivaires. Pour finaliser ces tests colorimétriques, il fallait compléter le consortium avec un acteur numérique et ils sont venus proposer à Vogo d'apporter cette brique technologique. Aujourd'hui, le CHU a terminé l'étude clinique, qui est très positive. Mais nous attendons la validité totale pour une mise sur le marché en France. Nous commercialisons déjà dans certains pays où la réglementation de santé le permet. »

« Plus agiles pour se relever plus vite »

Pierre Chauvois, directeur général de la Banque Populaire du Sud : « Pour répondre à la crise sanitaire, nous avons été présents avec 100 % des agences ouvertes, et nous avons opéré des développements informatiques très rapides, notamment pour mettre en place les reports d'échéances et distribué quelque 800 M€ de PGE en 3 mois. Maintenant, il faut voir comment les entreprises vont s'adapter. Pour ça, il faut revenir aux fondamentaux : apprécier la capacité du dirigeant à transformer son entreprise pour assurer sa pérennité à travers une nouvelle grille d'analyse, c'est à dire questionner le business plan. Demain offrira des opportunités importantes dans certains secteurs, par exemple l'agroalimentaire dans la région Occitanie. Nous allons bénéficier d'une évolution démographique favorable, et nous avons la chance d'être un territoire qui comptent de nombreuses entreprises innovantes. Ce sont des atouts fondamentaux, qui nous rendent plus agiles avec donc plus de chances pour se relever plus vite. »

« La crise nous a donné matière à réfléchir pour se positionner sur certains marchés »

Braham Henda, directeur d'usine de Sterimed (Amélie-les-Bains), fabricant d'emballages stériles pour le milieu médical (1 000 salariés) : « La crise a généré une forte augmentation d'activité car partout dans le monde, des pays et des hôpitaux ont décidé d'augmenter leurs stocks en papiers santé. Nous avons un prévisionnel de chiffre d'affaires 2020 de 150 M€... Nous avons commencé par importer 22 millions de masques depuis notre filiale en Chine, en nous transformant en plateforme logistique. Puis on s'est mis à fabriquer des masques, du gel hydroalcoolique. Mais ce n'était qu'une parenthèse, notre cœur de métier reste le papier santé. Mais la crise nous a donné matière à réfléchir pour se positionner sur certains marchés. Par exemple, les vaccins à venir contre le Covid nécessiteront des emballages stériles emballés qu'on pourrait produire. »

Cécile Chaigneau

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