RER métropolitains : la candidature de Montpellier retenue

De nombreuses collectivités territoriales ont candidaté au statut de services express régionaux métropolitains (SERM) pour améliorer l’offre de transports assurant les dessertes des grandes métropoles. Montpellier fait partie des 15 premiers lauréats retenus par le gouvernement. Reste également à voir si la démarche de SERM sera poursuivie par la prochaine majorité…
Cécile Chaigneau
Le projet de SERM Montpellier Méditerranée met l'accent sur l'intermodalité, avec du transport routier urbain et interurbain, du ferroviaire et des déplacements doux.
Le projet de SERM Montpellier Méditerranée met l'accent sur l'intermodalité, avec du transport routier urbain et interurbain, du ferroviaire et des déplacements doux. (Crédits : DR)

Ils devaient initialement y en avoir une dizaine. Finalement, le 27 juin au soir, le gouvernement a annoncé la liste des 15 premiers projets de services express régionaux métropolitains (SERM)* labellisés. Et une autre salve d'annonces aura lieu avant le 7 juillet, indique le gouvernement, pour neuf autres services express régionaux métropolitains.

Si ce n'est pour l'heure qu'un label tamponné par l'Etat, ceux qui font partie de cette première vague de lauréats, ne boudent pas leur plaisir. C'est le cas de Montpellier et Toulouse en Occitanie. Car cette labellisation marque la première étape de la procédure pour obtenir des financements publics. Elle s'est appuyée sur un « dossier minute » établi par les porteurs de projet, présentant l'ambition générale, les acteurs locaux mobilisés, le périmètre et les grandes orientations stratégiques. L'étape suivante pour ces quinze lauréats sera l'obtention du statut par arrêté, une décision qui sera prise sur la base d'un dossier approfondi précisant objectifs, feuille de route, plan de financement et gouvernance du projet.

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« Nous sommes prêts »

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a rapidement réagi sur X : « LGV, RER, métros, tramways, cars express, vélos... Nous proposerons de nouvelles solutions de déplacements décarbonés à nos concitoyens. Nous rapprocherons la périphérie et la ruralité des centres villes, nous améliorerons la qualité de l'air. Nous faciliterons le voyage et la vie des usagers des transports publics. L'investissement devant nous est colossal, l'Etat devra être au rendez-vous. C'est un enjeu majeur, pour le climat comme pour la justice sociale et territoriale. Nous sommes prêts ! »

Prêts pour un projet collectif et fédérateur, présenté le 23 mai dernier aux côtés de la Métropole de Montpellier, et en collaboration avec le Département de l'Hérault et huit intercommunalités (Nîmes Métropole, le Grand Pic Saint-Loup, la Vallée de l'Hérault, le Lodévois et Larzac, le Pays de Lunel, le Pays de l'Or, Sète Agglopôle et le Clermontais), alors que les collectivités locales officialisait leur candidature commune à la mise en œuvre d'un « RER métropolitain » dans l'aire urbaine de Montpellier.

Pour mémoire, le SERM, autrement qualifié par Emmanuel Macron de « RER métropolitain », a pour vocation d'améliorer les dessertes des métropoles afin de renforcer leur attractivité par divers moyens de mobilités réduisant la place de la voiture (train, métro, tramway, car express, bus à haut niveau de service, pistes cyclables, etc., le tout accessible par une billetterie unique).

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« Une gouvernance unie »

La candidature montpelliéraine était placée sous le signe de l'unité, et cette concorde qui a tissé un fil rouge entre les différentes collectivités territoriales a indéniablement contribué à la labellisation du projet. « Nous sommes au rendez-vous d'une gouvernance unie », avait alors affirmé Michaël Delafosse, maire (PS) de Montpellier et président de la Métropole.

Avec ses quelque 500.000 habitants sur le périmètre de la métropole montpelliéraine, le territoire présente un bassin de vie qui s'est largement transformé ces dernières décennies sous une poussée démographique importante. À l'horizon 2030, 170.000 déplacements par jour sont attendus sur l'aire d'attraction montpelliéraine, dépourvue d'étoile ferroviaire (contrairement à Toulouse), avec une augmentation de +20% du trafic routier si rien de significatif n'est opéré. D'où la volonté d'apporter des alternatives.

Le SERM Montpellier Méditerranée s'articulera autour d'un choc d'offres de transports collectifs en tout genre, pas uniquement ferroviaire, comprenant le renforcement des dessertes existantes, le déploiement de nouvelles infrastructures et une organisation connectée et optimisée de l'intermodalité. Autre spécificité : déborder des seules limites de la Métropole en définissant un périmètre plus large, allant du bassin de vie de Nîmes à Sète, en passant par Lodève.

Le projet de mobilités se matérialisera par la création d'une billetterie unique, « même s'il faut tordre le bras des directeurs des services informatiques qui nous disent que c'est impossible », a promis Michaël Delafosse.

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Un calendrier chamboulé

Le financement est bien sûr l'enjeu principal de ces candidatures. Les élus n'ont pas évoqué, le 23 mai dernier, le montant des investissements nécessaires sur le territoire retenu, mais un document listant des investissements entre 2024 et 2034 (travaux routiers ou ferroviaires, dont les pôles d'échanges multimodaux) évoque, si on se risque à additionner ceux qui ont pu être chiffrés, la somme de 522 millions d'euros.

Le gouvernement avait promis la tenue d'une « conférence nationale des financements des SERM » avant le 30 juin 2024. Compte tenu du contexte de crise politique qui secoue le pays depuis le 9 juin dernier et la tenue des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, il est probable que le calendrier en soit chamboulé.

« C'est un engagement présidentiel, donc l'Etat prendra - et prend déjà - sa part dans le financement des SERM. La conjoncture budgétaire actuelle est donc en décalage avec ces projets qui seront étalés sur les 15 prochaines années. (...) Et il n'y a pas que l'Etat qui va participer : il y a les collectivités, il peut y avoir le contribuable local. Les modalités de financement peuvent être diverses et variées », déclarait, le 24 avril, le ministre des Transports Patrice Vergriete à La Tribune.

Reste toutefois à voir si la démarche de SERM, qui avait rencontré une belle unanimité de tous bords politiques, sera poursuivie par la prochaine majorité...

* Les autres projets labellisés par cette première vague sont ceux des territoires de Bordeaux, Chambéry, Clermont‑Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Mulhouse, Nantes, Rouen, Saint‑Etienne, Strasbourg, Toulouse, et Tours ainsi que les porteurs du projet Lorraine-Luxembourg.

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Cécile Chaigneau

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