Comment Watertracks (travaux sous-marins) conjugue croissance et environnement

Après une récente levée de fonds de 1,2 million d’euros auprès de Sofilaro et du groupe montpelliérain Qair, l’entreprise héraultaise Watertracks, spécialiste en systèmes et travaux subaquatiques robotisés, veut déployer son expertise sur un marché mondial, de plus en plus sensibilisé à la cause environnementale.
Watertracks, qui a mis au point le robot Nessie, capable de draguer les sédiments se déposant au fond des lacs artificiels, veut partir à l'export dès 2023, notamment en se lançant à l'assaut du massif alpin en Suisse, Autriche et Allemagne.
Watertracks, qui a mis au point le robot Nessie, capable de draguer les sédiments se déposant au fond des lacs artificiels, veut partir à l'export dès 2023, notamment en se lançant à l'assaut du massif alpin en Suisse, Autriche et Allemagne. (Crédits : DR)

Spécialisée dans les systèmes de travaux sous-marins, la société Watertracks, créée en 2016 à Pérols (34), a mis au point, l'an dernier, le robot Nessie, capable de draguer les sédiments se déposant au fond des lacs artificiels. Développé dans le cadre d'un partenariat innovation avec EDF, ce dispositif inédit ouvre des perspectives pour répondre aux enjeux, de plus en plus prégnants, en matière de capacité de stockage de l'eau et de demande en énergie renouvelable. Watertracks vient d'ailleurs de recevoir le Grand Prix du concours Les Inn'Ovations 2022.

« Dans le monde, les lacs artificiels sont sédimentés en moyenne à plus de 35% et ils continuent de se boucher. En France, la situation est plus tendue encore, la moyenne dépassant les 50% de sédimentation depuis 2020. Ce Grand Prix (doté de 30.000 euros, NDLR) représente une grande reconnaissance de notre effort d'innovation dans un secteur industriel qui sort un peu du commun », se félicite Raphaël Gaillard, président de Watertracks.

Un robot à 1 million d'euros

Alors que des solutions lourdes existent pour draguer les lacs (en les vidant par exemple), le robot sous-marin Nessie fait preuve - malgré ses 15 tonnes, ses 7 m de long, ses 5 m de large et ses 4 m de hauteur - d'une agilité déconcertante lui permettant de se déplacer sans entrave sur la vase au fond de l'eau. Qui plus est, il fonctionne avec n'importe quelle hauteur d'eau. Deux brevets européens ont été déposés, l'un pour le robot, l'autre pour la tête de dragage.

Châssis, adaptation des composants et assemblage sont réalisés dans l'atelier lunellois. La fabrication d'un robot (coût : 1 million d'euros) prend en moyenne neuf mois, et un second est en cours de fabrication.

« Nous ne vendons pas de robots mais du service, rappelle Raphaël Gaillard. Nous misons sur cinq robots d'ici 2027. Sur ce marché de niche, notre technologie d'innovation évolue en fonction du retour d'expérience de chaque chantier. »

De fait, pour le moment filoguidé par des opérateurs installés dans une cabine de contrôle sur la berge, le robot pourrait rapidement devenir autonome.

Cap sur les marchés émergents

Alors que les méthodes de curage ont généralement un impact sur la faune, la flore et les berges qui s'érodent facilement, Watertracks mise sur l'aspect écologique de son innovation. Un atout pour remporter des appels d'offres publics comme le dragage des sédiments de la Rance (Bretagne), une future opération de dragage pour l'office hydraulique corse, ou encore le curage du bassin des joutes de Bourg-lès-Valence. L'opportunité de dragages portuaires pendant la saison hivernale promet également de pérenniser l'activité tout au long de l'année.

Watertracks, qui devrait dépasser le million d'euros de chiffre d'affaires en 2021 (contre 850.000 euros en 2020), ambitionne de doubler son activité chaque année, grâce notamment à l'export. La société se dit ainsi prête à partir, dès 2023, à l'assaut du massif alpin, même si elle a été ralentie par de lourdes procédures administratives en Suisse, Autriche et Allemagne. Avant de s'attaquer aux continents nord et sud-américain, puis à l'Afrique du Sud et l'Asie.

« La problématique sédimentaire dans les réservoirs hydroélectriques n'est pas spécifique à la France, le besoin est réel dans toutes les zones humides, analyse le président de Watertracks. Notre solution très respectueuse de l'environnement est adaptée partout, notamment pour les pays émergents de plus en plus sensibilisés à la cause écologique. »

Mutualisation de technologies

C'est avec une pelleteuse sous-marine de 50 tonnes, permettant d'enterrer des pipes pour le pétrole jusqu'à 100 mètres de profondeur, que Watertracks avait démarré son activité. Face aux ambitions de la région Occitanie en matière d'énergies renouvelables, la société héraultaise veut saisir de nouvelles opportunités.

« Nous sommes sur le qui-vive avec le projet d'éoliennes en mer Méditerranée qui pourrait être l'occasion de remettre en activité nos engins pour enterrer, par exemple, les gaines de protection pour les câbles de connexion des énergies marines renouvelables », anticipe Raphaël Gaillard.

En parallèle, Watertracks vient de développer Lisie, une mini-pelle sous-marine dédiée aux opérations de curage en milieu confiné. Petite, très agile pour les finitions, dotée d'un software lui permettant de travailler en géopositonnement, elle intéresse vivement le marché de dépollution des bassins industriels. Une première intervention dans une galerie immergée en vallée de Maurienne vient de démarrer. Très vite, Lisie pourrait être complémentaire du robot Nessie, Watertracks travaillant sur la mutualisation de ses technologies pour être toujours plus compétitif.

Qair au capital

Pour améliorer sa capacité d'investissement dans la R&D et assurer sa croissance, Watertracks vient de lever 1,2 million d'euros auprès de Sofilaro (filiale du Crédit Agricole du Languedoc) et du groupe montpelliérain Qair, producteur indépendant d'énergie renouvelable fondé par Jean-Marc Bouchet.

« Voir arriver un homme de cette expérience au sein de notre comité stratégique est une chance » se réjouit Raphaël Gaillard.

« Le robot de Watertracks est astucieux, compétitif, écologique, et ses futures applications pourront aller bien au-delà des dragages de ports », estime de son côté le serial entrepreneur Jean-Marc Bouchet, qui a déjà investi dans des startups telles que Neocean, Tarbouriech, Magicpallet, ou encore Comwatt.

Pour structurer son développement, Watertracks (sept salariés) recrutera quatre à six personnes cette année, et autant en 2023.

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