Les quatre raisons qui font exploser le cours de l’action en bourse de la biotech française MedinCell

La biotech héraultaise MedinCell franchit un cap décisif. Plusieurs actualités, de la mi-avril à ce 14 mai, viennent conforter sa trajectoire : des premières ventes aux Etats-Unis, un nouveau partenariat commercial ou des résultats d’essais cliniques sur la schizophrénie. Au point qu’elle pourrait entrer en profitabilité et ne plus avoir besoin de lever des fonds.
Cécile Chaigneau
La biotech MedinCell, qui développe un portefeuille de produits dans différentes aires thérapeutiques suivant la technologie innovante de l’injection sous-cutanée à action prolongée,  surfe sur une vague d'accélération.
La biotech MedinCell, qui développe un portefeuille de produits dans différentes aires thérapeutiques suivant la technologie innovante de l’injection sous-cutanée à action prolongée, surfe sur une vague d'accélération. (Crédits : MedinCell)

Sur le marché Euronext Paris, le cours de l'action MedinCell a bondi depuis le début de l'année en raison de plusieurs bonnes nouvelles venues doper l'optimisme (et l'appétence) des investisseurs... « Le titre est resté à 6 euros de l'été 2023 à novembre 2023, puis est monté à 15 euros, des fonds d'investissement américains prenant position au vu des avancées de nos produits sur le marché américain », souligne Christophe Douat, le président de MedinCell. A ces côtés, son chargé de communication brandit les chiffres : « L'action a augmenté de 111% depuis janvier 2024, de 123% depuis un an et de 120% depuis cinq ans... Aujourd'hui, MedinCell est la seule biotech cotée en bourse dont l'action s'affiche au-dessus de son cours d'introduction ».

La biotech héraultaise développe un portefeuille de produits dans différentes aires thérapeutiques, suivant une technologie innovante, l'injection sous-cutanée à action prolongée qui permet la libération contrôlée et prolongée d'un principe actif pendant plusieurs jours, semaines ou mois. Une technologie qui répond à un enjeu majeur en terme de santé : l'observance médicale, c'est à dire le fait de prendre correctement son traitement jusqu'au bout.

« Une année spectaculaire »

« J'avais annoncé fin 2023 que 2024 devrait être une année spectaculaire pour MedinCell et c'est ce qui se produit », se réjouit Christophe Douat.

Quatre raisons en sont à l'origine. La première se situe du côté de la commercialisation... MedinCell développe trois produits avec son partenaire commercial l'entreprise pharmaceutique israélienne Teva Pharmaceuticals. Après obtention de la précieuse autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) en mai 2023, la commercialisation du premier produit a démarré sur le marché américain. Il s'agit de l'Uzedy, un traitement à base de rispéridone destiné aux patients souffrant de schizophrénie. Evoquant son potentiel, Christophe Douat ambitionnait « le statut de block-buster sur le marché américain, c'est à dire atteindre le milliard de dollars de ventes ».

« Nous avons négocié avec tous les organismes de remboursements américains et les ventes affichent déjà une très belle croissance, affirme le président de MedinCell. Teva ne divulgue pas les chiffres des ventes mais estime qu'elles pourraient atteindre les 80 millions de dollars en 2024, ce qui est énorme pour une première année. »

La biotech héraultaise percevra des royalties « mid-single to low-double-digit » sur les ventes nettes, soit entre 5 et 10%, un montant qui sera divulgué en juin prochain, au moment de la communication financière des résultats de l'entreprise.

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AbbVie, « 5e société pharmaceutique mondiale »

La deuxième bonne nouvelle a été officialisée le 16 avril dernier : MedinCell a conclu un accord stratégique de co-développement et de licence avec AbbVie pour développer jusqu'à six produits injectables à action prolongée.

« Avec l'approbation FDA pour l'Udezy, MedinCell est entrée dans la cour des grands et j'avais annoncé des partenariats potentiels à venir, rappelle Christophe Douat. AbbVie est la 5e société pharmaceutique mondiale. Elle est réputée très innovante, et elle a à son palmarès la commercialisation du produit le plus vendu de l'histoire de la pharma, l'Humira utilisé notamment contre la polyarthrite... Ce deal est majeur pour MedinCell. Il nous vaut un paiement initial de 35 millions de dollars qui vient de traverser l'Atlantique cette semaine ! Et il pourrait nous permettre de percevoir jusqu'à 1,9 milliards de dollars sous forme de milestones (paiements d'étape pendant le développement du produit et pendant sa commercialisation, NDLR), ainsi que des royalties sur les ventes réalisées dans le monde. Ce qui pourrait monter à un total de 15 à 20 milliards de dollars... »

Un premier candidat-médicament a déjà été sélectionné mais il reste confidentiel, tout comme les aires thérapeutiques conjointement visées par AbbVie et MedinCell, « mais il est peu probable qu'on travaille sur des génériques, plutôt sur des molécules protégées ou en développement », consent à dire Christophe Douat.

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Traiter les formes sévères de schizophrénie

La troisième actualité de MedinCell, ce sont les résultats d'efficacité positifs, révélés le 8 mai dernier, de l'essai clinique de phase 3 Solaris pour le produit « mdc-TJK », injection sous-cutanée à action prolongée d'olanzapine pour les adultes atteints de schizophrénie de forme sévère. Un essai clinique réalisé également aux Etats-Unis, où Teva et MedinCell évoquent l'existence de 3,5 millions de personnes actuellement diagnostiquées comme souffrant de schizophrénie.

« Le potentiel de ce produit est énorme car il n'y a pas de concurrent, déclare Christophe Douat. A ce jour, il n'existe aucune option de traitement de la schizophrénie par l'olanzapine à longue durée d'action sans risque de syndrome de délire/sédation post-injection (PDSS, ndlr). C'est un traitement qu'une biotech pharma avait tenté il y a quinze ans mais ça avait été un échec commercial pour cette raison. Or notre technologie d'injection à action prolongée permet d'échapper à ce problème. La FDA demande 3.600 injections pour le vérifier, nous en sommes à 80% de ces injections avec 0% d'effets secondaires, mais il faut attendre les résultats sur les 3.600 injections dans les six mois qui viennent. L'approbation de la FDA pourrait alors intervenir fin 2025 ou début 2026... Ces bons résultats attirent de nombreux investisseurs et l'action a bondi de 20% cette semaine. »

Accélérer

Enfin, sur les deux autres produits de MedinCell en essai de phase 3, un vient de révéler ce 14 mai ses premiers résultats, qualifiés de « très encourageants » : il s'agit du « mdc-CWM », destiné à traiter les douleurs post-opératoires du genou.

« Maintenant notre partenaire commercial va discuter avec la FDA du design des deux essais cliniques suivants », précise le président de la biotech.

Les premiers revenus issus des ventes de l'Uzedy et le paiement initial de 35 millions de dollars par AbbVie font dire à Christophe Douat que « l'entreprise devrait atteindre la profitabilité et ne devrait plus avoir besoin de lever des fonds ».

« Nous avons vocation à signer d'autres partenariats avec d'autres sociétés pharmaceutiques et dans davantage d'indications thérapeutiques, notamment l'obésité, ajoute-t-il. MedinCell franchit un cap significatif en termes de financement et de crédibilité. Nous sommes à un point d'inflexion et maintenant, nous allons accélérer. »

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Cécile Chaigneau

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