CILcare veut créer un modèle organoïde de l’oreille interne

Mimer l’oreille interne afin de tester des thérapies. C’est l’ambition de CILcare, société montpelliéraine spécialisée dans la R&D de nouvelles thérapies pour les pathologies auditives, qui lance le programme OrgaEar. En partenariat avec le Laboratoire de Bio-ingénierie et Nanosciences de l’Université de Montpellier et soutenue par la SATT AxLR, CILcare veut ainsi créer un modèle organoïde de l’oreille interne, qui permettra également de réduire l'expérimentation animale.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Créer une sorte d'oreille interne miniature, avec son architecture et toutes ses fonctionnalités. Un organoïde cochléaire humain utilisable à terme comme un outil de la recherche médicale. C'est l'ambition du projet OrgaEar lancé par CILcare, en partenariat avec le Laboratoire de Bio-ingénierie et Nanosciences de l'Université de Montpellier dirigé par le professeur Azel Zine.

Créée à Montpellier en 2014, CILcare est une entreprise de services en R&D spécialisée dans les troubles auditifs. Egalement implantée dans la région de Boston (Etats-Unis), l'entreprise est un partenaire des industries pharmaceutiques, biotech et autres medtech sur les questions de prévention et de traitement des surdités et acouphènes. Outre ces services de R&D, CILcare développe son propre portefeuille de candidats médicaments.

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CILcare rappelle volontiers que « la surdité constitue un enjeu de santé publique majeur : 1.5 milliard de personnes souffrent de déficiences auditives dans le monde et 50% des jeunes risquent de devenir sourds en raison d'une exposition à des volumes sonores trop forts ».

La surdité s'installe de manière définitive lorsque les cellules de l'oreille interne, dans la cochlée, sont endommagées. Parmi les principaux facteurs de risque de surdité neurosensorielle : l'âge, le bruit, la prise de certains médicaments et certaines infections chroniques. Or la perte de ces cellules est irréversible, et très peu de solutions thérapeutiques sont actuellement disponibles sur le marché. Les appareillages, qui amplifient les sons, ne les rendent pas forcément plus compréhensibles et ne permettent pas de bien traiter la cause.

Accélérer la recherche sur les thérapies géniques

C'est pourquoi le projet OrgaEar s'attachera à développer ce modèle préclinique innovant d'organoïde cochléaire humain, basé sur la technologie des cellules souches pluripotentes induites humaines et la culture cellulaire 3D. Il permettra de tester des candidats médicaments visant à protéger ou régénérer les cellules de l'oreille interne, limitant les expérimentations in vivo.

« Nous avons choisi de travailler sur des cellules souches humaines pluripotentes induites car elles nécessitent un simple prélèvement sur la peau, indique le Professeur Azel Zine. Nous les reprogrammons génétiquement pour qu'elles deviennent pluripotentes, c'est-à-dire capables de se différencier en n'importe quel type de cellules. »

Sylvie Pucheu, directrice scientifique de CILcare, en explique la finalité : « L'objectif est de mimer l'oreille interne afin de tester des thérapies dessus. Ainsi, les organoïdes vont devenir des outils incontournables en recherche médicale. Ils vont ouvrir la voie à de nombreuses applications, comme la modélisation et l'étude des pathologies, le criblage de médicaments, le développement de thérapies régénératives... En otologie (diagnostic et le traitement des troubles de l'oreille humaine, NDLR), ils devraient considérablement accélérer la recherche sur les thérapies géniques. Comme ils sont obtenus à partir de matériel humain, ils pourront reproduire les maladies génétiques et leur développement de façon plus prédictive que les modèles animaux. La possibilité quasi infinie de développement de ces mini-organes à partir de cellules souches représente aussi un atout majeur pour réduire l'expérimentation animale. »

Soutenu par la SATT AxLR

Le programme de recherche est financé pour une durée de deux ans, à hauteur de près de 770.400 euros, dont 656.000 euros financés par la Société d'accélération du transfert de technologies (SATT) AxLR dans le cadre d'un programme de co-maturation.

Le programme de recherche inclut une étude de marché qui permettra de définir le périmètre d'application. Dans un second temps, le modèle organoïde humain fera l'objet d'une application commerciale « par CILcare directement ou via la création d'une startup », précise Sylvie Pucheu, afin d'accélérer le développement de stratégies thérapeutiques innovantes dans le traitement de la surdité neurosensorielle.

CILcare, qui est installé depuis trois ans sur le bioparc de Sanofi, à Montpellier, emploie aujourd'hui 26 salariés, bientôt 28.

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Cécile Chaigneau

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